« Respecter le statu quo. Autrement la haine, les conflits et les violences augmenteront. »
La loi américaine qui permet se transfert, le Jerusalem Embassy Act, a été voté en 1995 sous la présidence de Bill Clinton. Depuis lors son application a toujours été reportée, par dérogation tous les 6 mois, pour éviter de générer un redoublement de violences au Proche-Orient. Trump lui-même l’a reportée deux fois. Avant de changer d’optique mercredi dernier. Mais à cause de cette décision de la Maison Blanche se profile à l’horizon le spectre d’une nouvelle et dramatique Intifada. La crainte concrète des chrétiens de Jérusalem est qu’en Terre Sainte et à Jérusalem il y ait une flambée de violences et de souffrances.
C’est pourquoi 12 autorités religieuses chrétiennes, patriarches, évêques et archevêques, ont adressé un courrier au président des États-Unis, à quelques heures de l’annonce du transfert, pour lui demander « de continuer de reconnaître le statut international de Jérusalem. » car « tout changement imprévu pourrait créer des dommages irréparables. » Message que visiblement Trump n’a pas entendu !
« Au Président Donald J. Trump, Président des États-Unis d’Amérique
Cher Monsieur le Président,
Nous sommes pleinement informés et nous apprécions le fait que vous ayez consacré une attention particulière au statut de Jérusalem ces derniers jours. Nous suivons cela avec attention et nous constatons qu’il est de notre devoir d’adresser cette lettre à votre Excellence. Le 17 juillet 2000, nous avions adressé une lettre similaire aux dirigeants qui s’étaient réunis à Camp David afin de décider du statut de Jérusalem. Ils avaient aimablement pris notre lettre en considération. Aujourd’hui, Monsieur le Président, nous sommes convaincus que vous aussi vous prendrez en considération notre point de vue sur l’importance du statut de Jérusalem.
Notre terre est appelée à être une terre de paix. Jérusalem, la ville de Dieu, est une ville de paix pour nous et pour le monde. Malheureusement, notre terre sainte ainsi que Jérusalem, la Ville Sainte, sont aujourd’hui une terre de conflit.
Ceux qui aiment Jérusalem mobilisent toutes leurs volontés, travaillant à en faire une terre et une ville de paix, de vie et de dignité pour tous ses habitants. Les prières de tous les croyants – les trois religions et les deux peuples qui appartiennent à cette ville – se tournent vers Dieu et demandent la paix, comme le dit le Psalmiste: «Reviens donc, Dieu Tout-Puissant ! Regarde du haut des cieux et vois ! « (80.14). Inspirez nos dirigeants et emplissez leur esprit et leur cœur de justice et de paix.
Monsieur le Président, nous suivons avec inquiétude les projets sur la possibilité de changer la manière dont les États-Unis comprennent et traitent la question du statut de Jérusalem. Nous sommes certains que de telles décisions entraîneront une augmentation de la haine, des conflits, de la violence et des souffrances à Jérusalem et en Terre Sainte, nous éloignant encore plus de l’objectif d’unité, et nous enfonçant plus profondément encore vers une division destructrice. Nous vous demandons, Monsieur le Président, de nous aider tous à avancer vers plus d’amour et vers une paix définitive, qui ne peut être atteinte sans que Jérusalem soit ouverte à tous.
Notre conseil solennel et notre demande sont que les États-Unis continuent de reconnaître le statut international actuel de Jérusalem. Tout changement soudain entraînerait un préjudice irréparable. Nous sommes convaincus que, avec le ferme soutien de nos amis, les Israéliens et les Palestiniens peuvent œuvrer à la négociation d’une paix juste et durable, au bénéfice de tous ceux qui aspirent à l’accomplissement de la destinée de la Ville Sainte de Jérusalem. La Ville Sainte peut être partagée et pleinement satisfaisante pour tous après qu’un processus politique a aidé à libérer les coeurs de tous les peuples qui y vivent des situations de conflit et de destruction dont ils font l’expérience.
Noël arrive bientôt. C’est une fête de paix. Les Anges ont chanté dans ciel d’ici : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. En ce Noël qui vient, nous demandons que Jérusalem ne soit pas privée de la paix, nous vous demandons, Monsieur le Président, de nous aider à écouter le chant des anges. En tant que responsables chrétiens de Jérusalem, nous vous invitons à marcher avec nous dans un chemin d’espérance afin que nous construisions une paix juste et inclusive pour tous les peuples de cette Ville unique et sainte.
Avec nos meilleures salutations, et nos meilleurs voeux pour un joyeux Noël.Jérusalem, le 6 décembre 2017
Patriarches et chefs d’Eglises à Jérusalem :
+ Patriarche Theophile III, Patriarcat Grec orthodoxe
+ Patriarche Nourhan Manougian, Patriarcat orthodoxe Apostolique Arménien
+ Archevêque Pierbattista Pizzaballa, Administrateur apostolique, Patriarcat latin
+ Fr. Francesco Patton, ofm, Custode de Terre Sainte
+ Archevêque Anba Antonious, Patriarcat Copte orthodoxe, Jérusalem
+ Mgr Swerios Malki Murad, archevêque Syrien orthodoxe
+ Archevêque Aba Embakob, Patriarcat Ethiopien orthodoxe
+ Mgr Joseph-Jules Zerey, Patriarcat grec-melkite-catholique
+ Archevêque Mosa El-Hage, Exarchat patriarcal maronite
+ Archevêque Suheil Dawani, Église épiscopale de Jérusalem et du Moyen-Orient
+ Evêque Munib Younan, Église évangélique luthérienne en Jordanie et en Terre Sainte
+ Evêque Pierre Malki, Exarchat patriarcal syrien
+ Mgr. Georges Dankaye, Exarchat patriarcal arménien catholique »
Francesca de Villasmundo
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