27 février 1977. Pour tous les catholiques de France, c’est une date fondatrice, l’équivalent d’une fête nationale, ce qu’est le 4 juillet pour les Etats-Unis. Depuis 1971 et l’expulsion de Mgr François Ducaud-Bourget de la chapelle de l’hôpital Laennec (Paris VIe) sur ordre de la CGT, les catholiques n’avaient plus une seule église pour célébrer leur foi dans la capitale. Chassée de tous les lieux de culte, la messe de Saint-Pie V avait été remplacée dès le 3 avril 1969 par les cérémonies crypto-protestantes d’Annibale Bugnini où Dieu était exclu, messes douteuses et totalement illicites, dérives prophétisées avec exactitude par Paul Bourget dans son roman Le Démon de midi paru en 1914. « Dieu aurait ainsi permis que des millions et des millions de croyants de bonne foi, qui ont vécu et sont morts dans l’Eglise fondée par le Christ, aient vécu et soient morts dans un mensonge ? » déclare le héros du livre. « Une bonne dose d’illusion et de mégalomanie est nécessaire pour se croire humblement capable de forger une liturgie meilleure que celle que vingt siècles de tradition chrétienne ont lentement formée » constate à juste titre dom Guy Oury (aucun lien de parenté avec le cinéaste, qui s’appelle en fait Tannenbaum). Liturgie illicite car comme le déclarait Saint Pie V dans la bulle papale Quo Primum du 14 juillet 1570 :
« Qu’absolument personne, donc, ne puisse déroger à cette page qui exprime Notre permission, Notre décision, Notre ordonnance, Notre commandement, Notre précepte, Notre concession, Notre indult, Notre déclaration, Notre décret et Notre interdiction, ou n’ose témérairement aller à l’encontre de ses dispositions. Si, cependant, quelqu’un se permettait une telle altération, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation de Dieu tout-puissant et de ses bienheureux Apôtres Pierre et Paul ».
Et de préciser :
« Par notre présente constitution, qui valable à perpétuité »…
Comme dans toute révolution, celle-ci ne fonctionne que si les élites et le peuple sont suffisamment décadents pour l’accepter. La force de l’idéologie « démocratique », qu’elle soit de nature libérale ou socialiste, c’est de proposer la solution de facilité qui avilit l’homme. Cependant, vermis in fructu, la République se condamne à terme : certes, elle espère régner sur une masse qu’elle maintient dans l’obscurantisme et dans la fange des bas instincts, mais comme elle n’est ni universelle, ni omnipotente, il y aura toujours à ses portes ou en son sein des masses de peuples barbares, « métèques » (au sens grec des termes) plus dynamiques, plus jeunes et donc, selon les théories de polémologie de Gaston Bouthoul, plus guerrières. A terme, elles conquièrent les civilisés décadents, pillent leur nation, bâtissent la leur, s’embourgeoisent, deviennent à leur tour décadentes, perpétuant le cycle. Parfois même, la partie saine des civilisés, du moins la moins contaminée, se détache : Byzance a ainsi survécu à Rome pendant un millénaire. Le plus réjouissant dans cette affaire est que nous avons été rejetés par la République et que, mutans mutandis, les ostracisés sont devenus métèques, donc aussi étrangers que les barbares, moitié Byzance, moitié Germains. A nous « métèques » de faire comprendre aux barbares que 40 % de la population de ce qui fut notre pays est sous notre protection et constitue le socle de notre future patrie, donc noli me tangere. Les 60 % restants ? Dieu, dans sa Justice, décidera de leur sort. En ce qui me concerne, il m’indiffère totalement. Bien évidemment, la voix du sang étant ce qu’elle est, si des « Gaulois » qui ont été un jour mes compatriotes frappaient à la porte de notre société en quête de protection, celle-ci s’ouvrirait. Charité chrétienne oblige. Simplement, il leur sera demandé d’accepter nos règles de fonctionnement sociétal car sinon, nous serions contraints de dire comme le Christ : « Qui êtes-vous, en vérité je ne vous connais pas… »
