En Australie, la Royal Commission chargée d’enquêter sur les crimes de pédophilie dans différentes sphères de la société, orphelinats, écoles, clubs sportifs, et institutions catholiques, vient de publier son rapport : l’Australie « a manqué de manière grave à son devoir » de protéger les enfants. « Des dizaine de milliers d’enfants ont été victimes de violences sexuelles dans beaucoup d’institutions australiennes. »
Les 6 membres de la Commission ont eu accès à 1,2 millions de documents et ont enquêté dans les six États de l’île. Ils ont identifié plus de 4 mille institutions, théâtre de crimes sexuels ces dernières années. « Certaines institutions, lit-on dans le document, ont eu différents pédophiles qui ont agressé de nombreux enfants. » Elles ont « failli de manière grave dans leurs devoirs et dans beaucoup de cas ces carences ont été aggravées par une réponse clairement inadéquate pour les victimes ».
Environ 2 600 personnes ont été signalées à la police. Les autorités ont lancé 230 actions pénales. Pour le président de la Commission Peter McClellan « la police a souvent refusé de croire les enfants et d’enquêter sur leurs dénonciations. Le système de justice pénale a créé beaucoup de barrière à la réussite des procédures judiciaires. »
« Durant des décennies, de nombreuses institutions ont trahi nos enfants. Les systèmes de protection de l’enfance et de justice civile les ont abandonnés » a ajouté Peter McClellan. Qui met en accusation également les autorités catholiques australiennes pour avoir mal géré et dissimulé les cas d’abus. Le cardinal Pell lui-même, ancien archevêque de Sydney et l’actuel préfet de la Secrétairerie vaticane pour l’Économie, est sur le banc des accusés. Depuis juin il est donc en congé du Vatican pour pouvoir se défendre devant le tribunal en Australie.
Une des 409 recommandations du rapport de la Royal Commission adressées aux gouvernements et aux organisations concerne tout particulièrement les prêtres. Il est donc suggéré aux autorités ecclésiastiques de revoir le vœu de chasteté, considéré par les 6 enquêteurs à l’origine de tant de « mauvaises pulsions », pour qu’il devienne « volontaire » ; et de repenser la question du secret de la confession. Ce que préconise le rapport c’est d’obliger, par loi, le prêtre confesseur, mis au même niveau que les policiers, les médecins et les infirmières, de dénoncer les actes de pédophilie éventuellement admis au confessionnal.
Sans vouloir minimiser l’horreur de ces crimes pédophiles à laquelle ont été confrontés les membres de la Commission, il n’en reste pas moins que cette double recommandation semble une manœuvre pour obliger l’Église à mettre fin à deux dispositions disciplinaire et sacramentelle millénaires et intrinsèquement catholiques dont les pays protestants ont horreur.
Tout d’abord quand un jeune s’engage dans la prêtrise, son vœu de chasteté est « volontaire » puisque son choix de vie est « volontaire ». Sauf à lui mettre un pistolet sur la tempe ! Ensuite, sans être une férue des statistiques comme Hristo Xiep, j’engage tous les lecteurs à aller lire son dernier article paru sur MPI à propos du décès du très gauchiste cardinal Law qui couvrit un « réseau de pédérastes ». Il y donne un certain nombre de chiffres qui démontre bien que chez les « ministres » religieux mariés, (pasteurs, rabbins, témoins de Jéhova, etc.) la fourchette d’enfants abusés est nettement supérieure à celle impliquant les prêtres catholiques. Ne parlons même pas du taux « infiniment plus » élevé que chez les prêtres de prédateurs pédophiles parmi les enseignants dont je gage que la quasi-totalité n’a certainement pas fait de vœu de chasteté !
Quant à la fin de la loi du silence demandée par l’Australie, MPI avait déjà évoqué cette « énième attaque d’un monde sécularisé, naturaliste et matérialiste contre les sacrements catholiques et leur mystère spirituel, surnaturel incompréhensible aux hommes de Notre Temps fermés à la transcendance divine ». Énième attaque hypocrite d’un monde qui promeut la pédo-pornographie, la sexualisation de l’enfant dès l’école primaire, qui laisse les violeurs libres et fait du fœtus dans le sein de sa mère une chose dont on peut se débarrasser au gré de ses envies…
Les évêques australiens, tout conciliaires qu’ils sont, ont rejeté cette proposition comme « inacceptable ». Le président de la Conférence épiscopale et archevêque de Melbourne, Denis Hart, a déclaré que le secret est « inviolable » et « ne peut être brisé ». « Je ne réussis pas à imaginer que la nature sacro-sainte de la confession puisse changer » a-t-il dit aux journalistes. « Je respecte la loi d’un pays mais c’est un engagement sacré, spirituel devant Dieu que je dois honorer et respecter. La peine pour un prêtre qui viole le secret de la confession est l’ex-communication. » « C’est une question spirituelle, réelle et grave » a-t-il ajouté tout en précisant : « si quelqu’un confessait avoir abuser d’enfants, je l’encouragerais à admettre ses crimes en-dehors du confessionnal de manière à ce qu’ils puissent être rapportés à la police. »
Concernant l’introduction d’un célibat « volontaire », Mgr Denis Hart, a en revanche montré y être plus favorable. La sécularisation de l’Église avance en faisant feu de tout bois… même de la terrible souffrance infligée à des enfants !
Francesca de Villasmundo
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