Voici le discours que l’abbé Xavier Beauvais aurait pu tenir à Paris en mai dernier si le défilé prévu par Civitas pour commémorer le centenaire de la canonisation de Sainte Jeanne d’Arc n’avait pas été interdit par les restrictions imposées sous prétexte de la lutte contre le coronavirus.
100 ans après sa canonisation Ste Jeanne d’Arc est plus que jamais notre espérance et la chance de la France
Depuis Domrémy jusqu’à Rouen, jusqu’au bûcher place du Vieux-Marché, on assiste chez Ste Jeanne d’Arc à une carrière des plus surprenantes, une carrière destinée par Dieu qui passera par la paisible vie de bergère, par le tumulte des combats guerriers avec ses victoires nombreuses et ses défaites, par la captivité, pour aboutir au martyre.
C’est donc une carrière marquée par la paix de la vie paysanne et qui se termine par la paix du Christ, la plus belle victoire qui soit.
Mais qu’est venue faire Jeanne, dans notre France sinon en faire la restauratrice des droits de Dieu et la libératrice de la France Catholique.
La question se pose alors pour nous : Allons-nous suivre Jeanne jusqu’au bout de sa glorieuse et bienfaisante carrière, en brisant les chimères des droits de l’homme, cette pandémie mortelle ?
Cent ans après sa canonisation, 100 ans après cette remise à l’honneur du culte qu’on lui devait, ce qu’il importe de saisir c’est le besoin que nous avons d’elle, un besoin urgent à un moment où la démocratie nous enfonce toujours plus dans la perte de nos libertés les plus chères, notamment celle du culte rendu au seul vrai Dieu, premier servi.
Cent ans après, pourtant, nous entendons le nouveau cri de la république : « Dieu, dernier servi » qui semble faire écho au « non serviam ».
Jeanne alors nous adresse un appel : celui de son retour. Jeanne, Ste Jeanne d’Arc, au secours, revenez parmi nous selon la forme qu’il plaira à Dieu, car, selon la parole de notre protecteur national, l’archange St Michel, il y a « grande pitié au royaume de France. »
Voilà aujourd’hui tout un pays abdiquant sa nationalité, telle une mère désavouant en son fils le sang de son époux, voilà les traîtres au faîte des honneurs, voilà une assemblée nationale rivalisant d’abjection, d’antipatriotisme, de culture de mort exaltant la bassesse des mœurs les plus inverties, amolissant ainsi les dernières réserves de bien des cœurs, sans omettre les « Cauchon » qui sont légion dans notre sainte Église, répudiant à plaisir ses plus généreux défenseurs.
De Vaucouleurs à Chinon, de Chinon à Tours, à Blois, à Orléans, puis d’Orléans à Reims, c’était la geste de Dieu reconquérant le royaume de France pour son élu Charles.
A dater de cette heure du sacre de Reims, la France était ralliée à son souverain. Il fallut 1789 pour tout détruire, il fallut la macronie pour paraître achever cette destruction.
Le roi sacré à Reims c’était l’investiture divine, investiture qui valait mieux que ses batailles ; c’était une force morale devant laquelle les forces militaires passeraient au second plan.
Ce que Dieu garde est bien gardé. Il donnait la couronne, il la garderait ; et la garde qu’il disposait autour, c’était la France unie dans un commun élan d’enthousiasme pour l’élu du Seigneur.
Voilà l’œuvre de Jeanne et le bienfait dont le pays lui fut redevable.
Aujourd’hui, l’ennemi de la patrie est au pouvoir, un pouvoir sectaire vendu à toutes les puissances occultes de corruption et de destruction.
On l’a vu, par la panique, la peur, le mensonge, comprimant le cœur de la nation, voulant y déchirer jusqu’à étouffer la dernière fibre chrétienne et constituer des masses désemparées transformées en moutons muets et confinés.
