Détenu entre 1848 et 1852 à Amboise, l’émir Abdelkader, localement considéré comme plutôt consensuel d’autant qu’il a protégé les chrétiens à Damas en 1860, lorsque les Druzes massacrent les Maronites (il en sauve près de 1500), suscite toujours des réactions contrastées. En effet, la statue qui a été installée en son honneur sur les quais d’Amboise a été vandalisée à la meuleuse, et le bas de la figure de l’émir coupé et tordu, tôt le matin du 5 février, peu avant son inauguration – qui a eu lieu quand même.
Le maire Thierry Boutard a condamné les vandales : « J’ai eu honte qu’on traite une œuvre d’art et un artiste de cette sorte. Le deuxième sentiment est bien sûr l’indignation. C’est une journée de concorde qui doit rassembler et un tel comportement est inqualifiable« .
Néanmoins, était-il bien nécessaire de raviver les vieilles plaies – notamment bien au-delà d’Amboise – en commandant et en installant cette statue pour les 60 ans de l’Algérie indépendante, en 2022, plutôt que pour honorer une grande figure locale ?
La statue, oeuvre d’un certain Michel Audiard, sera refaite d’ici un mois, toujours sur fonds publics. La statue avait coûté 35.000 euros, payés directement par l’Elysée et la Direction régionale des affaires culturelles. Cette oeuvre avait été proposée par l’historien Benjamin Stora dans son rapport sur la guerre d’Algérie et la colonisation, remis au président Macron le 20 janvier 2021.
Par ailleurs une exposition a lieu sur le thème des relations d’Abdelkader et de l’abbé Louis Rabion à l’église Saint-Florentin d’Amboise, indique le site musulman Saphir News. Il s’agit de l’une des deux églises paroissiales dans la ville basse. Une autre, sur son rôle dans la ville d’Amboise, a été installée à l’Hôtel de Ville.
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