Pour conclure son article paru sur Riscossa cristiana à propos d’un futur accord entre la FSSPX et la Rome moderniste, et les propos de Mgr Schneider sur le sujet, Alessandro Gnocchi aborde pour ses lecteurs le problème fondamental de l’absence de réactions de la majorité face à la révolution bergoglienne. Il constate tristement que les âmes, « de la plus haute hiérarchie au dernier des sacristains», pour ne pas affronter cette réalité épouvantable, se réfugient dans des illusions belles et consolantes mais irréelles, travestissent la réalité pour croire que tout va bien. Alessandro Gnocchi est un philosophe éminemment catholique qui réfléchit en profondeur, sans s’arrêter aux apparences. Il avoue n’avoir aucun espoir, pour redresser la situation, en les cardinaux des dubia parce qu’il ne croit pas qu’Amoris Laetitia soit le problème, ce n’est que la pointe de l’iceberg.

«Le problème est un autre, écrit-il. Il touche à l’incertitude diffuse et au désir de s’agripper à la moindre brindille qui flotte sur les eaux déchaînées. Je parle de l’opiniâtre volonté répandue partout de fermer les yeux et de ne pas se poser de questions. Face à la débâcle exhibée tous les jours devant nos yeux, face à un pape qui blasphème obstinément le Christ et disperse obstinément le troupeau du Seigneur, face à un « vicaire du Christ » qui prêche obstinément une doctrine anti-christ, face à un « successeur de Pierre » qui agit obstinément contre Pierre, face à une Église obstinément heureuse qui de la plus haute hiérarchie au dernier des sacristains s’identifie dans le joueur de flûte qui l’entraîne vers le gouffre, face aux âmes qui se perdent chaque jour par la volonté obstinée de celui qui devrait les conduire au Salut, on ne sait rien faire d’autres que de se demander : « Comment cela est possible ? » Ne me parlez pas de l’espoir mis dans les cardinaux des dubia, desquels j’aimerais savoir si, une fois remise en forme Amoris Laetitia, l’Église redeviendrait pure et immaculée, tout comme j’aimerais savoir ce qu’ils ont fait pour arrêter et combattre, unis à leur troupeau, la ruine doctrinale et liturgique dont Amoris Laetitia n’est qu’un appendice et, tant qu’on y est, si on peut tout raccommoder en appliquant correctement Vatican II et la réforme liturgique ! Mais, évidemment, je n’ai pas d’esprit surnaturel. »

Le journaliste Gnocchi explique ensuite les mécanismes psychologiques des fidèles désemparés face à cette révolution commencée à Vatican II pour trouver un semblant de paix :

«D’une façon ou d’une autre, tous se demandent comment il est possible que tout ceci arrive ? (…) Mais qui se demande « comment cela est possible ? » que la réalité soit ce qu’elle est finit toujours par se poser la question sous une autre forme : « comment cela est possible ? » que la réalité se présente ainsi. Et puis il conclut fatalement que, puisque la réalité ne peut être ce qu’elle est parce que cela ne correspond pas aux schémas qu’il a dans la tête, il faut en inventer une plus appropriée. Qui se demande « comment cela est possible ?» finit, en somme, par dire « non cela n’est pas possible ! » et donc il faut dessiner une réalité différente. Ils souffrent tous du syndrome de Jessica Rabbit, qui, dans un célèbre réplique explique : « Je ne suis pas méchante mais c’est ainsi qu’on me dessine. »

Faut-il désespérer pour autant devant l’épouvantable réalité de la crise de l’Église ? Le catholique Gnocchi donne sa réponse toute surnaturelle et pétrie de vertu d’espérance :

« Si on ne veut pas rester enfermer dans un monde de dessin animé, beau et consolant mais irréel, la question qu’il faut se poser devant la tragédie que nous sommes en train de vivre est : «Que signifie tout ceci ? » Il faut un peu de courage, parce que les réponses ne sont peut-être pas tranquillisantes, mais c’est la seule voie possible pour tirer un enseignement des événements que le Seigneur permet. Maintenant, ne vous attendez pas à ce que ce soit moi qui réponde sur l’heure, parce que, c’est vrai, c’est un thème compliqué qui demande du temps, de la patience et de l’humilité. Pour l’instant il faut simplement se poser cette nouvelle question et vous verrez que la perspective change immédiatement : moins consolante, plus fatigante, mais plus apaisante. Parce que l’on passe de l’application d’une logique uniquement humaine fondée sur des artifices faibles bien qu’ingénieux, à la prise de conscience qu’il faut toujours lire la réalité selon la volonté de Dieu et s’abandonner à la signification que la Providence écrit en tout ce qui arrive : tout. Se demander ce que signifie le désastre dans lequel est en train de sombrer l’Église catholique par la main de celui qui devrait la guider sur la terre n’est rien d’autre que l’humble disposition à comprendre ce que Dieu est en train de dire. Et, croyez-moi, c’est toujours plus sage que ce que disent les hommes.

Alessandro Gnocchi. »

Francesca de Villasmundo

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