La France est ainsi divisée d’avec son Dieu. Elle l’a banni : « la république française ne reconnaît aucun culte » ; texte de loi signifiant que la France officielle ne reconnaît aucun Dieu, nie Dieu, car s’il y avait un Dieu, comment lui refuser son culte ?
Bien mieux, s’il y a un Dieu, elle ne veut pas qu’Il se mêle de ses affaires, même pour la protéger du virus mental dominant.
Il se montrerait, que, volontiers comme l’un de ses prophètes, elle lui dirait « Arrière ! »
Voudrait-on un peuple répudiant la protection divine qu’on ne s’y prendrait pas mieux.
Quand notre Dieu, à certaines périodes, marchait à la tête de la France, il y avait de l’espoir, jusque dans ses revers. Mais aujourd’hui, seul, abandonné à nos tristes forces décroissantes, vainement étayé d’appuis humains – car là où manque l’alliance divine, les alliances humaines ne sont que des boulets et des chaînes – nous faisons l’expérience funeste de la malédiction qui a été portée contre Celui qui est seul.
Quelle solitude que celle d’où Dieu s’est retiré !
Quand pour la première fois, Jeanne passa le pont-levis du château de Chinon, résidence du roi, un homme se mit à l’insulter grossièrement en blasphémant ; « malheureux, lui dit Jeanne, tu renies Dieu et tu es prêt de la tombe ! » L’instant d’après cet homme était mort !
Puisse alors la prophétie de Jeanne ne pas retomber sur notre pays coupable d’avoir laissé insulter sa libératrice dans les mêmes chaires publiques où fut renié son Dieu !
Ou plutôt, qu’il soit permis de le dire :
« Honneur à ceux qui y ont mis ordre ! »
C’est pour y mettre ordre aussi, que nos prières et nos supplications doivent aujourd’hui monter vers le Ciel en gerbes ardentes et enflammées, celles dont la scandaleuse et récente incarcération nous a privés en cette année de sa canonisation.
Aujourd’hui la déconfiture, mais demain ce sera la réponse du Ciel à nos prières, comme ce fut le cas à Orléans, phare de notre espérance et gage de notre salut.
Ce qu’Orléans commença, Rouen l’acheva, Rouen, la ville du sacrifice.
La mort de Jeanne allait donner son efficacité triomphante aux prières de la France, car si la prière incline les Cieux, c’est le sacrifice qui le prend d’assaut.
Dès le premier jour que Jeanne aborda Charles VII, elle lui dit « J’ai nom Jeanne la Pucelle, et vous mande par moi, le roi des Cieux que vous serez son lieutenant, à Lui, qui est roi de France. »
Et à peine le sacre accompli, elle va le trouver et l’interpelle en ces termes :
– « Gentil Sire, m’accorderez-vous bien ce que je vous demanderai ? »
– « Comment pourrais-je rien vous refuser ? » répondit Charles
– « Eh bien, reprit Jeanne, je vous demande votre royaume »
– Surpris, mais n’osant se dédire « Je vous le donne » fit le roi.
– « Et moi, répartit Jeanne, je le donne à Jésus-Christ »
Aussitôt, appelant quatre secrétaires, elle leur ordonna de dresser la charte de cette donation et de la lire à haute voix.
Puis, se tournant vers la Cour et lui montrant le roi, « Voyez, dit-elle, le plus pauvre chevalier de son royaume ».
Après quoi, Jeanne agissant au nom du Dieu tout-puissant, remet le royaume aux mains de Charles en lui disant : « Le Christ en est roi, vous serez son lieutenant. »
La France est malheureuse aujourd’hui, depuis qu’on a coupé la tête au lieutenant du Roi. La France est malheureuse depuis qu’elle n’est plus le royaume du Christ, depuis que des Macron, des Philippe et des Castaner l’ont désolée, l’ont incarcérée, dans un mépris de tout surnaturel et la conduisent sous la garde du lieutenant de Lucifer.
