« Je votais socialiste, j’étais politiquement correct. Plus maintenant » est une phrase qu’on entend de plus en plus en Hollande. Le livre de l’écrivain Joost Niemoeller, « Angry », parle de la colère des Hollandais de souche. Il fait partie des best-sellers du moment. Niemoeller parle de la classe moyenne néerlandaise qui ne peut plus se permettre de vivre dans les centre-villes, à cause des prix de l’immobilier et de l’afflux de touristes, et se retrouve dans les quartiers moins chers, mêlée aux familles turques ou marocaines. 

La colère anime, effectivement, les électeurs de Geert Wilders. Elle est devenue palpable dans une société où les théories gouvernementales d’intégration sociale et culturelle se sont heurtées à la réalité. Les Hollandais n’en peuvent plus des « expériences sociales », ces efforts des officiels pour mélanger les Hollandais aux locataires de logements sociaux, dans un développement urbain « innovant ». Dans certaines villes, 30 pour-cent du logement est réservé aux logements sociaux, c’est-à-dire aux immigrés. Les voitures griffées, l’urine dans les ascenseurs, les mosquées salafistes, les Hollandais n’en peuvent plus.

Geert Wilders s’est opposé à l’immigration parce qu’il a été témoin de changements similaires dans son quartier. Dans les années 80-90, il a vécu à Kanaleneiland, un quartier d’Utrecht qui, au cours de ces deux décennies, a été envahi par les musulmans. Wilders a raconté les multiples agressions, les courses éperdues pour se sauver. Pour lui et ses partisans, les mosquées sont des « palais de haine » et les agresseurs nord-africains des « terroristes de rue ».

Les partisans de Wilders donnent aux immigrants le choix, soit d’adopter le consensus hollandais – qui, dans le cas néerlandais, comprend le mariage gay, l’avortement largement répandu et l’euthanasie – ou de repartir chez eux. Les immigrés s’expriment peu, mais ils ont fermé les pubs et remplacé les boucheries traditionnelles par des halal. « Nous sommes intolérants envers les gens qui sont intolérants à notre tolérance », comme le dit l’historien Hubert Smeets. Geert Wilders ne gouvernera probablement pas après les élections de mars 2017, les autres partis l’en empêcheront en refusant de gouverner avec lui. Niemoeller s’attend, tout de même, à ce que le vote pour Wilders fasse évoluer les mentalités hollandaises. Les Pays-Bas ont déjà durci leurs politiques d’immigration au cours des dernières années, rendant la réunification des familles immigrées plus difficile, criminalisant la résidence illégale et allant vers des mesures restreignant la double nationalité. 

Avec plus de représentants de Wilders au Parlement, de nouvelles restrictions arriveront. Wilders ne sera pas forcément en mesure d’interdire toutes les mosquées, comme il le promet, mais ses électeurs espèrent qu’il pourra, au moins, accroître la répression contre la criminalité immigrée.

Source : Japan Times, Bloomberg

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