Marco Tosatti, journaliste spécialisé sur le Vatican au quotidien italien La Stampa, vient de publier sur son blog, Stilium Curiae, l’histoire d’un prêtre colombien, Luis Alberto Uribe Medina, sanctionné par son évêque, Mgr Rigoberto Corredor pour avoir critiqué et exprimé son désaccord par rapport aux dispositions contenues dans Amoris Laetitia concernant la possibilité de communion pour des divorcés remariés civilement :
« La rumeur surréaliste qui courait vient malheureusement d’être confirmée. Un prêtre colombien a bien été suspendu a divinis par son Évêque pour avoir exprimé ses critiques et fait part de son désaccord avec la partie de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia qui concerne la communion des divorcés-remariés. La nouvelle a été donnée par Adelante La Fè qui a également publié un enregistrement du témoignage en espagnol du prêtre.
Luis Alberto Uribe Medina, c’est son nom, prêtre du diocèse de Pereira, a été convoqué par son évêque, Rigoberto Corredor. Selon le communiqué du diocèse, le Père Uribe Medina a « exprimé en public et en privé son refus du magistère doctrinal et pastoral du Saint Père, surtout en ce qui concerne le mariage et l’eucharistie ». […]
Le communiqué du diocèse affirme qu’à cause de sa position, le prêtre s’est « séparé publiquement de la communion avec le Pape et avec l’Église ». Par conséquent, sur base du Code de Droit Canon, il a été considéré comme apostat, hérétique et schismatique, frappé de suspension Latae Sententia et déchu de sa position ecclésiastique.
Selon Adelante la Fé, qui a consulté plusieurs « sources fiables », la faute de Père Uribe Medina c’est d’avoir refusé d’appliquer les nouvelles normes d’accès à l’eucharistie pour les divorcés-remariés dont le premier mariage est encore valide.
Des voix analogues faisant état de sanctions canoniques à l’égard de prêtres qui ne veulent pas appliquer les normes permissives d’Amoris Laetitia circulaient déjà à la suite du communiqué dans lequel les deux évêques de Malte, Scicluna et Grech, avaient formulé des normes interprétatives qui en pratique permettaient aux fidèles de décider eux-mêmes de communier quelle que soit leur situation matrimoniale. Une rumeur selon laquelle l’évêque de Gozo, Mario Grech, aurait menacé de suspendre a divinis les prêtres réfractaires avait un temps circulé sur les réseaux sociaux.
L’évêque a démenti cette information dans un communiqué sur la page Facebook du diocèse où il affirme que « ce qui a été rapporté par certains médias au sujet de l’évêque Mario Grech, en particulier sur le fait qu’il menacerait d’une suspension a divinis les prêtres qui refuseraient de donner la communion aux divorcés remariés est absolument faux ».
C’est certainement une bonne nouvelle mais qui n’améliorera pas beaucoup le climat général. Un contexte de pressions, de menaces, d’intimidations dont l’origine proviendrait de l’entourage direct du Pape François, si toutefois les sources d’un journaliste bien informé comme Edward Pentin sont exactes. Il avoue d’ailleurs n’avoir jamais assisté à une chose pareille en trente-cinq ans d’expérience professionnelle dans le domaine.
Nous voyons des prêtres et des religieux dire et faire tout et n’importe quoi (NdT : de la négation à Noël de la virginité de Marie par le jésuite Juan Masia à l’appel à des musulmans à venir prier dans la chapelle de l’aéroport de Milan) et persister dans cette attitude sans que personne ne songe à entraver leur liberté d’opinion et d’expression.
Une telle réaction témoigne non seulement de la véritable nature de cette miséricorde dont on parle tant mais surtout d’une certaine nervosité. Alors que la demande respectueuse et persévérante d’éclaircissements soumise au Pape dans les « dubia » s’amplifie, la peur que les doutes et les résistances ne se répandent pousse le successeur de Pierre à réagir avec cette rigidité qu’il méprise tant. Sale temps pour l’Église. Marco Tosatti. » (Traduction publiée sur le forum catholique Docteur angélique.)
Francesca de Villasmundo
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