Les ferments de la laïcisation déposés dans la conscience nationale par un autre Philippe, par les légistes de Philippe le Bel, travaillèrent au cours des siècles à produire successivement la pragmatique sanction de Bourges, les usurpations gallicanes et régaliennes des parlements et des États généraux, la déclaration de 1682, le triomphe de l’esprit laïque dans la constitution civile du clergé, la très condamnable loi de séparation de l’Église et de l’État, jusqu’à l’interdiction du culte catholique par la Vème république… du jamais vu !
L’œuvre de Jeanne, aurait-elle donc échoué ?
Pas du tout, elle attend son achèvement et avec la grâce de Dieu, elle l’attend de nous.
Elle est venue au monde proclamer la royauté du Christ sur la France et sur toutes les nations, roi de la chrétienté répandue par tout l’univers catholique.
Est-ce que nous recueillons suffisamment son message ?
Le droit du Christ est de régner sur les nations, et pas seulement sur les individus.
Lui, Dieu, est la source d’où découle toute autorité, au foyer, dans la cité, dans l’Église.
Spirituelle ou temporelle, paternelle ou royale, il n ‘est d’autorité que de Dieu.
Et par conséquent, nulle ne peut s’exercer légitimement qu’aux fins auxquelles il la délègue et qu’en avouant cette délégation.
Toute brèche faite à cet ordre est, ou bien une prévarication, ou bien une rébellion.
L’État n’est pas exempt ; il doit militer pour le roi du Ciel et dire comme St Louis « Je suis le bon sergent de Jésus-Christ ».
Pour sa part et dans sa sphère, il doit collaborer avec la puissance spirituelle à l’œuvre que Jésus-Christ a seule en vue : le salut du genre humain, voilà l’exigence sanitaire par excellence.
Tout dans les lois et dans les institutions doit converger vers ce but unique, vers cet unique objet du mandat divin. Si notre État en est venu à briser les rapports entre l’Église et l’État, alors c’est sur nous, catholiques du pays, c’est sur la fraction catholique que retombent de plein droit, les charges et les responsabilités des princes.
Voilà une glorieuse dévolution dont les catholiques doivent sentir le poids et l’honneur.
Leur zèle sur le terrain des œuvres religieuses et sociales les avait préparés à cette mission auguste qui leur est confiée dans le champ de notre politique nationale.
Nous sommes les lieutenants de Dieu, nous avons à reconquérir pour lui et non pas pour nos propres intérêts, comme c’est si souvent le cas hélas, « le saint royaume de France ». Ce n’est plus à la pointe de l’épée – pour l’instant – mais c’est par la force de nos convictions, que nous remplirons notre devoir de faire régner Notre Seigneur Jésus Christ.
La victoire qui soumet l’univers à Dieu, c’est notre foi, disaient les premiers conquérants du monde chrétien, une foi qui s’affirme hautement, qui revendique énergiquement, qui agit vigoureusement.
Voilà ce que nous avons à faire passer dans nos luttes si nous voulons en faire des victoires.
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Une foi qui s’affirme hautement
Ste Jeanne d’Arc avait peint sur son étendards ces 2 mots : « Jésus-Marie », le nom du Christ et le nom de sa mère, le nom du Dieu qui aime les Francs, le nom de la Vierge qui fut toujours partiale à notre pays, le nom de Celui à qui nous avons dressé un trône sur la France à Montmartre ; le nom de celle aux pieds de qui nous aimons à retremper nos courages.
D’autres sont venus et viennent encore plus que jamais, d’effacer à tout jamais ces noms. Déjà on les avait remplacés par ces mots si trompeurs « liberté, égalité, fraternité », puis aujourd’hui on y rajoute « solidarité, vivre ensemble, maison commune, progrès, humanité, globalisation » et j’en passe.
Non, pour Dieu, nous restons fidèles à la bannière de Jeanne. Non, ne changeons pas nos couleurs, encore moins pour celles de l’arc en ciel.
