Voilà ! L’étonnante résistance du moderniste cardinal Müller par rapport à Amoris Laetitia, c’est finie ! Le prélat allemand profite de sa longue préface au livre d’un philosophe et politicien italien, Rocco Buttiglione, Risposte amichevoli ai critici di Amoris laetitia (Ripostes amicales aux critiques d’Amoris Laetitia), pour se ranger sagement au côté des apologistes de morale familiale bergoglienne. Assez normal d’ailleurs, pour un ecclésiastique dont certains ont oublié, un peu vite, les idées très progressistes, voire hérétiques sur certains points de doctrine…

Poussé par son désir dit-il « de contribuer à rétablir la paix dans l’Église », le cardinal prend ses distances avec les signataires de la Correctio filialis qui attribue à l’exhortation sur la famille 7 hérésies et répond aux cinq dubia des quatre cardinaux publiés il y a déjà un an et qui n’ont jamais reçu de réponse de la part de François.

Le cardinal Gerhard Ludwig Müller écrit tout d’abord de Buttiglione, proche de Jorge Maria Bergoglio, qu’il est un « authentique catholique à l’expertise reconnue dans le champ de la théologie morale », et qu’il offre « une réponse argumentée et non polémique aux cinq dubia des cardinaux » concernant le chapitre VIII d’Amoris laetitia et l’accès aux sacrements de divorcés remariés. Cette réponse démontre selon lui que les reproches qui accusent le pape de ne pas présenter la juste doctrine « ne correspondent pas à la réalité des faits ».

Lorsqu’il était encore préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal avait d’ailleurs à plusieurs reprises soutenu qu’Amoris Laetitia était catholique si on la lisait d’une manière restrictive. La nouveauté de sa position serait plutôt dans le fait qu’il admet, aujourd’hui, la communion aux divorcés remariés civilement dans certains cas et même s’ils ne vivent pas comme frère et sœur. En écrivant dans sa préface qu’il y a « différents niveaux de sévérité selon le type de péché » il affirme que « l’attribution de la culpabilité dans le jugement de Dieu doit tenir compte des facteurs subjectifs tels que la pleine conscience et la conscience délibérée d’être en infraction grave envers les commandements de Dieu ». Aussi, selon ces critères de discernement, cela ne signifie pas explique-t-il que « en raison de circonstances atténuantes, un acte objectivement mauvais peut devenir subjectivement bon » mais cela signifie que « dans l’appréciation de la faute, il peut y avoir des circonstances atténuantes et que les circonstances et les éléments accessoires d’une cohabitation irrégulière semblable au mariage peuvent être présentés devant Dieu avec leur valeur morale dans l’évaluation globale de jugement (par exemple, le soin des enfants en commun qui est un devoir découlant de la loi naturelle) ».

S’il refuse de soutenir la revendication de certains qui exigent la communion pour tous, il s’insère dans la ligne de ceux qui aspirent à une adaptation de la discipline sacramentelle en fonction du temps présent : « Les situations existentielles sont très différentes et complexes et l’impact des idéologies ennemies du mariage est souvent prédominant. » Aussi écrit-il « le chrétien peut se retrouver sans aucune faute personnelle dans la terrible épreuve d’être abandonné sans réussir à trouver aucune autre sortie que de se fier à une personne de bon cœur ; le résultat sont des relations simili-matrimoniales. Il faut une particulière capacité de discernement spirituel dans le for intérieur de la part du confesseur pour trouver un parcours de conversion et de ré-orientation vers le Christ qui soit juste pour la personne, en allant au-delà d’une facile adaptation à l’esprit relativiste du temps ou d’une froide application des préceptes dogmatiques et des dispositions dogmatiques ».

Dans cette optique d’une voie médiane qui ne peut que conforter la position hétérodoxe du pape argentin concernant la pastorale familiale, le cardinal admet que « dans le cas d’une conversion à l’âge mûr (d’un catholique qui est juste baptisé) on peut envisager le cas qu’un chrétien est convaincu en conscience que son premier mariage, même s’il a eu lieu dans la forme d’un mariage à l’Église, ne soit pas valide comme sacrement et que son actuel lien simili-matrimonial, enrichi d’enfants et avec une cohabitation mûrie dans le temps avec son partenaire actuel soit un authentique mariage devant Dieu ». Et le prélat d’ajouter : « Peut-être cela ne peut être prouvé canoniquement à cause du contexte matériel ou à cause de la culture propre de la mentalité dominante. Il est possible que la tension qui se vérifie ici entre le statut public-objectif du « second » mariage et la faute subjective puisse ouvrir, dans les conditions décrites, la voie aux sacrements de la pénitence et à la Sainte Communion, en passant à travers un discernement pastoral dans le for intérieur. »

Gerhard Müller en vient ainsi à préciser sa nouvelle pensée par rapport à la note 351 du paragraphe 305 du chapitre VIII de l’exhortation, où il est dit que « dans certains cas » pour les irréguliers il pourrait y avoir « le secours des sacrements » : « si le second lien, explique-t-il, est valide devant Dieu » comme rapporté dans l’exemple précédent, « les rapports matrimoniaux des deux partenaires ne constitueraient pas un péché grave mais plutôt une transgression contre l’ordre public ecclésiastique pour avoir violé de manière irresponsable les règles canoniques et donc ce serait uniquement un péché véniel ».

Il faut souligne-t-il « appliquer dans la praxis avec tact et discrétion » « la loi de gradualité ».

Si l’on comprend bien le cardinal, chaque catholique dorénavant pourra juger, dans sa propre conscience et sans aucune autorité ecclésiastique, de la validité ou non de son mariage, contrairement au canon 12 sur le mariage du Concile de Trente qui précise que « Si quelqu’un dit que les causes matrimoniales ne sont pas de la compétence des juges ecclésiastiques, qu’il soit anathème ».

En somme, le cardinal Müller, après avoir refusé l’idée anti-catholique contenue dans Amoris Laetitia de permettre la communion aux divorcés remariés civilement, y adhère finalement. Tout autant qu’Amoris Laetitia, cette préface du cardinal n’est rien de moins que la reconnaissance du subjectivisme pratique et de la conscience personnelle érigés en critères primordiaux de discernement aux sujets du mariage et de la réception des sacrements. Les propos du prélat allemand sont donc tout aussi corrupteurs pour les mentalités contemporaines que ceux bergogliens : ils ouvrent la porte à tous les abus et ne peuvent, à terme, que conduire à la destruction objective du précepte de l’indissolubilité du mariage chrétien. Comme l’apostate Amoris Laetitia !

Fin de partie donc pour Mgr Müller qui est rentré dans les rangs bergogliens !

Francesca de Villasmundo

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