Menée par son « frère et ami » argentin le rabbin Abraham Skorka, une délégation internationale d’intellectuels juifs a été reçue par le pape François en audience au Vatican ce matin 23 février. Ils venaient présenter une nouvelle édition de la Torah, la Bible juive, qui ne contient pas le Nouveau Testament puisqu’ils ne reconnaissent pas le Christ comme le Messie.
Se rencontrer autour de la Torah, «l’enseignement vivant du Dieu vivant», selon les termes de Jean-Paul II, revient à se rencontrer «autour du don du Seigneur, de Sa révélation, de Sa parole», a déclaré le Pape François. Qui continue :
La Torah «manifeste l’amour paternel et viscéral de Dieu, un amour fait de paroles et de gestes concrets, un amour qui devient alliance. Et justement cette parole alliance est riche de résonances qui nous rapprochent.» «Dieu, le plus grand et fidèle Allié» « a appelé Abraham pour former à partir de lui un peuple qui devienne une bénédiction pour tous les peuples de la terre, et rêve d’un monde dans lequel les hommes et les femmes soient alliés avec Lui et donc vivent en harmonie entre eux et avec la Création» a affirmé le pape qui a continué sur cette lancée : « «Au milieu de tant de paroles humaines qui poussent malheureusement à la division et à la compétition, ces paroles divines d’alliance ouvrent à nous des voies de bien à parcourir ensemble»,
On reste abasourdi à la lecture de ces mots qui prônent un certain messianisme juif qui prêche l’avènement futur d’un temps de bonheur sur terre, d’un meilleur des mondes, d’une paix universelle, par et grâce aux juifs. 2000 ans après la venue Christ, affirmer, comme le fait François, et sans aucun appel à la conversion des juifs au Christ, que le peuple hébreux toujours incrédule, qui a rejeté le Messie, est « une bénédiction pour tous les peuples de la terre, » et que Dieu « rêve d’un monde dans lequel les hommes et les femmes soient alliés avec Lui et donc vivent en harmonie entre eux et avec la Création », c’est nier de façon indirecte le Christ-Messie, le Salut de Dieu, la Lumière des nations, le Verbe fait chair.
Pour les chrétiens, l’avènement du Christ-Messie a clôt la mission positive du peuple juif dans l’histoire du salut. Le Salut a été donné aux hommes au temps de Jésus-Christ, par Marie fille de la lignée de David. Les temps judaïques et messianiques sont révolus. La vocation du peuple juif, préparer la venue du Messie dans le monde, est accomplie. La loi nouvelle a supplanté la loi ancienne écrite dans la torah, par l’apport de la Grâce, qui justifie et dirige la volonté d’agir en vue du Bien. Saint Thomas d’Aquin explique :
« La loi nouvelle, c’est-à-dire l’Évangile lui-même, est une loi inscrite dans le cœur. En effet, toute réalité existe et se définit par ce qui en elle est la valeur suprême ; or ce qui, dans la loi de la nouvelle alliance, est la valeur suprême, et en quoi tient toute sa puissance, c’est la grâce de l’Esprit, qui nous est donnée par la foi au Christ. »
Il est également, selon la saine Tradition catholique, interdit depuis la venue du Christ, d’accorder une place de choix à la Torah dans l’économie du salut. A Jean-Paul II, repris par François, qui professe l’idée erronée que la Torah, et donc l’Ancienne loi qui y est révélée, est encore aujourd’hui « l’enseignement vivant du Dieu vivant», Saint Thomas d’Aquin enseigne :
Les « actes de culte de l’Ancienne loi», écrit Thomas (103,4-Réponse) étaient signes du Christ qui devait naître et souffrir, tandis que les nôtres sont signes du Christ qui est né et qui a souffert. C’est pourquoi de même qu’un homme pécherait mortellement si, professant sa foi, il disait que le Christ doit naître (ce que nos pères disaient jadis avec dévotion et en toute vérité), de même on pécherait mortellement en observant de nos jours des rites cultuels que les générations d’autrefois ont observés avec dévotion et fidélité ».
François, depuis le temps où il était évêque de Buenos-Aires et multipliait les rencontres fraternelles avec les juifs, reste bien un fervent partisan du rapprochement « religieux » avec la communauté juive, et d‘une lecture toujours plus progressiste de Nostra Aetate. 50 après la promulgation de ce décret de Vatican II, la Rome moderniste a définit une nouvelle théologie du salut « qui nie la théologie de la substitution et interdit aux catholiques tout prosélytisme envers les Juifs. »
Pour mieux saisir la contre-vérité de ce message bergoglien en l’honneur de la Torah et du messianisme juif, pour mieux comprendre le fossé qui sépare l’ancienne loi de nouvelle, voici ci-dessous le témoignage émouvant d’un juif converti. Si ce dernier avait écouté le pape François il n’aurait pas accompli ce pas vers le Christ et aurait continué à suivre les préceptes de la Torah sans connaître la loi d’Amour de l’Évangile, la seule source de Salut et de paix pour le monde :
« Alors que le Juif s’attache à la Loi. C’est plus dur d’être chrétien que d’être Juif, parce que c’est plus dur d’aimer que de suivre une Loi.
On a tendance à croire que le Dieu des Juifs est le même que le Dieu des chrétiens. Oui bien sûr, et non pas du tout : cela dépend de quel point de vue on se place. Un Dieu trinitaire n’est pas concevable dans le judaïsme, ni un Dieu qui me rejoint dans mon humanité pécheresse, ni un Dieu qui se fait homme et dit qu’Il est venu non pas pour être servi mais pour servir, ni un Dieu qui meurt d’amour pour moi, ni un Dieu qui ne juge pas mais qui sauve. « Je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver ». Je radote, mais cette phrase de Jésus n’est pas concevable pour un Juif orthodoxe. Ni un Dieu qui m’aime et me prend tel que je suis avec mes manquements, mes tentations, mes failles, mes rechutes. Ni un Dieu qui respecte mon choix et ne s’impose pas à moi.
L’idée d’un Dieu qui m’a aimé le premier avant que j’aie fait quoi que ce soit pour Lui n’est pas familière aux Juifs, même s’Il s’est révélé par endroit dans la Bible. Dans le judaïsme, pour que Dieu m’aime, je dois appliquer à la lettre la Loi et plus je pratique la Loi plus je suis aimé de Dieu. C’est donnant donnant. D’ailleurs il y a des chrétiens qui en sont restés à cette idée-là. Ils n’ont pas intégré la bonne nouvelle de Jésus que Dieu nous aime paternellement. Avec le Dieu chrétien, j’ai découvert un autre Dieu, un Dieu qui m’aime pour ce que je suis, ce qui n’exclut pas bien sûr que je mène une vie morale puisque les règles morales sont l’école de l’amour. C’est tout le sens du « Aime et fais ce que tu veux » de saint Augustin. Une fois qu’on vit dans l’amour, on n’a plus besoin d’appliquer des lois extérieures, on les a intégrées. Ainsi, aller à la messe n’est plus une obligation mais une nécessité vitale qui découle de l’amour. » Jean-Marie Élie Setbon, in De la kippa à la Croix (Salvator)
Francesca de Villasmundo
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