6 ans après le Printemps arabe et 5 ans après l’intervention militaire qui a plongé la Libye dans le chaos, le parlement britannique accuse l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy et l’ancien Premier ministre britannique, David Cameron, d’avoir semé la mort et le chaos en Libye en 2011.
Le rapport parlementaire accuse les deux dirigeants de fauteurs de guerre en Libye et de malhonnêteté pour avoir agité le prétexte humanitaire pour justifier l’intervention de leurs troupes militaires, alors que les véritables motifs qui sous-tendaient cette action qui a largement débordé la résolution 1973 de l’ONU, sont restées obscures et inavouées. Pour les parlementaires britanniques qui ont mené l’enquête, ni David Cameron, ni Nicolas Sarkozy n’ont agi par souci humanitaire.
Le motif officiel fut la protection des populations de Benghasi aux mains des rebelles « modérés », alors que Mouamar Khadafi, le chef de l’Etat, entendait y rétablir l’ordre. En même temps qu’une campagne médiatique bien orchestrée battait son plein pour affoler l’opinion publique sur d’hypothétiques horribles massacres que ne manquerait pas d’accomplir l’armée libyenne sous autorité de Khadafi, une demande de résolution était présentée devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, pour permettre une intervention étrangère en Libye. Et c’est donc sur un procès d’intention, et sur de fausses allégations que la résolution a été obtenue. L’agression franco-britannique qui s’en est suivie est à l’origine du chaos actuel qui engendre l’immigration musulmane de masse en Union européenne.
Le rapport britannique s’insurge contre le postula suivant lequel sans intervention c’était le bain de sang assuré à Benghasi: « Plusieurs exemples dans le passé auraient pu indiquer la manière dont Kadhafi allait se comporter. (…) En 1980, Kadhafi a passé six mois à pacifier les rapports entre les tribus de la Cyrénaïque. Il y a fort à parier que sa réponse [à la rebellion de Benghasi] aurait été très prudente… La peur d’un massacre de civils a été largement exagérée » note le rapport.
Si la raison humanitaire invoquée n’était pas la bonne quelles motivations inavouables cachait-elle ?
le rapport retranscrit une conversation avec un membre des services secrets américains, expliquant avoir discuté avec l’un de ses homologues français à propos de l’engagement français en Libye. Pour les Britanniques, la France n’est pas intervenue pour sauver Benghazi, mais pour cinq autres raisons, bien différentes:
– S’emparer d’une partie de la production de pétrole libyenne
– Augmenter l’influence française en Afrique du Nord
– Améliorer la popularité de Nicolas Sarkozy en France
– Replacer l’armée française au centre de l’échiquier stratégique mondial
– Répliquer à la volonté de Kadhafi de remplacer la France comme puissance dominante en Afrique francophone.Cinq ans plus tard, note le rapport, la Libye est au bord du gouffre. Reprenant un rapport d’Human Rights Watch, les parlementaires notent que plus de deux millions de personnes nécessitent une aide humanitaire, que 400.000 Libyens ont été déplacés de force, et que les forces militaires en présence continuent de se livrer à de multiples exactions contre les populations civiles et combattantes. (Source AFP-BFMTV)
Sans compter la déferlante migratoire musulmane qui est en train de submerger l’Union européenne avec toutes les conséquences que cela implique en terme de population, de religions et de civilisations.
Pour une intervention humanitaire, le bilan est un fiasco complet. L’ ‘abominable dictateur’ Kadhafi aurait-il pu faire aussi mal? Certainement pas!
Parmi les motifs de l’intervention française pour abattre le régime de kadhafi, les liens de Nicolas Sarkozi avec l’Arabie saoudite, le Qatar et Israël, ne sont pas les moindres. Ces pays pour diverses raisons, stratégiques, économiques et religieuses, avaient intérêt à voir disparaître du Moyen-Orient des régimes multi-confessionnels, comme l’Irak, la Libye et la Syrie. L’Irak? Les USA sous le prétexte d’un faux rapport l’ont agressé, bombardé, envahi et détruit dés 2003. La Libye ? les autorités françaises et britanniques, appuyées par l’OTAN s’en sont chargé en 2011. La Syrie aurait subi le même sort sans les diverses interventions (diplomatiques et militaires) de la Russie. Moscou ne s’est pas laissé rouler dans la farine une deuxième fois, néanmoins les pays étrangers intéressés à sa dislocation ne l’en laissent pas quitte et poursuivent sa destruction par groupes islamistes interposés.