En ce 27 février 1977, dimanche de Carême, les catholiques de Paris s’étaient rassemblés exceptionnellement à la Mutualité au lieu de l’habituelle salle Wagram. Voilà à quoi en étaient réduits les partisans de la Vraie Messe : contraints, comme dans un régime soviétique, à organiser des messes dans une salle de bal aménagée à la hâte entre deux combats de boxe, après le « bal du samedi soir ». Mais quand les fidèles arrivèrent devant la bâtisse de la rue Saint-Victor, des prêtres en soutane les invitèrent à se rendre à l’église voisine de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et d’attendre. Une cérémonie conciliaire s’y déroulait justement… Pourquoi avoir choisi cette église ? Tout simplement parce que l’un des piliers de la Tradition, l’abbé Vincent Séralda, y avait été vicaire, connaissait les lieux, et savait que le dimanche, la secte conciliaire rassemblait les jours les plus fastes jusqu’à 40 fidèles… De plus, elle allait être bientôt désaffectée. Le servant de la cérémonie conciliaire était doublement surpris : l’église était pleine et le panier de la quête vide. Soudain, dès son office terminé, une procession entre dans l’Eglise, menée par le médaillé de la Résistance et Juste entre les Nations Mgr François Ducaud-Bourget et les abbés Jacques de Fommervault (décédé en 2001), Emmanuelli (décédé en 1986), Juan (décédé en 1984), Louis Coache et Vincent Séralda qui célèbrent immédiatement la Sainte Messe. A la fin de la dernière bénédiction, l’abbé Coache monta en chaire et lança cette phrase de huit mots :
« Maintenant que nous y sommes, nous y restons !!! ».
Le pouvoir et les offices ténébreuses de l’obscurantisme laïcard ne ménagèrent pas leurs persécutions contre ceux qui avaient osé résister. Paradoxalement, de tous les ennemis déclarés de l’Eglise, les seuls qui n’aient jamais tenté la moindre action contre Saint-Nicolas furent… les musulmans. Si on excepte d’ailleurs quelques cas d’agressions individuelles tenant plus du racisme anti-français que du racisme anti-chrétien, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle d’admettre que l’Islam n’a jamais manifesté d’hostilité à notre égard en France. Mieux, nos manifestations pour la vie ont reçu un accueil plein de sympathie dans le quartier arabe de Barbès. Rien ne dit que cela durera, mais pour le moment, les faits – fort têtus – sont ainsi… La toute première vague de persécution vient, bien évidemment, des autorités religieuses en place sous la houlette du sinistre François Marty, archevêque conciliaire de Paris (qui mourra dans un accident de voiture en 1981) et cousin du sinistre André Marty, le « boucher d’Albacete », tortionnaire en chef du PCF . Le 3 mars, à 4 heures du matin, les conciliaires envoyèrent par un vitrail un gaz d’ordinaire réservé à l’élimination des taupes dans leurs galeries. Le jour même, l’Eglise était définitivement libérée suite à « la bataille de la sacristie » où les catholiques, dont une nette majorité de dames refoulèrent non pas en enfer Satan et les autres esprits mauvais mais plus simplement dans le presbytère le sinistre Amorgathe et ses sbires, ce dernier montrant que, s’il maîtrisait mal le latin, il possédait parfaitement le langage ordurier en vogue dans les bas quartiers. Il y a du Dismas chez Amorgathe, mais celui d’avant la croix… Puis, devant l’échec de la méthode forte, Marty joua dans le registre sournois : il envoya Jean Guitton, qui – sous prétexte qu’il était fât comme un dindon sentencieux – pensait manier la plume, afin de proposer un « échange » à Mgr Ducaud-Bourget : si les traditionnalistes évacuaient Saint-Nicolas-du-Chardonnet, on leur donnerait la basilique de Marie-Médiatrice… pour trois mois. La providence divine éclaira le vieux prélat qui refusa : cette basilique était éloignée de tout. De plus, le quartier où elle est située dans le 19e arrondissement, est devenu un véritable coupe-gorge. Donc, les catholiques resteraient à Saint-Nicolas… Marty alla même jusqu’à faire le siège de Jean-Paul II. Ce dernier lui demanda si les catholiques priaient dans cette église. « Pour prier, ils prient avec ferveur » lâcha le cardinal. « De quoi vous plaignez-vous ? Laissez-les prier… », répondit l’occupant du trône pontifical en guise de fin de non-recevoir…
(à suivre)
Hristo XIEP
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