Le génial Hitchcock en avait fait le sujet d’un de ses meilleurs films, La loi du silence, où on voyait un jeune prêtre, accusé d’un meurtre qu’il n’avait pas commis mais dont le coupable s’était confessé à lui, garder le silence au risque de sa vie. Un monument cinématographique, en noir et blanc, pour expliquer la grandeur du secret inviolable de la confession catholique !
Secret que l’Australie veut briser dans les crimes de pédophilie : la commission australienne qui enquête sur les réponses données par les institutions aux abus sexuels sur mineur, après 4 années d’audience, en fait une des 85 recommandations qu’elle propose pour renforcer le système pénal qui doit assurer un traitement plus juste pour les victimes. Si cette disposition était adoptée le refus de dénonciation après une confession deviendrait un crime :
« Il est recommandé qu’il n’y ait pas d’extensions, d’excuses, de protections ou privilèges accordés au clergé qui s’abstiendrait de référer des informations apprises au cours d’une confession religieuse. » « Le droit de pratiquer des croyances religieuses, continue le rapport, doit s’adapter aux obligations de la société civile qui doit assurer la sécurité de tous, et en particulier des mineurs, des abus sexuels. Référer à la police des informations sur l’abus sexuel de mineur est crucial pour en assurer la protection. »
Les hiérarchies catholique et anglicane ont tout de suite invoqué l’objection de conscience. L’archevêque catholique de Melbourne, Denis Hart, se dit prêt à subir la prison plutôt que de révéler les contenus des confessions, en réaffirmant que la sacralité de la communication avec Dieu durant la confession doit être au-dessus de la loi. L’archevêque de Brisbane, Mark Coleridge, lui a fait écho en confirmant que la relation entre le prêtre et le pénitent est totalement différente de tout autre relation puisque le pénitent « parle non au prêtre mais à Dieu, le prêtre n’étant qu’un médiateur. »
Briser cette loi du silence séculaire aura comme première et certainement unique conséquence de détourner le pire des pêcheurs de s’approcher de la miséricorde de Dieu sans résoudre pour autant le problème terrible des abus sexuels sur mineur, fléau exponentiel dans nos sociétés occidentales modernes qui ont institutionnalisé le meurtre des fœtus, la pornographie à tous les âges, l’éducation sexuelle dès l’école primaire… Quand l’enfant peut être tuer dans le ventre de sa mère, pourquoi serait-il plus respecté hors du sein maternel ? Quand un violeur n’est condamné qu’à quelques années de prison et bien souvent libéré rapidement pour bonne conduite (pour sûr il n’y a pas d’enfant à violenter dans les cellules carcérales !) pourquoi se gênerait-il de recommencer ? Quand l’adolescent est soumis, avec la bénédiction des adultes, à des images sexuellement violentes, comment peut-il conserver le respect de l’autre, se construire harmonieusement ? Non, il est bien d’autres dispositions sévères à prendre par les sociétés civiles pour combattre la pédophilie que celle de lever arbitrairement le secret de la confession !
Malheureusement l’Église conciliaire a sa part de sa culpabilité dans cette incursion de l’Etat dans la vie sacramentelle des fidèles. Si cette recommandation passait, ce serait une révolution pour l’Église, une de plus qui s’inscrirait dans la suite logique de la séparation de l’Église et de l’État prêchée par le concile Vatican II dans les décrets Gaudium et spes d’une part, et Dignitatis humanae d’autre part. Cet aggiornamento moderniste a engendré dans les mentalités contemporaines le concept de la supériorité de la législation étatique sur la loi de Dieu et la loi naturelle : Dieu se retrouve soumis aux lois des républiques, franc-maçonnes bien souvent ! Jacques Chirac, qui se disait catholique, ne déclarait-il pas, quelques jours avant son élection en tant que président de la République française à propos de l’avortement et de la Loi Veil dont il fut un promoteur :
« Non à une loi morale qui primerait la loi civile et justifierait que l’on se place hors de la loi. Cela ne peut se concevoir dans une démocratie laïque » (Le Journal du Dimanche, du 2 avril 1995),
tandis que sur le même sujet, M. Jacques Toubon, Garde des Sceaux, estimait que
« la revendication d’une loi supérieure ne peut être retenue dans un État laïque comme le nôtre » (Déclaration au Sénat, le 17 juillet 1995) ?
Ce positivisme juridique qui substitue la loi du nombre à la loi morale naturelle et par là-même à la loi de Dieu avait été dénoncé par le pape Pie XII, lors d’un Radio-message de Noël 1942 :
il «attribue, disait Pie XII , une trompeuse majesté à l’émanation de lois purement humaines et fraye la voie à une funeste dissociation de la loi avec la moralité ».
Un ultime excès de ce positivisme juridique se fait donc jour en Australie, théâtre de l’enquête de pédophilie la plus retentissante de son histoire dans laquelle certains clercs de l’Église, dont le cardinal Pell lui-même, sont entendus et sur le ban des accusés. Il touche cette fois-ci à la sacralité même de la confession catholique qui se verra soumise à la législation étatique en ce qui concerne les crimes de pédophilie en premier, et pourquoi pas d’autres délits ou crimes par la suite… Pour mettre sous coupe réglée l’Église catholique !
Cette recommandation australienne s’avère avant tout une énième attaque d’un monde sécularisé, naturaliste et matérialiste contre les sacrements catholiques et leur mystère spirituel, surnaturel incompréhensible aux hommes de Notre Temps fermés à la transcendance divine.
Francesca de Villasmundo
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