Tout a commencé comme une superbe histoire d’amour entre le PS et EELV avec les accords signés pour les législatives de 2012. Dans le texte, on pouvait y lire : « l’espoir de la France, c’est une majorité de gauche et d’écologistes » Il n’était plus besoin de prouver les relents gauchistes d’EELV. Ce parti qui fera 2,31% de voix aux présidentielles obtiendra 17 sièges pour les législatives. Il aura même deux ministres au gouvernement : Cécile Duflot et Pascal Canfin. Depuis les rapports entre les deux partis se sont détériorés tandis que les Verts sont plus que jamais divisés.
Dès le mois de septembre 2012, le parti vert avait annoncé qu’il voterait contre le traité européen budgétaire. Cécile Duflot se prononce pour la dépénalisation du cannabis et se fait recadrer par le premier ministre Jean-Marc Ayrault. Mais les points de désaccord ne s’arrêtent pas là : fiscalité écologique, gaz de chiste et l’aéroport de Notre-Dame des Landes. Noël Mamère avait même lancé cette phrase à propos de l’aéroport : « On est en droit de s’interroger sur la poursuite de notre soutien à un gouvernement qui utilise la force comme ses prédécesseurs». Même la loi Taubira n’a pas satisfait le parti qui veut aller plus en avant avec la légalisation de la PMA. Le 2 juillet, Delphine Batho, ministre PS de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, se fait limoger du gouvernement après avoir qualifié dans un interview que le budget était mauvais et pas bon pour l’écologie. A la suite de ce limogeage, les Verts ont une réunion de crise avec leurs deux ministres, Pascal Durand le secrétaire national du parti et les responsables parlementaires. EELV soutient Delphine Batho mais ses deux ministres restent au gouvernement. Peu avant, certaines personnalités PS et EELV avaient aussi croisé les fers au sujet de la défaite cinglante lors des législatives partielles à Villeneuve-sur-Lot, se rejetant mutuellement la responsabilité. Dernièrement Cécile Duflot n’a pas hésité à rappeler à l’ordre Valls suite à ses propos sur les Roms.
Ce n’est pas tout, le parti vert est complètement en train de se diviser, ne sachant quelle ligne de conduite à adopter. Pascal Durand, le secrétaire national du parti qui avait succédé à Cécile Duflot, a annoncé qu’il ne se représenterait pas en novembre. Il n’est pas satisfait de la politique écologique de Hollande. Ce n’est pas l’avis de Duflot qui estime qu’il faut « infiltrer » sur la durée pour obtenir des résultats, résultats dont elle ne doute pas. Pour elle, il n’est donc pas question de quitter le gouvernement. Il y a 3 jours, c’est au tour de Noël Mamère, le fameux maire de Bègues, de claquer la porte du parti : « J’ai décidé de quitter EELV parce que je ne reconnais pas le parti que j’ai représenté à la présidentielle de 2002. Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d’élus. » . Il a aussi annoncé qu’il ne voterait pas le budget 2014. En décembre dernier, Daniel Cohn-Bendit avait annoncé sa mise en retrait du parti pour lancer un « think tank » (comprendre laboratoires d’idées) sur Europe et Ecologie. Il n’a pas manqué d’apporter son soutien à Noël Mamère disant partager son ras-le-bol : « Je partage le ras-le-bol sur le fonctionnement, le clanisme, les couples terrifiants qui règnent sur EELV. ». Nicolas Hulot parle d’un problème au parti : « Ce qui est clair, c’est que dans cette formation politique, (…) il y a quelque chose qui ne marche pas : ils ne rencontrent pas l’adhésion de la société. » Mieux Eva Joly, candidate EELV à la présidentielle 2012, propose une nouvelle majorité avec le Front de Gauche et l’aile gauche du PS. Le 30 novembre aura lieu le congrès d’Europe-Ecologie. De nombreux sujets devraient être mis sur la table…
Si le PS voulait semer la division chez ses alliés pour avoir les mains libres, c’est réussi. Cependant malgré les reniements constants du gouvernement vis-à-vis de l’écologie, les deux ministres verts continuent de rester au gouvernement. On pourrait croire que Cécile Duflot a pris goût à son poste de ministre et qu’elle ne compte pas le lâcher de sitôt. Quant au PS, il ne fait même plus attention à ne pas froisser les Verts. Cependant les municipales arrivent…alors quelle alliance au programme ? Sans compter que la majorité socialiste ne tient plus qu’à un fil à l’Assemblée, est-ce le moment de se priver des Verts ?
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !