Gravés dans la pierre les noms du pape Innocent X, de l’évêque de

Cornouaille René du Louët de Coëtjunval, du duc de la Meilleraye,

maréchal de France  et lieutenant général de Bretagne,

ainsi que du jeune Roi-Soleil en personne.

J’aime Le Figaro à la période des vacances d’été. En effet, nos confrères profitent de la trêve estivale pour nous offrir plus d’articles « culturels » et même parfois « cultuels ». Aujourd’hui, je vous propose des extraits d’une découverte archéologique dans notre belle Province de Bretagne : la découverte de la première pierre de la construction d’un couvent capucin à Quimperlé en 1656.

Qui se souvient encore, à Quimperlé, du couvent des Capucins ?Fondé au début du règne de Louis XIV, cet ancien établissement finistérien a été saisi en 1793, adjugé, revendu puis transformé en collège avant d’être finalement détruit au milieu du XIXe siècle. Le souvenir du site s’est estompé au fil du temps, sauf dans la mémoire des historiens et des archivistes. Des archéologues, aussi. Leurs pelles et leurs truelles ont réalisé, ces derniers jours, une découverte rare en excavant son dépôt de fondation, c’est-à-dire la première pierre posée lors du chantier du couvent.

«Il était courant pour tous les bâtiments religieux de procéder à un dépôt de fondation, cela se faisait d’ailleurs plus généralement bien avant l’ère chrétienne, explique au Figaro Marie Millet, la responsable scientifique de l’opération de fouille. Sous sa direction, les archéologues ont exhumé, début août, le précieux ensemble, d’une apparence distincte des autres vestiges. Cette première pierre un peu spéciale de l’édifice était formée d’un carré de deux blocs de granit, scellés au mortier et sommés d’une croix gravée dans la roche.

En son cœur, les chercheurs ont découvert une large plaque de plomb couverte de lignes. Un texte en latin. Malgré les concrétions de terre, quelques noms propres pouvaient y être distingués : le pape Innocent X, l’évêque de Cornouaille René du Louët de Coëtjunval, le duc de la Meilleraye, maréchal de France et lieutenant général de Bretagne, ainsi que le jeune Roi-Soleil en personne. «Il nous manque encore le nom de la personne qui a posé la première pierre. L’examen de la plaque après restauration nous en dira plus d’ici deux semaines», assure Marie Millet.

«Au jour près, cela n’arrive presque jamais, confirme-t-elle. Grâce aux sources écrites, nous ne connaissions jusque-là que deux autres dates: celle de l’achat de la parcelle par les Capucins, en octobre 1653 et le démarrage de la construction du couvent, en 1656. Cette datation très précise nous permet d’affiner la mise en œuvre du chantier.»

[…]

Mal documenté par les sources écrites, l’ancien couvent des Capucins livre depuis plusieurs semaines ses secrets aux archéologues qui l’arpentent dans l’été quimperlois. Ici réapparaît un cloître ; là pointent les sépultures d’un petit cimetière conventuel et ses énigmes. Entre les mains d’un défunt, les archéologues ont retrouvé un minuscule agglomérat de couleur rouge, de la taille d’une monnaie. La chose est encore mal identifiée. «Il pourrait s’agir d’un cachet de cire, ce qui voudrait dire que la personne inhumée tenait une lettre», propose Marie Millet. Là encore, les examens en laboratoire feront parler le vestige.

Source : Le Figaro.fr, par Simon CHERNER

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