Non, ne quittons pas le terrain si sûr des principes pour nous engager sur les sables mouvants des opportunités et des expédients.
Le salut ne vient pas de l’homme, il ne vient pas de l’humain.
Non, dans les luttes de notre temps contre les puissances mondialistes, il n’y a qu’un nom donné aux hommes sous le ciel pour les conduire au salut, c’est le nom du rédempteur, c’est le nom sacré que Ste Jeanne expirante, faisait entendre vers le Ciel et qu’elle fait entendre aux générations qui l’ont oublié, le seul nom qui triomphe parce que le seul qui unit et le ciel et la terre, et les hommes entre eux contre les hordes maçonniques et infernales qu’il met en déroute : « Jésus ».
« En mon nom vous les bouterez dehors. »
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Une foi qui revendique énergiquement
Forts de notre union sous le drapeau de la croix, nous serons exigeants dans la revendication des droits de la conscience chrétienne, sur tous les terrains où s’exerce sa compétence, au foyer, à l’école, dans l’armée, dans la profession, les carrières, au prétoire, et avant tout dans l’Église.
L’esprit de conciliation, de temporisation, de soi-disant modération et même de patience, ont fait leur temps.
A ceux qui parlaient de paix au milieu des combats, Jeanne répondait :
« La paix ? On ne l’y trouvera qu’au bout de la lance. »
Eh bien, nous, nous sommes en face d’un adversaire avec lequel nous n’aurons jamais la paix que dans la servitude ou la victoire.
Nous choisissons la victoire car, c’est une mauvaise patience, disait St Bernard que de subir la servitude quand s’offre la liberté. Mieux vaut l’impatience.
Nous réclamons notre bonne grande place au soleil, celle à laquelle nous donnent droit 15 siècles de possession, 60 générations qui ont passé sur ce sol de France en récitant le Credo et qui s’y sont couchés sous les pleurs du de Profundis.
Nous sommes chez nous, parmi les tombes de nos aïeux : qu’on s’en souvienne ! Pour nous, nous ne l’oublierons pas.
Ne permettons plus que se fasse entendre dans notre pays un langage qui, dans l’Afrique païenne révoltait la conscience de Tertullien :
« Voici un excellent homme, mais il est chrétien ! Remarquable officier, mais il est chrétien ! Intègre magistrat, , mais il est chrétien ! Eh quoi, reprenait le vieux africain, vous aimeriez-vous mieux traîtres ? Et que reprochez-vous aux chrétiens ?
Rien que leur foi qui les fait regarder par-dessus la terre pour se chercher en Dieu, que leur honnêteté qui veille sur le bien d’autrui ; que leur vertu, qui garde même leurs yeux, que leur charité qui les rend chers aux petits ; que leur franchise qui blesse les grands, que leur liberté, pour laquelle du moins, ils savent mourir. »
Eh bien, en 2020, non, nous ne pouvons plus admettre que le catholicisme mis en pratique devienne la dernière roue du carrosse dans notre société soit-disant « tolérante » et qu’il soit considéré comme une sorte de pandémie. Nous entendons qu’un français catholique puisse pratiquer en toute liberté le culte seul dû au vrai Dieu sans ingérence de l’État dans un domaine qui n’est pas le sien. Nous entendons que justice soit rendue à l’Église, que nos anciens, emprisonnés dans les EHPAD ne soient pas condamnés à mourir sans Dieu, parce qu’il a plu à un ministre de hasard, d’interdire au prêtre l’accès de celui qui ne peut plus l’appeler.
Nous entendons que le Christ puisse de nouveau sortir dans nos rues et même, que les fonctionnaires puissent l’escorter sans s’encadrer des loges maçonniques.
En clair, nous entendons que la croix et la bannière de Ste Jeanne d’Arc, puissent se saluer et s’unir dans un même cortège triomphal exclusivement français et catholique. France libre ! Oui, libre d’être à Dieu. Voilà nos revendications à poursuivre sans mollesse. Mais où est la charité dans tout cela, nous demanderont les partisans du « peace and love » ?
