Les Talibans reprennent, irrémédiablement, le contrôle de l’Afghanistan. Les Américains et le gouvernement d’Ashraf Ghani en sont conscients et s’efforcent de trouver des moyens d’y faire obstacle. C’est peut-être la raison pour laquelle ils sont allé chercher Gulbuddin Hekmatyar, et l’ont fait revenir à Kaboul, le jeudi 4 mai 2017. Quel meilleur obstacle aux fondamentalistes musulmans que le fanatique « boucher de Kaboul » ? Les Talibans, eux, s’efforcent au contraire, dans une démonstration classique de takyya musulmane, d’abuser l’opinion occidentale, si ce n’est la population, sur leur apaisement et leur désintérêt pour le djihad international. Mais Al-Qaïda et l’État Islamique, qui sont également bien présents dans le pays, contrôlent désormais l’essentiel de la province de Nangarhar et, depuis juin 2017, le lieu symbolique de Tora Bora, ancienne base d’Oussama Ben Laden. L’organisation salafiste a formaté les esprits des nouveaux dirigeants talibans. Il y a également plusieurs groupes jihadistes pakistanais et le réseau Haqqani, en tout 20 sur les 98 organisations désignées comme terroristes par Washington, sont actuellement en Afghanistan. Le risque que l’Afghanistan soit, de nouveau, un nid du terrorisme international est bien réel.

Il faut se rappeler de ce qu’écrivait l’idéologue du djihadisme international, le palestinien Abdullah Yussuf Azzam sur le devoir du musulman : « Ce devoir ne prendra pas fin avec la victoire de l’Afghanistan ; le djihad restera une obligation individuelle jusqu’à ce que toutes les autres terres, jadis musulmanes, nous reviennent et que l’islam règne de nouveau : nous attendent ainsi la Palestine, Boukhara, le Liban, le Tchad, l’Érythrée, la Somalie, les Philippines, la Birmanie, le Sud-Yémen, Tachkent et l’Andalousie ».

Il semble que les Talibans veuillent prendre leurs distances vis-à-vis des excès de leur émirat islamique dans les années 90, comme le déploiement d’une police religieuse agressive, arrêtant les gens dans la rue pour vérifier la longueur des barbes, l’interdiction de la télévision et du cinéma ou l’interdiction de toute éducation féminine ou des jeux. En fait, sans accepter la liberté des femmes, les talibans communiquent sur leurs efforts pour soutenir l’éducation (religieuse) des filles.

Le mouvement cherche autant à rassurer la communauté internationale, en envoyant des messages de paix, en affirmant vouloir restreindre son action à l’intérieur des frontières afghanes qu’à rassurer les différentes composantes de la population afghane. Le groupe taliban aimerait se voir en unificateur de toutes les ethnies afghanes. Mais, à cause de la persistance des réseaux d’allégeance et de clientélisme, les réseaux andiwal comme on les appelle, les Talibans et leurs dirigeants appartiennent principalement aux tribus pachtounes. Les autres ethnies du pays, comme les groupes ayant participé aux gouvernements successifs depuis l’arrivée des Américains dans le pays peuvent, légitimement, se méfier du retour des Talibans.

William Kergroach

https://williamkergroach.blogspot.fr/

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