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Abbé Alfredo Morselli : « il y a un schisme de fait dans l’Église »

Don Alfredo Morselli est un prêtre âgé de 59 ans du diocèse de Bologne. Disciple du Cardinal Caffarra, licencié de l’Institut pontifical biblique, prédicateur des exercices de Saint Ignace, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’historicité des Évangiles et les thèmes d’actualité.

« Je porte fidèlement les enseignements du cardinal Caffarra » explique-t-il. En effet, il a publié, surtout sur le net, de nombreux essais sur les interrogations suscitées par Amoris Laetitia.

Le 18 janvier dernier, il a répondu aux questions du quotidien italien Il Giornale qui portent sur la division au sein de l’Église conciliaire, l’immigration, l’islam, les migrants, le pape François. Franc et ouvert, don Alfredo n’hésite pas à aller à courant-courant de la bien-pensance contemporaine.

Au sujet de l’Église actuelle, don Alfredo perçoit bien les contradictions et les ambiguïtés multiples engendrées par la doctrine morale évolutive d’Amoris laetitia qui débouche sur un « schisme de fait ». Cependant il ne remet pas en cause la genèse de ce schisme qu’est le concile Vatican II lui-même. Au contraire, tout en déplorant le fait que les fidèles croient des choses diamétralement opposées, il ménage les papes conciliaire, l’Église conciliaire avec l’Église catholique, il essaye de concilier la Tradition avec cette Église conciliaire anti-catholique. Cependant, quoi qu’il en soit de ses intentions, ses réponses sur les questions religieuses donnent amplement raisons à l’opération-survie entreprise il y a plus de 40 ans par Mgr Lefebvre pour sauver la vraie foi catholique. Cette action s’est consommée dans le nullam partem avec cette Église conciliaire qui, prêchant la contradiction depuis maintenant 50 ans, est atteinte de schizophrénie aiguë et « entre dans le schisme » (Mgr Lefebvre) . Nullam partem plus que nécessaire encore aujourd’hui !

Ci-dessous la Ière partie de la traduction de cet entretien éclairant :

« Il Giornale : Don Alfredo Morselli, vous avez récemment parlé d’un « schisme de fait ». Pourriez-vous nous expliquer votre position ?

Don Alfredo Morselli : Avec schisme de fait, j’entends une réelle division entre catholiques, qui croient des choses différentes et inconciliables entre elles. Voici un exemple : à la question “Deux personnes qui ne sont pas mariées ensemble peuvent-elles accomplir avec pleine connaissance et consentement délibéré les actes propres aux époux sans pécher mortellement ?” il y a deux réponses aujourd’hui : d’un côté les bons catholiques disent Non, jamais” ; les autres disent Oui, dans certains cas”. Ces réponses sont inconciliables entre elles et présupposent deux fois substantiellement différentes. C’est un état de fait, qui n’est pas déclaré officiellement par personne, mais qui est réel.

IG : La ligne médiane représentée par le cardinal Müller, en définitive, n’est pas vraiment possible donc…

AM : Le cardinal Müller, de manière louable, essaye de faire œuvre de médiation, mais il a fait siennes les positions de Rocco Buttiglione selon lesquelles, si j’ai bien compris, à cause de circonstances atténuantes, une situation objective de péché ne peut pas être imputée”. Cependant la théologie morale classique indique quatre sortes de circonstances atténuantes : l’ignorance, la crainte, la violence et la passion. Ces circonstances peuvent difficilement être appliquées à des actes qui sont accomplis avec pleine connaissance et consentement délibéré, de manière pondérée, par qui sait bien quelle est la doctrine de l’Église sur le sujet (quels sont les frères qui vivent comme des époux sans l’être). Pour ce qui touche aux passions, c’est un dogme de foi que nous avons toujours la grâce pour ne pas pécher : “Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, [qui ne marchent pas selon la chair]” dit Saint Paul.

IG : Il paraît que vous avez parlé de sectedans le dernier entretien à La Fede Quotidiana (La foi quotidienne, journal italien, ndlr). A quoi vous référiez-vous ? A une secte moderniste ? Au pape ?

AM : Je me référais à la secte moderniste, c’est-à-dire à cette famille spirituelle qui veut frapper l’Église de l’intérieur : dans l’histoire, cette secte s’est réalisée en premier dans le jansénisme, qui a essayé de transférer le calvinisme dans le catholicisme ; puis nous avons eu les modernistes condamnés par Saint Pie X ; plus récemment nous avons eu la théologie de Karl Rahner, la morale de la situation condamnée par Pie XII et saintJean-Paul II (c’est nous qui mettons les guillemets, ndlr), la négation de l’historicité des Évangiles, la crise missionnaire etc. En bref, tout ce que le bienheureux Paul VI (c’est nous qui mettons les guillemets, ndlr), a appelé les fumées de Satan à l’intérieur du temple. Vous me poser une question au sujet du pape : je prie pour lui, je crois qu’il est le pape. Le pape ne se juge pas, mais on peut lui faire des demandes et on peut lui offrir des corrections très filiales. Je souhaiterai tellement qu’il daigne répondre aux questions posées avec tant de piété par les cardinaux ! (Traduction de Francesca de Villasmundo) »

Francesca de Villasmundo

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