Quand le serpent se mord la queue, ou les aventures des communes nouvelles, énième épisode. Fusionner les communes entre elles pour qu’elles fassent des économies d’échelle ou servent les volontés de puissance de leurs maires tout à coups propulsés à la tête de milliers d’habitants et de dizaines de kilomètres carrés, soit. Surtout quand cela permet à des anti-cléricaux plus ou moins fraternels d’enterrer les identités historiques des communes au bénéfice d’appellations insipides généralement inspirées des cours d’eau ou de la géographie.
Mais il arrive que l’administration ne suive pas, et notamment les circonscriptions administratives. C’est ainsi que deux communes fusionnées au moins, une dans la Manche et une autre dans la Loire-Atlantique, ont voté pour le député du département d’à côté… où elles étaient avant de rejoindre une commune nouvelle. Pas de quoi faciliter la participation, ni la proximité entre les élus du peuple et ceux qu’ils sont censés représenter.
Le cas s’est produit au moins dans deux endroits :
- A Pont-Farcy, partie de Tessy-Bocage dans la Manche depuis 2018, les habitants ont du voter à contrecoeur pour un député du Calvados (6e circonscription) alors que le reste de la commune nouvelle vote pour la 1ère circonscription de la Manche. Il est intéressant de constater que le découpage cantonal a, lui, été mis à jour en tenant compte de la fusion. Il s’agit de la circonscription de la première ministre Elisabeth Borne, largement en tête au premier tour (34% contre 24%) devant la NUPES. Le pompon : ni dans la Manche, ni dans le Calvados, Pont-Farcy et ses résultats n’apparaissent sur le site du ministère de l’Intérieur. On les trouve en revanche dans la presse locale, avec comme prévu un taux d’abstention stratosphérique (68.33%, 246 abstenus sur 360 inscrits).
- Idem à Freigné, ex-commune du Maine-et-Loire qui a rejoint la Loire-Atlantique et la commune nouvelle de Vallons de l’Erdre dont le chef-lieu est Saint-Mars-la-Jaille. Au lieu de voter dans la troisième plus grande circonscription de France, l’immense 6e circonscription et ses 72 communes après fusion, les habitants ont vu voter pour la 7e circonscription (Angers-Segré). Même les candidats s’y sont trompés – ceux du Parti Breton notamment, candidats dans la 6e de Loire-Atlantique. Résultat, là encore, beaucoup d’abstention – 65%, avec 283 électeurs sur 807 qui sont allés voter, et encore une trentaine (3%) qui ont voté blanc ou nul.
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !