Un futur accord entre le Vatican et la Chine se profile à l’horizon. Le cardinal émérite de Hong Kong, Joseph Zen, a témoigné plusieurs fois de son opposition envers ce qu’il considère une livraison pieds et mains liés de l’Église catholique au gouvernement communiste chinois.

Ses avertissements n’ont malheureusement pas d’incidence sur la Realpolitik redéfinie par le pape François : d’accord entre les deux parties il est de plus en plus question dans les milieux romains bien en cour à Sainte-Marthe. Animé par l’idéologie du dialogue, moyen de parvenir à un consensus résultat de volontés que l’on suppose non contraintes, consensus qui peut s’avérer nécessaire en politique mais est plus que funeste en religion, puisque cela implique d’abandonner des positions dogmatiques pour complaire à l’autre, Jorge Maria Bergoglio, depuis qu’il est sur le trône pétrinien, veut se rallier tout le monde, rouges marxistes persécuteurs de chrétiens compris. Il est prêt à bien des compromis pour parvenir à « l’harmonie de l’entière société» chinoise, quitte à obliger l’Église catholique à accepter les dogmes sino-communistes.

Un éloquent article du père Joseph You Guo Jiang, membre de la communauté jésuite chinoise, paru récemment sur La Civiltà Cattolica du père Antonio Spadaro, démontre que ce rapprochement entre la Rome bergoglienne et la Chine marxiste avance à grand pas en souscrivant l’abandon officiel de la structure de l’Église catholique aux mains du Parti communiste chinois. Revue des jésuites, La Civiltà Cattolica est la seule publication à être relue par la Secrétairerie d’État du Saint-Siège et à en obtenir l’approbation avant d’être imprimée. C’est dire à quel point elle est la voix de son maître au Vatican. Le “manifeste” du père Jiang, publié avec le sceau vaticanesque, reconnaissant sans hésitation aucune le rôle exclusif, en Chine, de l’idéologie et du parti communiste chinois avec lesquels l’Église doit s’accorder, pourrait donc bien être perçu comme une «profession de foi» communiste de François.

Sur le site web italien, Gli occhi della guerra, le journaliste Roberto Vivaldelli fait une critique pertinente de cet éditorial du père Joseph You Guo Jiang, dont voici ci-dessous la traduction intégrale :

« Le pape François prépare le tournant par rapport à la République Populaire de Chine au nom d’une nouvelle distinction, écrit Roberto Vivaldelli. Le Vatican s’ouvre historiquement à Pékin et au Parti Communiste Chinois. « A l‘époque de la globalisation, la société et les Chinois sont devenus plus ouverts et tolérants envers l’Église catholique, observe le père Joseph You Guo Jiang. Dans certaines régions, la vie et la pratique religieuse ont grandi. Le gouvernement et la société chinoise apprécient le rôle et la fonction des groupes religieux et leur importante contribution envers les services sociaux. »

L’Église catholique pourrait s’ouvrir et traiter avec le gouvernement : « Puisque la Chine a des caractéristiques qui la distinguent du reste du monde, souligne le père Jiang, l’Église catholique chinoise doit apprendre à vivre avec la culture locale et à traiter avec l’autorité politique. En d’autres termes, tout en maintenant sa propre identité, l’Église est appelée à développer une Église catholique chinoise aux traits chinois. Pour cela l’Église devrait adopter de nouvelles stratégies pour toucher le plus grand nombre de personnes, pour dialoguer et communiquer dans une société toujours plus sécularisée. »

Selon le vaticaniste Piero Schiavazzi, dans un article paru sur l’Huffpost, « de quelque manière que nous le lisions, il s’agit d’un tournant. Si Ratzinger, avec sa lettre de 2007 aux catholiques chinois, ouvrait les portes à la collaboration avec le gouvernement, le manifeste de Civiltà Cattolica les ouvre à celle avec le parti. La reconnaissance du rôle de guide du Politburo de la part du Siège Apostolique représente un red carpet chromatique et diplomatique, sur lequel Pékin, de façon inopinée, avance avec des cadences policières mais que le Pontife s’obstine néanmoins à étendre, avec une tapageuse mise en pratique géopolitique du “Tends l’autre joue” ».

Le tournant, éclatant, dans les relations diplomatiques avec le Parti Communiste est invoqué par le père Joseph You Guo Jiang lui-même. Ce qui ne signifie pas en épouser l’idéologie mais en reconnaître l’autorité : « Tant que la Parti Communiste chinois restera le seul parti de gouvernement, le marxisme continuera à être la référence idéologique de la société, souligne-t-il. Donc l’Église catholique chinoise est appelée à redéfinir son rôle et ses relations avec le Parti Communiste et avec son idéologie. Cela ne signifie pas être d’accord avec la politique et avec les valeurs du parti, mais plutôt qu’elle doive trouver des solutions flexibles et efficaces pour continuer sa mission et son ministère en Chine. » Une ouverture impensable il y a seulement quelques années.

Officiellement, le Saint-Siège entretient des relations officielles avec environ 180 pays dans le monde. Son réseau diplomatique s’est notablement agrandi sous le pontificat de Jean-Paul II, en passant de 84 pays à 174 à la fin de son règne. Le Vatican a établi des rapports officiels aussi avec Taïwan, tandis qu’il n’a pas de relations avec la Chine, l’Arabie Saoudite, le Vietnam, l’Afghanistan et la Corée du Nord. Le pape François est-il prêt au tournant diplomatique ?” conclut Roberto Vivaldelli. (Traduction de Francesca de Villasmundo)

Si tournant diplomatique il devait y avoir pour le Saint-Siège vis-à-vis de la Chine communiste et si l’on saisit le message délivré par le père jésuite Joseph You Guo Jiang avec l’imprimatur du Vatican, cela irait donc de pair avec une volte-face idéologique vis-à-vis du Parti Communiste chinois, reconnu ainsi comme partenaire valable de cette fameuse harmonisation sociale désirée par le pape régnant. En clair cela entraînera une dépendance, avec la bénédiction du pape François, de l’Église catholique et des fidèles envers le Parti Communiste et son idéologie… Afin que « une fois instauré ce dialogue, écrit le père Jiang, l’Église catholique et la société chinoise ne s’affrontent plus. »

Ce dialogue n’est en fait qu’un dialogue de traîtres et de faux-frères puisqu’il signe le reniement et le lâchage par le Vatican actuel de l’Église clandestine chinoise et de ses martyrs qui ont résisté et résistent encore au rouleau compresseur marxiste de la République populaire de Chine.

On comprend donc toujours plus l’opposition ferme du cardinal Joseph Zen, qui a connu la persécution communiste à cause de son engagement contre le régime maoïste chinois, à tout accord entre le Vatican et la Chine marxiste, ralliement vu comme une trahison du Christ ! Et on s’associe à son cri de douleur lancé au pape François : « Maintenant nous allons mourir des mains de notre Père. »

Francesca de Villasmundo

 

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