sarko buisson

La divulgation par certains médias d’enregistrements audios de conversations « privées » réalisés par Patrick Buisson dans le cadre des ses fonctions à l’Elysée pendant le quinquennat de Nicolas Sarkosy n’en finit pas de défrayer la chronique.

« Sarkoleaks », « Sarkosy dans la tourmente », « une bombe à droite »… titre la grande presse.

Au delà des analyses partisanes  de médias trop souvent aux ordres de la dictature du « politiquement correct », certains journalistes de talent y ont vu l’occasion d’ouvrir le débat existentiel de la loyauté en politique.

Mais, et si… tout cela n’était en réalité qu’une opération de communication machiavélique et savamment orchestrée?

Non pas la trahison d’un collaborateur vis à vis de son équipe mais au contraire son sacrifice suprême dans l’intérêt général du groupe.

En effet, si Hollande et les socialistes ne paraissent pas, au vu des sondages, bien maîtriser ce qui concerne la communication et les « réseaux ». En revanche l’équipe de Nicolas Sarkozy a toujours démontré de sa très grande compétence dans le domaine.

Si l’on veut juger aux résultats, rappelons-nous qu’à la différence d’Hollande qui bénéficie malgré tout d’un soutien quasi-unanime des médias, Sarkozy n’est jamais descendu dans l’opinion publique dans les abysses dans lesquelles se maintient son successeur depuis quelques temps (Hollande – 17% d’opinions favorables). Et pourtant on parlait ici ou là d’anti-sarkozysme primaire…

A quoi doit-on imputer ce bilan?

Si l’on veut regarder les choses froidement et en dehors de toutes considérations partisanes, on peut dire que le quinquennat de Sarkozy fut celui de la « communication ».

 Le « storytelling »  y fut pratiqué avec génie par l’ancien chef de l’Etat et son entourage.

Mais qu’est ce que c’est?

En deux mots, c’est une stratégie de communication qui revient littéralement à « raconter des histoires ». Chaque homme d’Etat sait qu’il faut qu’il reste maitre de son agenda. Il est évident que si on laisse faire la presse elle détruira le travail effectué pendant le mandat. Alors il faut pouvoir l’occuper en ayant toujours une bonne histoire à raconter.

Le storytelling est un outil de propagande extrêmement puissant et utilisé très couramment par toutes sortes d’organisations de nos jours. Cette technique de communication ne cherche pas à influencer ou à modifier les convictions ce qui pourrait donner l’impression d’être manipulé mais cela cherche à jouer sur l’émotion et le fait de susciter des sentiments via l’imagination. Pour cela on ne demande plus au peuple d’adhérer à une idée ou à une idéologie mais tout simplement de vivre une histoire en l’imaginant. Lorsqu’on veut fédérer des équipes dans une organisation, on leur raconte l’histoire d’un personnage « commun » que l’on mystifie, par exemple Steve Jobs dans certaines entreprises. Un spécialiste de cette stratégie la résume en disant: « on ne cherche plus à confronter des opinions mais à synchroniser des émotions« .

L’usage de cette stratégie de communication fut flagrant durant tout le quinquennat du président Sarkozy. Depuis ses déboires avec Cécilia jusqu’à sa romance avec Carla Bruni mais également sur le plan politique avec notamment l’illustration de son rôle sur la scène internationale – En Georgie par exemple – ou bien ses petites histoires, les indiscrétions calculées et jusqu’à la manière dont il a vécu la campagne électorale de 2012.

Même depuis qu’il n’est plus à la tête de l’Etat, son équipe s’arrange pour qu’après un certain temps de silence qui a servi à créer artificiellement un « homme neuf et d’expérience » avec une certaine « distance » avec le système, il réapparaisse de temps  à autres via des interviews de ses proches ou des déplacements à l’étranger ou lors des concerts de son épouse en province.

Le film « La Conquête » qui retrace sa campagne électorale victorieuse de 2007 ou bien le documentaire « Campagne intime », diffusé sur Direct 8  cet hiver qui raconte sa campagne électorale de 2012 de l’intérieur, illustrent bien cette continuité dans la maîtrise de la communication.

D’ailleurs le contenu de ce documentaire (que l’on peut facilement retrouver sur You tube) est composé d’images amateurs filmées par ses proches durant la campagne de 2012 et ressemble étrangement à l’affaire Buisson que nous vivons. A la différence près que dans un cas il s’agit officiellement de fuites et dans l’autre l’intéressé avait donné son accord de principe.

Les cris d’orfraies poussés à droite au sujet de cette affaire apparaissent , si on les analyse un tant soit peu, comme très « convenus ». On aurait presque l’impression d’assister à une chorégraphie des proches de l’ancien chef de l’Etat qui ont chacun exactement le mot juste et complémentaire quand il s’agit d’aborder ce sujet.

D’autre part on remarquera  aussi que rien de vraiment sensible n’a pour l’instant été dévoilé. Rien qui n’apprenne grand chose aux personnes déjà bien informées.

Par contre l’imagination et l’émotivité du citoyen fonctionne à plein régime en écoutant ces enregistrements de conversations élyséennes « top secrètes » volées et mise à la disposition du grand public.

Et que contiennent ces conversations? Des jugements de valeurs sans intérêt à priori et qui correspondent grosso-modo à ce que pense ou voudrait penser une partie de l’opinion publique et puis des phrases sur l’immigration et l’intégration susceptibles de beaucoup plaire à tout une catégorie de l’électorat qui réagira en se disant que malgré tout Sarkozy était ce qu’il était mais il était entouré de personnes pouvant faire preuve de bon sens et n’ayant pas peur de l’exprimer.

Il y a fort à parier qu’aucune bande vraiment gênante ne sera dévoilée.

Ce qui conduit à penser à des fuites plus ou moins calculées c’est à dire à une forme de storytelling pratiquée avec machiavélisme et génie. Stratégie qui consisterait à simuler des fuites dont le contenu est à la fois authentique et pesé pour permettre d’atteindre un but de regain d’intérêt de l’opinion publique pour telle ou telle idée ou telle ou telle personne. Stratégie qui bien que cela apparaisse très difficile dans le contexte actuel, n’empêchera pas formellement Patrick Buisson de rejouer discrètement les éminences grises en cas de besoin à l’avenir.

Une façon comme une autre pour Sarkozy de se rappeler au bon souvenir des Français en se posant à la fois comme crédible et très droitier pour ceux dont la sensibilité s’arrêtera au contenu des bandes et à la composition de son entourage. Et en se posant également en victime susceptible de constituer une alternative  pour rassembler tous les Français en cette période de désaffection certaine pour Hollande et la caste socialiste qui apparaît de plus en plus incapable.

A la lumière de ces différents aspects il n’apparaît donc pas complètement irréaliste que le peuple français soit confronté en ce moment avec cette affaire à une nouvelle et très talentueuse offensive en vue de l’opération « résurrection »,  c’est à dire du « Grand retour » de celui que son équipe, vu son talent et considérant les performances désastreuses d’Hollande et l’amateurisme de Le Pen, aura de moins en moins de mal à imposer comme l’homme providentiel pour 2017 ou avant…

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