Yann Barthès est un bateleur dont le métier, chacun le sait, consiste à la fois à cacher, au moyen d’un humour superficiel et faussement brillant, les misères du temps au bas peuple, ces beaufs qu’il déteste, mais aussi à persuader de sa supériorité culturelle aujourd’hui contestée cette classe des bobos dont il fait partie, en raillant avec mépris tout ce qui la dépasse.

Et dans ce registre, Yann Barthès est une sorte de génie du néant, capable de rire des gestes apparemment les plus graves, et en eux-mêmes les moins comiques du monde, pourvu que ces gestes relèvent du sacré. Ainsi, quoi de plus drôle qu’un pape en train de reposer sur l’autel le calice, qu’un assistant recouvre alors de la pale ? A cette seule évocation, j’entends naître le fou rire de tous mes lecteurs.

Vous me direz que Le Petit Journal s’est peut-être moqué des incongruités qui ont pu se glisser dans la cérémonie ? Nous connaissons tous en effet ce genre de situation : en plein milieu d’un mariage, le marié glisse et se casse la figure. Qui n’éclaterait de rire ? Mais ce n’est pas ce qu’a fait Canal +. La chaîne cryptée n’a pas cherché à souligner, avec humour, les manquements comiques dans l’exécution de la liturgie, chose éventuellement compréhensible : mais c’est bien la liturgie elle-même qu’elle a raillée.

Ce n’est pas tout. Voulez-vous, chers amis, rire gratuitement, vraiment rire, passer un bon moment entre ami pour évacuer le stress de la semaine ? Grande nouvelle ; Yann Barthès a trouvé ce qu’il vous faut ! Il vous suffira tout simplement d’écouter le chant solennel de la Passion du Christ le Vendredi saint, le récit de la mort de Jésus !

Car Yann Barthès est sans doute le seul homme en France capable de s’esclaffer en écoutant le récit de la mort tragique d’un être humain, et pas n’importe lequel : le Lion de Judas, le Fils de Dieu ! Que ce récit soit en latin ne change rien à l’affaire, et je vois mal un seul de nos honorables lecteurs se tordre de rire en assistant à des funérailles célébrées dans une langue qu’il ne connaît pas. Cela se nomme pudeur, respect, dignité ; tout ce qu’en un mot Yan Barthès ignore.

Quoique. Le respect et la dignité, monsieur Barthès les retrouverait d’un seul coup s’il s’agissait d’une cérémonie cultuelle de telle religion intouchable en France. Mais lorsqu’il s’agit du Christ, Barthès se roule de rire dans la crotte, au pied du Golgotha, au côté des Pharisiens qui viennent de Le faire crucifier et célèbrent avec morgue leur apparent triomphe.

Ce jour même du 25 avril, Alain Escada opposé à Robert Namias sur Europe 1 évoquait la réalité de l’antichristianisme en France, dénonçant en particulier la responsabilité des médias du système. Il ne croyait pas si bien dire.

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