A nous de leur répondre qu’avec la bannière de Ste Jeanne d’Arc, nous emprunterons son épée.
Jamais en effet on ne nous a tant prêché l’amour, la solidarité, une charité dévoyée curieusement toujours tendre aux mécréants, à l’adversaire, et cela même au plus fort de la lutte.
Charité, oui, tant qu’elle ne préjudicie pas à des intérêts sacrés ou à des obligations essentielles, car ce ne serait plus de la charité.
Mais il y a une charité que nous aurons toujours pour les ennemis de Dieu, de l’Église et de la chrétienté : c’est de souhaiter leur conversion et leur salut, fût-ce au prix de notre vie. En attendant nous pouvons prier pour eux, c’est de précepte ; nous pouvons encore, le combat achevé, panser les plaies que nous avons faites, c’est de conseil ; mais nous abstenir de frapper, et de frapper fort, quand la guerre est nécessaire, ce n’est ni de précepte, ni de conseil.
Il est vrai que pour certains, il n’y a jamais ni guerre, ni ennemis, il n’y a que des malentendus entre hommes de foi égale et d’égale sincérité. « Peace and love », « on ira tous au paradis… »
Et pourtant, notre Sauveur Jésus-Christ, n’est-ce pas lui qui déclara ses juges et ses ennemis, inexcusables ?
Il les accusa de nourrir à son endroit une haine toute gratuite, les qualifiant de sépulcres blanchis, de race de vipères, de fils du diable.
Et ces emportements n’étaient pas de surface, car l’Ecriture nous le montre promenant sur eux un regard de colère.
Et si le Sauveur était si intraitable à ces pharisiens, c’est parce qu’il aimait son peuple qu’ils abusaient et qu’ils perdaient.
La charité pour le peuple rend âpre envers ses séducteurs, et c’est encore du cœur, de ce qu’il y a de plus tendre dans le cœur que monte aux lèvres ce qui peut paraître amer dans certaines paroles de colère… colère de mère.
Heureux donc celui qui sent dans son âme la colère de la Sainte Église Catholique contre ceux qui lui ravissent ses enfants, contre ceux qui dépravent les jeunes, contre ceux qui dissipent les foyers qu’elle avait bénis, contre ceux qui dispersent les vierges qu’elle avait consacrées à Dieu, qui violent les asiles qu’elle avait ouverts à la prière et fermés au monde.
Contre ceux qui violentent les âmes des pauvres en les forçant à choisir entre le pain et leur foi, entre le pain et leurs enfants et la foi de leurs enfants.
Malheur à ceux là !
C’est l’Evangile qui le dit :
« Il aurait mieux valu pour eux être jetés à la mer avec une pierre au cou. »
Mais heureux qui leur attachera cette pierre, qui les fera sombrer dans le mépris public, qui les noiera dans leur propre infamie, voilà la charité que nous leur devons.
C’est celle que nos aïeux avaient pour le sarrasin, profanateur du tombeau du Christ.
Ceux qui ont violé le baptême de nos enfants, le baptême de notre pays sont plus sacrilèges que le sarrasin.
Lui, n’insultait qu’à une pierre inerte, souvenir vide du Christ mort. Mais eux ont jeté la main sur l’habitacle vivant du Dieu ressuscité !
Et c’est pourquoi en les pourfendant avec la dernière énergie, nous mériterons de l’Église les mêmes bénédictions qu’elle répandait sur l’épée des Croisés.
Qui nous rendra le bons sens et la vigueur de cette bonne fille française, l’enfant de Domrémy, qui ne pouvait voir son voisin, Gérardin d’Epinal, sans lui souhaiter d’avoir la tête coupée parce qu’il avait le cœur anglais ; qui lui répondait à Reims, quand il lui demandait s’il n’avait pas peur des blessures :
« Je ne crains pas les traîtres » ; qui gaiement couchait par terre 2 000 anglais sur le champ de bataille de Patay, quitte, le combat achevé, à se pencher sur eux, à les prendre dans ses bras, à pleurer sur leurs blessures et à prier pour leurs âmes ?
