Tandis que quatre cardinaux romains se battent pour obtenir des clarifications de la part de François sur le chapitre VIII, erroné et contraire à la doctrine catholique sur l’indissolubilité du mariage, de l’Exhortation post-synodale sur la famille, des nouvelles instructions pastorales et disciplinaires laxistes et abusives voient le jour dans les diocèses.

Dernièrement, ce sont les évêques maltais Carlo Scicluna et Mario Grech qui viennent de publier, le 14 janvier dernier, leurs normes d’application du chapitre VIII d’Amoris Laetitia qui permettent, tout bonnement, aux divorcés vivant « une deuxième union » d’accéder aux sacrements.

« Comme les Mages qui, trouvé Jésus, retournèrent en leur pays par un autre chemin, ainsi il advient » pour les « personnes séparés ou divorcés qui sont en train de vivre une nouvelle relation » que « parfois après un long et tortueux voyage ils rencontrent le Christ qui leur donne un avenir même quand il apparaît impossible de retourner par le même chemin qu’avant. »

C’est ainsi qu’ils introduisent leurs critères d’application du chapitre VIII d’Amoris laetitia concernant « les familles blessées » et le « discernement » pastoral à leur égard.

Les deux évêques, à la suite des évêques argentins de Buenos-Aires, se basant sur Amoris laetitia, explicitent la possibilité pour les divorcés-remariés, c’est-à-dire les personnes vivant objectivement en état d’adultère, de recevoir les sacrements. :

« Quand nous rencontrons, peut-on lire dans leur texte, ou venons à connaissance de personnes qui se trouvent en situations dîtes irrégulières, nous devons nous employer à entrer en dialogue avec elles et à les connaître dans un climat d’amour authentique. » Et si ces personnes « manifestent le désir ou acceptent d’entreprendre un processus sérieux de discernement personnel de leur situation, accompagnons-les volontiers et avec beaucoup de respect, soin et attention » en les faisant « sentir partie de l’Église. »

En s’appuyant sur le concept fallacieux qu’il faut venir en aide aux divorcés-remariés n’ayant pas obtenu de nullité de mariage qui, en étant exclus objectivement par les lois de l’Église des sacrements, se « sentent » alors exclus subjectivement de l’Église, les deux évêques maltais se croient autorisés, grâce à l’Exhortation bergoglienne qui ouvre par compassion mal placée grandement cette voie, à faire fis de la discipline sacramentelle de l’Église et à permettre officiellement dans leur diocèse l’accès aux sacrements aux personnes vivant « une deuxième union irrégulière » :

«  Notre devoir n’est pas seulement celui de donner une permission pour accéder aux sacrements ou d’offrir des « simples recettes » ou de remplacer la conscience de ces personnes, mais celui de les aider avec patience à la former et à l’illuminer pour que ce soit eux qui arrivent à prendre une décision sincère devant Dieu et faire le plus de bien possible. »

Les évêques, en citant un long passage d’Amoris laetitia, mettent l’accent sur un discernement pastoral qui cautionne indubitablement des actes mauvais, formellement en opposition à la loi et à la révélation divines :

« nous devons évaluer la responsabilité morale dans les situations particulières, en considérant les conditionnements et les circonstances atténuantes. » A cause « de ces conditionnements et circonstances, le pape enseigne qu’il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une quelconque situation dite « irrégulière » vivent en état de péché mortel, privés de la grâce sanctifiante. » 

Cette proposition est théologiquement fausse et induit les catholiques en erreur. Elle s’oppose formellement à l’enseignement constant de l’Église qui définit que toute personne qui vit en état d’adultère est en état de péché mortel, quelles que soient les circonstances et les conditionnements.

Les deux évêques modernistes, sur cette lancée innovante mais qui prend racine dans l’enseignement conciliaire sur « la loi de gradualité », continuent leur explication que l’on ne peut que qualifier d’apostate : il est donc possible, disent-ils

« dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement coupable ou qui ne l’est pas pleinement – de vivre dans la grâce de Dieu, d’aimer, et de grandir dans la vie de la grâce et de la charité, en recevant pour cela l’aide de l’Église. Ce discernement est important parce que, comme l’explique le Pontife, en certains cas cette aide peut être celle des sacrements. » Aussi « nous avons besoin de pratiquer avec prudence la loi de gradualité pour trouver et découvrir la présence, la grâce et l’action de Dieu dans chaque situation, et d’aider les personnes à s’avancer davantage vers Dieu, même quand elles ne sont pas en condition de comprendre, d’apprécier ou de pratiquer pleinement les exigences objectives de la loi. »

