Les députés français viennent de voter mardi dernier la prolongation de l’opération Sangaris à une très grande majorité. Les députés UMP se sont résolus à suivre mais en mettant des réserves. Le gouvernement français a désormais reconnu que l’opération serait beaucoup plus longue que prévue et tente toujours d’obtenir une implication plus forte de l’UE et de la communauté internationale.

La France et la MISCA sont toujours en première position pour tenter de maintenir la paix et éviter au maximum les débordements. Le nombre d’hommes engagés s’élèvent désormais à 8000 soldats dont 2.000 Français mais malgré cela, c’est toujours insuffisant pour un pays dont la surface est de 623.000 km². Manuel Valls a été obligé d’accepter le déploiement de 90 gendarmes dont 70 de la gendarmerie mobile répartis en trois pelotons et de 20 départementaux. Les premiers vont s’occuper des opérations de maintien de l’ordre et de la formation de leurs homologues africains. Les seconds vont épauler la gendarmerie centrafricaine dans les enquêtes judiciaires. Il est désormais indispensable que des forces de police prennent le relais pour des missions non-adaptées à l’armée. Fin janvier, l’Europe s’est enfin décidée à agir en constituant la mission Eufor-RCA, pilotée depuis la base de Larissa en Grèce et qui devrait se déployer au mois de mars pour atteindre sa pleine capacité opérationnelle au mois d’avril. Elle aura à sa tête le général français Philippe Pontiès. La durée de l’intervention est prévue pour six mois avec pour objectif d’accompagner la transition politique et d’établir un environnement sécurisé car la situation est toujours critique. La force déployée devrait compter environ 1.000 hommes et les pays participants sont nombreux dont la Pologne, le Portugal et la Roumanie.

Pour la deuxième fois depuis le début de l’opération, François Hollande s’est rendu hier en Centrafrique pour rencontrer la présidente Catherine Samba-Panza et les autorités religieuses et encourager les troupes françaises sur place dont il a tenu à souligner l’action efficace dans un discours. A Bangui, il n’y a pas encore d’euphorie et certains quartiers restent toujours dangereux  mais le Président a tenu à se promener dans les rues de la capitale comme pour montrer les progrès accomplis. Cependant les Centrafricains restent toujours mitigés quant à l’intervention française notamment la communauté musulmane qui est très remontée accusant la France de ne pas l’avoir correctement protégée. Les sentiments anti-français ne sont donc toujours pas éteints et on est loin du triomphe de l’opération Serval qui avait bien été accueillie par la population malienne. D’autres doutent de l’efficacité de l’intervention face aux pillages et lynchages qui continuent. Pour eux, on a tout simplement évité le pire mais c’est loin d’être satisfaisant. Ces hostilités et ces méfiances ne vont pas faciliter le travail des troupes  françaises pour lequel le soutien de la population serait précieux.

L’opération Sangaris porte mal son nom puisqu’elle est désormais engagée sur une intervention de longue durée. Elle a le mérite d’avoir un certain consensus politique en France. L’UE a dû se résoudre à s’engager au côté de la France, devant la pression de la communauté internationale mais l’ONU n’est toujours pas décidée à intervenir. Sur place, la situation reste toujours compliquée et on continue d’évoquer le risque d’une partition, ce que la France veut éviter à tout prix.

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