Voilà la charité chrétienne : elle n’empêche pas un seul bon coup d’épée.
Dans les luttes que nous aurons à poursuivre pour la cause de Dieu, ne reculons jamais, devant un acte de vaillance, dans l’espoir d’apaiser nos adversaires, ou par crainte de les irriter.
Qu’ils s’irritent ! Leur colère, qui ne vient pas de Dieu, leur sera mauvaise conseillère, et les perdra.
Pour nous, nous n’avons pas trop contre eux, de toute la nôtre.
Mais nous le savons et nous les voyons venir ces soi-disant modérés et prudents qui évitent de rien compromettre, mais en s’interdisant de rien sauver : telles les pusillanimes inspirations des néfastes conseillers de Charles VII.
Ne soyons jamais de ce parti, mais au contraire soyons de ceux qui se jettent à la suite de Jeanne en criant avec elle : « En nom Dieu, en avant ! »
« Au surplus,la France ne comprend pas d’autre langage ni d’autre attitude. Que les catholiques en leurs personnes, lui remettent devant les yeux, Jeanne, avec toutes ses vertus et tout son élan, et ils verront le pays s’éprendre encore de la céleste figure.
On n’est pas français pour rien.
On n’a pas pour rien respiré l’air du large fleuve qui baigne Orléans, ou de la noble rivière qui sur les cendres de Jeanne étendit son flot royal.
On n’a pas pour rien entendu monter du sol des ancêtres et des profondeurs de la race l’acclamation nationale à la vierge libératrice.
On n’a pas pour rien été bercé sur les genoux d’une mère qui était sa sœur : dans la famille de Jeanne, la noblesse passait par les femmes ; c’est par les femmes que passe à tout cœur français l’amour de la Pucelle.
On n’a pas pour rien murmuré dans sa petite enfance ces 2 noms détachés de son étendard: Jésus, Marie ; il en est resté quelque chose au cœur, et quand Jeanne viendra, nous la reconnaîtrons. Oui et j’ose dire aussi qu’elle nous reconnaîtra. Car nous n’avons pas changé dans notre fond, et notre cœur est resté le même.
Quand fut achevé le supplice de Jeanne, le bourreau écarta la flamme pour montrer à tous les assistants que rien ne restait de celle qui leur avait été si redoutable. Mais, ô stupeur, dans les cendres, le cœur est resté intact ; il vit, il frémit, il est rempli d’un sang vermeil.
Par ordre de Winchester, la flamme se remet à l’œuvre, avec un redoublement de fureur, activée par le souffre et par l’huile.
Quand une seconde fois, le bûcher s’est éteint, le cœur est encore là.
Dans ce cœur de la Pucelle, j’aime à voir l’image du cœur de ma Patrie.
Ah oui, bien des choses ont disparu, sont tombées, s’en sont allées en lambeaux.
Le corps de la Patrie est mutilé.
Ses traits sont défigurés. Et déjà ses ennemis se rient d’elle et disent qu’elle est finie.
Non, non, elle n’est pas finie !
Au milieu de tant de dévastations, de tant de ruines, de tant de sacrilèges, parmi l’universel désastre, quelque chose n’est pas mort : et c’est le cœur de la France.
Approchez, regardez : à la clarté de certaines lueurs sinistres, vous le verrez bientôt s’émouvoir, tressaillir ; vous entendrez son battement, et le monde l’entendra. »
Voilà notre espérance avec Sainte Jeanne d’Arc.
Abbé Xavier Beauvais
(adaptation d’un discours prononcé dans la cathédrale de Nantes « L’appel de Jeanne d’Arc aux catholiques français » 11.07.1909)
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