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Al Azhar, cette université sunnite accusée de former des djihadistes

Le pape François s’est rendu, durant son voyage apostolique en Égypte, à l’université Al Azhar, « le Vatican des sunnites ». Si l’objectif affiché était de participer à la « conférence internationale pour la paix » organisée par cette prestigieuse université du monde islamique, le but officieux était de relancer le processus œcuménique en dégelant les rapports entre le Saint-Siège et Al Azhar, refroidis depuis les fameuses déclarations de Benoît XVI à Ratisbonne dans lesquelles le pape de l’époque dénonçait les dérives fondamentalistes de l’islam.

El papa argentin, encore plus déconnecté que son prédécesseur sur la véritable nature violente intrinsèque et fondamentale du Coran, a décidé de rouvrir le dialogue en invitant en mars dernier le Grand Imam à Rome et en allant lui rendre visite au Caire.

L’Égypte reste une terre de contradiction prise entre deux feux : le radicalisme islamique représenté par les fameux Frères musulmans, nés sur cette terre du Nil, et la lutte contre le djihadisme. Et à l’université islamique Al Azhar, présentée comme la voix de l’islam modéré, des zones d’ombres perdurent.

Le grand imam Ahmed al Tayyeb reste un personnage controversé. Bien qu’il se présente comme un modéré, certaines de ses déclarations sont tout autre qu’amicales. Sur la manière dont il faut corriger une épouse, le grand imam déclara une fois :

« Selon le Coran, une femme d’abord on la met en garde, ensuite on dort dans des lits séparés, enfin on la frappe » « même s’il ne faut pas exagérer.»

La condamnation du terrorisme par son université a été estimée, en Égypte même, trop faible. En 2016, Ahmed Abdu Maher, un chercheur de l’Université, avait affirmé que des livres « qui fabriquent des générations de terroristes » étaient utilisés dans les cours. A la même époque d’ailleurs, trois étudiants de l’université, expulsées par la suite, avaient perpétré l’assassinat terroriste du procureur général Hisham Barakat. La dénonciation du professeur ne passa donc pas inaperçue. Dans les textes incriminés, il est en effet écrit : si on est affamé «on peut manger le corps d’un mort, si on ne trouve pas d’autre alternative, mais si le défunt est musulman et l’affamé un infidèle, ce dernier n’a pas la permission de manger pour l’honneur de l’islam. » Également il est licite de tuer des chrétiens « parce que le sang d’un infidèle et d’un musulman ne sont pas égaux. » Exemples qui ne témoignent pas d’une grande modération ni de respect envers cette sacro-sainte dignité humaine chère à Jorge Maria Bergoglio !

Le parlementaire du parti égyptien « Les Égyptiens libres » Mohammed Komy, après les attentats, a osé demander au Grand Imam de faire avancer « la réforme religieuse promise, autrement une mentalité qui fabrique des extrémistes et des terroristes continuera à se diffuser. »

Même son de cloche du côté du président égyptien Abdel Fattah Al Sissi. En 2015, parlant devant les instances religieuses de Al Azhar, il leur a demandé d’entreprendre une vraie « révolution religieuse.» Peu de jours après la visite du président égyptien, Ahmed al Tayyeb lui avait répondu du haut de son autorité religieuse que « qui commet des attaques terroristes au nom de l’islam ne peut être défini un infidèle. » Sur d’autres sujets également Al Sissi a demandé à l’université de modérer certaines pratiques islamiques comme par exemple le divorce à voix haute qui permet aux hommes de rompre les liens du mariage par une simple déclaration à voix haute. La réponse de Al Azhar : « c’est une pratique qui satisfait aux conditions de la loi islamique. »

Le fossé entre les deux institutions s’est creusé encore ces derniers temps quand le député Mohamed Abu Hamid a présenté une loi pour réduire le mandat du grand imam et séparer certaines facultés des sciences religieuses en fondant une nouvelle université qui pourra accepter aussi des étudiants non-musulmans.

Après les derniers attentats du dimanche des Rameaux, l’université Al Azhar s’est à nouveau retrouvée suspectée de connivence avec le terrorisme. Islam al-Behery, populaire réformateur accusé d’apostasie et de blasphème, a expliqué à la télévision que « Al Azhar est responsable de 70 à 80 % de la terreur des cinq dernières années ». C’est-à-dire qu’est responsable l’enseignement donné par cette université que le pape François a choisi d’honorer pendant son voyage en Égypte.

Confronté à l’hostilité du président égyptien et devant faire face à ces soupçons sérieux concernant son enseignement ferment probable de terrorisme, l’aura mondiale du grand imam, en dehors de l’univers islamique, a de quoi être sérieusement amochée. On comprend mieux alors son empressement à organiser une « conférence pour la paix » et à recevoir, en grande pompe médiatique, le pape François dont la visite devient, pour cette université controversée au sein même du monde musulman, une caution d’honorabilité et de moralité humanitariste.

Obsédé par le souci de reprendre et de maintenir des rapports inter-religieux avec tous donc aussi avec le « Vatican des sunnites », le pape François a joué le jeu du grand imam brillamment ! Pour le plus grand avantage de ce dernier et d’un islam sunnite, allié du djihadisme. Comme quoi, le dialogue inter-religieux est non seulement délétère pour les catholiques et leur foi mais aussi pour les autres !

Francesca de Villasmundo

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