Dans cette logique de la loi de gradualité, les exigences des commandements divins seront donc déterminées subjectivement par rapport à chacun. C’est pourquoi les évêques maltais peuvent affirmer sans hésitation l’impossibilité pour certains couples de se conformer à la loi divine  : 

« examinons aussi la possibilité de la continence conjugale. Bien que ce soit un idéal pas facile, il peut y avoir des couples qui avec l’aide de la grâce pratiquent cette vertu sans mettre en danger d’autres aspects de leur vie ensemble. Cependant, il y a des situations complexes où le choix de vivre comme frère et sœur reste humainement impossible ou comporte un plus grand dommage. » Et les évêques de conclure : « si comme résultat du processus de discernement (…) une personne séparée ou divorcée qui vit une nouvelle union arrive – avec une conscience formée et illuminée- à reconnaître et à croire d’être en paix avec Dieu, il ne pourra pas alors lui être interdit d’avoir accès aux sacrements de la réconciliation et de l’Eucharistie ».

Il est à noter premièrement l’optique tout-à-fait naturaliste du raisonnement qui impose l’idée que la pratique d’une vertu peut mettre en danger la vie commune alors que la Tradition enseigne que c’est au contraire une vie vertueuse qui va augmenter les grâces surnaturelles qui auront un impact chrétiennement positif sur la vie commune. Deuxièmement, l’optique protestante : il est clair que pour ces excellences conciliaires recevoir les sacrements dépendra donc non du respect de la loi et de la discipline de l’Église en matière matrimoniale et sexuelle mais de la conscience subjective que le fidèle a de sa situation personnelle. Il suffira qu’il se « sente en paix avec Dieu » pour participer pleinement à la vie sacramentelle même si il contrevient objectivement aux commandements divins !

Une telle proposition n’est qu’une négation radicale du péché, puisqu’il n’y aura péché, et péché mortel, que si la personne le conçoit, le perçoit, l’admet, que si sa conscience le lui révèle… Plus grave encore c’est la relégation de Dieu à la dernière place puisque sa loi divine est toute relative, chacun pouvant l’adapter à sa guise et selon sa situation. Ce n’est plus le « Dieu premier servi » de sainte Jeanne d’Arc mais le « Non serviam » du diable !

Dans le contexte de guerre au Vatican suscitée par Amoris laetitia, les deux évêques maltais terminent leur instruction apostate par un dernier coup de griffe à l’enseignement traditionnel de l’Église et aux cardinaux qui s’opposent, soyons clairs, à la doctrine bergoglienne erronée mais aussi  à une certaine forme de révolution sexuelle familiale genre soixante-huitarde, contenue dans l’Exhortation de Jorge Maria Bergoglio :

« Ensemble avec le Saint Père nous remarquons nous-aussi qu’il y en a certains qui préfèrent une pastorale plus rigide, mais avec lui, nous croyons sincèrement que Jésus veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité : une Mère qui, au moment même où elle exprime clairement son enseignement objectif, ne renonce pas au bien possible, même si elle court le risque de se salir avec la boue de la rue. »

Cette conclusion témoigne à elle-seule de l’ignorance théologique crasse de ces évêques progressistes qui osent parler d’un « bien possible » comme fruit d’un enseignement apostat qui encourage et pousse les fidèles à vivre dans le péché sans scrupule, du moment qu’ils se croient et se sentent en « paix avec Dieu ». Jamais une Mère catholique aimante et attentive ne conseillera ainsi ses enfants. Telle est la vraie Église catholique, immaculée en son enseignement traditionnel totalement absent de ces normes d’application maltaises d’Amoris laetitia.

Ces normes subjectivistes, personnalistes et modernistes, reprises avantageusement par le journal vaticanesque L’Osservatore romano, -ce qui démontre qu’elles plaisent à François-, contredisent la doctrine traditionnelle et ouvrent la voie à toutes les dérives possibles. Car en somme si un divorcé-remarié qui se sent en paix avec Dieu peut recevoir les sacrements, pourquoi alors les refuser aux homosexuels en couple, aux transsexuels, à tous les déviants sexuels, à ceux qui veulent se suicider, etc., qui se sentent eux-aussi « en paix avec Dieu » ?

Amoris laetitia, contenue en germe dans les décrets libéraux du concile Vatican II, a ouvert une terrible boite de Pandore aux conséquences dévastatrices non seulement pour le monde catholique mais pour la société tout entière !

Francesca de Villasmundo

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