Le 26 juin 2016, 45 théologiens demandaient au pape la correction de 19 erreurs détectées dans l’exhortation Amoris Laetitiae. Puis quatre cardinaux de même. Silence complet du pape dont pourtant c’est le rôle d’éclairer ses propres écrits. De nombreux religieux et fidèles avaient notamment été choqués par la note 351 du 8ème chapitre à propos de l’Eucharistie : elle « n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles ». En clair la Sainte Communion n‘est pas faite pour les bons chrétiens mais pour les autres. Ce qui sous-entend que les divorcés remariés peuvent communier. Le pape l’avait d’ailleurs déclaré à l’envolée à un de ses interlocuteurs. Mais pourquoi pas aussi les concubins pourvu qu’ils soient fidèles l’un vis-à-vis de l’autre ? Pourquoi pas aussi les adultères tout court ? chacun étant mis devant sa conscience. Rappelons que le pape avait dit à Saint Jean de Latran : « La grande majorité de nos mariages sont nuls » (La Croix 17/06/201). À cela il ajoutait « j’ai vu tant de fidélité dans ces cohabitations, tant de fidélité. Je suis sûr que ceci est un vrai mariage, ils ont la grâce du mariage justement par la fidélité qu’ils ont ». Quand on connaît la labilité de certaines unions concubinaires catholiques ou pas, autant dire que tout le monde peut communier quand il le veut.
C’est dans le fond ce qu’a expliqué l’archevêque argentin Victor Emmanuel Fernandez, recteur de l’Université catholique de Buenos Aires dont les préoccupations pourtant semblaient différentes. Il avait en effet écrit un ouvrage qui doit être fort intéressant : Soigne-moi avec ta bouche : l’art d’embrasser (Heal Me With Your Mouth: The Art of Kissing). Ce prélat est une des trois âmes damnées de François ; c’est lui qui a été le « nègre » (rédacteur caché) d’Amoris Laetitiae. Cette éminence noire est le confident du pape. Il a écrit un texte dans Medellin le journal des évêques latino-américains. Selon lui le pape tente de changer la pratique sacramentelle.
Le prélat défend bec et ongle Amoris Laetitae au nom de « l’autorité herméneutique ». En clair ceux qui ne sont pas d’accord n’ont qu’à la boucler. Ils méritent d’être enfermés dans la « randonnée de la mort ». Une seule réserve est donnée à cette modification du sens de l’Eucharistie : il faut que ce soit une « voie discrète ». Bref que cela ne fasse pas trop scandale.
Il faut noter que cette nouvelle analyse est partagée par les cardinaux germaniques Reinhard Marx and Walter Kasper. Ces personnes se jugent au- dessus de Saint Paul écrivant : « celui qui mange ce pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. »
Jean-Pierre Dickès
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