La Chine sera la puissance dominante d’ici trente ans, sauf accidents indépendants de sa volonté. On s’active à mettre au point, dans certaines officines, de nombreux scénarios contrariant l’ascension, apparemment irrésistible, de Pékin. Ces scénarios peuvent s’accomplir, mais ils n’ont rien à voir avec les soi-disant faiblesses de la Chine.
On parle de la pauvreté des campagnes chinoises, qui compromettraient le développement futur du pays. Lorsque l’économie de la Chine s’est ouverte, à partir de 1978, sous Deng Xiaoping, l’accent a été mis sur la zone côtière, où étaient basées les Zones Économiques Spéciales. Il en résulte aujourd’hui les grandes disparités de revenus entre les provinces côtières et l’intérieur du pays, beaucoup plus pauvre. C’est oublier qu’en Chine la majeure partie de la population a toujours vécu à l’est et que la tendance à l’urbanisation de ces provinces devrait se poursuivre. Par sa seule démographie, la zone côtière de la Chine sera toujours au cœur de l’économie chinoise. Et puis quelle aubaine capitaliste de disposer de cet immense réservoir de populations défavorisées, qu’il suffit d’autoriser à venir vers l’est pour y maintenir de bas salaires. L’occident ne fait-il pas la même chose en favorisant l’immigration de populations africaines en Europe, ou hispaniques aux Etats-Unis, pour maintenir au plus bas les salaires ? Les Chinois disposent, au moins, d’un réservoir de populations hans qui s’assimilent harmonieusement aux populations de Canton ou de Shanghai.
Selon la Banque mondiale, en 1981, environ 1 milliard de Chinois vivaient avec moins de 3.10 $ par jour. Les dernières données de la Banque mondiale montrent que le nombre a chuté à 360 millions en 2017. La Chine a augmenté à un rythme remarquable depuis 30 ans, mais si cette croissance ralentissait, il y aurait, effectivement, un risque d’instabilité semblable à celui qui a plombé le pays, précipitant la fin de la dynastie mandchoue, au milieu du 19e siècle. C’est la raison pour laquelle Pékin se lance dans l’aventure commerciale et stratégique de la Nouvelle Route de la Soie. (http://williamkergroach.blogspot.fr/2017/05/china-is-ready-to-govern-world.html).
On prétend également que la Chine n’a pas l’expérience d’une puissance maritime. On affirme que le « pouvoir maritime mondial » a commencé en grande partie avec les explorateurs européens. Mais c’est encore oublier que, durant l’Antiquité, la Chine était déjà une puissance maritime leader en Asie de l’Est avec des expéditions vers le Japon, la Corée, la Mer de Chine orientale, l’Asie du Sud-Est et l’Océan indien. C’est seulement à partir de 1500 que la Chine a jugé préférable de s’isoler. Les activités maritimes actuelles de la Chine sont les plus actives, depuis l’ère Ming (16e siècle).
Enfin, à notre époque de diversité obligatoire, la Chine, comme la majorité des nations non-occidentales d’ailleurs, a le tort d’être mono-ethnique. Certains analystes évoquent des problèmes intérieurs en Chine, la question des minorités qui surgiraient… Les Ouïgours et les Tibétains, n’en déplaise, ne représentent rien pour le milliard de Chinois. Ils sont noyés et resteront noyés parmi un milliard de Hans qui les assimileront, comme ils ont assimilé les Xianbeis, les Qidans, les Juchens ou les Mandchous.
Par rapport à ses voisins asiatiques, la Chine a plus de ressources humaines, naturelles, technologiques que tous ses voisins asiatiques réunis. C’est la raison fondamentale pour laquelle, depuis 2000 ans, la Chine domine l’Asie. Seule, l’ingérence des États-Unis a pu, un temps, perturber cette domination. La Chine, pays pluri-millénaire, peut parfaitement attendre son heure. Elle reprendra, tôt ou tard, son monopole sur l’Asie.
En dépit d’une série de prix Nobel décernés aux scientifiques du pays au cours des dernières années, même le Japon est rapidement éclipsé par la Chine. Le Japon souffre, tout simplement, d’une maladie occidentale : l’exigence de résultats tangibles à court terme. La Chine investit massivement dans tous les domaines : santé, armement, environnement. En 2016, les ordinateurs super-calculateurs chinois ont été classés premier et deuxièmes plus rapides au monde. Ces super-ordinateurs, essentiels pour effectuer des calculs très complexes dans la recherche de pointe, sont de bons indicateurs du niveau de science et de technologie d’un pays.
De même, en août 2016, la Chine a lancé le premier satellite mondial de communications quantiques et est en train de mettre en place un des plus grands réseaux de communication au monde, basé sur cette même technologie. La cryptographie quantique permet de créer des réseaux de communication imperméables au piratage, Pékin est en passe d’en fixer les normes internationales. Pékin est la puissance émergente dans le monde de la science et de la technologie.
Enfin, il existe en Chine, une donnée qui n’est jamais relevée par les spécialistes : au-delà du contrôle efficace et centralisé de Pékin, il existe une réelle ambition de la population, un formidable enthousiasme collectif, l’ambition de s’enrichir, le désir de revanche sur cet occident qui a fait subir à l’empire millénaire l’injustifiable défaite de la guerre de l’opium, sur ce Japon qui a réduit des Chinoises à servir de « confort sexuel » à ses soldats. La Chine a un désir de vaincre qui n’existe plus dans les grandes puissances concurrentes. L’économie chinoise est est donc toujours en route vers le sommet.
Pour qu’une telle trajectoire soit inversée, il faudrait que la Chine perde au moins la moitié de sa population ou revienne au niveau de développement qu’elle avait au 19e siècle. Les moyens de réduire la Chine à cette situation sont étudiés, n’en doutons pas, par plusieurs officines. La partie n’est pas encore gagnée, elle sera sans pitié.
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