Une arnaque pour neutraliser le véto de la Russie à l’ONU
C’est en plein Printemps arabe, fomentés par les services spéciaux de pays étrangers régionaux et occidentaux, que Sarkozy pour la France et David Cameron pour le Royaume-Uni, en accord avec l’ONU et soutenus par l’OTAN (les USA, l’UE, la Turquie et Israël), ont décidé d’envoyer leur armée respective pour soutenir les rebelles et renverser le pouvoir du colonel Khadafi qu’ils ont livré dans un traquenard odieux, à une indescriptible cruauté des rebelles prétendus modérés qu’il soutenaient. Sans cette agression étrangère, le pouvoir libyen avait peu de chances de s’effondrer.
Comme pour l’agression de l’Irak par les Etats-Unis, le prétexte invoqué pour justifier cette agression et pour emporter l’adhésion du Conseil de Sécurité de l’ONU n’était qu’un mensonge! En 2011, il s’agit officiellement d’éviter que Benghazi, ville rebelle du nord du pays, ne subisse le martyre que lui réserve Mouammar Kadhafi, celui qui est présenté en boucle par les médias mainstream comme un implacable dictateur assoiffé de sang, qui règne sur la Libye en despote depuis 41 ans.
Au moment de l’intervention franco-britannique, la Libye était un pays prospère, en paix, dans lequel le terrorisme islamique ne commençait seulement qu’à pointer son nez à cause de l’agitation sournoise des Printemps arabes fomentés de l’étranger pour des raisons inavouables, dont le prétexte était la démocratie.
L’intervention en Libye: une leçon que la Russie n’oublie pas
L’autorisation de l’intervention accordée par le Conseil de Sécurité de l’ONU a été largement outrepassée sans que pour autant l’ONU ait eu l’opportunité de condamner cet abus par la suite. Pour que l’intervention ait obtenu le blanc-seing du Conseil de Sécurité il a fallu tromper sciemment des pays comme la Russie et la Chine. La résolution 1973, adoptée le 17 mars 2011 par le Conseil de sécurité de l’ONU, autorisait les États membres, agissant à titre individuel ou au sein d’organisations régionales, à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils libyens, sans attenter au pouvoir légitime.
Lorsqu’en 2012, non contente d’avoir dévasté l’Irak et la Libye, la coalition qui a intérêt au démembrement du Moyen-Orient s’apprête à réitérée la même opération en Syrie, la Russie, forte de l’expérience cuisante de Libye n’est plus prête à faire crédit aux allégations invoquées ainsi que l’expliquait Vitaly Tchourkine, Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l’ONU, alors qu’un même scénario était échafaudé pour une intervention en Syrie.
V. Tchourkine, explique dans une longue interview que « ce qui s’est passé en Libye dans la réalité a influencé notre façon de penser sur la question syrienne » .
« On a assuré aux membres du Conseil de sécurité que la résolution 1973 [NDLR : la seconde résolution sur la Libye] ne signifiait pas ‘changement de régime’, qu’il s’agissait uniquement de protéger les populations civiles, ce qui nécessitait qu’on élimine quelques installations anti-aériennes mais ce ne serait en aucun cas une opération militaire majeure , explique l’ambassadeur russe. Puis, très vite, on nous a dit qu’il fallait en fait changer le régime et s’attaquer à Kadhafi pour appliquer la résolution. C’est quelque chose que nous n’avons pas apprécié, car nous étions en face d’un cas flagrant de détournement des prérogatives du Conseil de sécurité, ce qui portait atteinte au prestige du Conseil et à sa capacité d’agir efficacement à l’avenir » .
Pour la Fédération de Russie, l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, il n’était pas question de laisser le scénario libyen se reproduire : « Dans le cas de la Syrie, nous avons vu ce projet de résolution, qui ne contenait pas de sanctions particulièrement sévères, mais qui entraînait le Conseil de sécurité et la communauté internationale sur la voie de l’affrontement avec la Syrie, et qui attisait aussi l’affrontement à l’intérieur du pays » . D’où le veto russe, conjugué à celui de la Chine.(…) nous voyons sur la base de l’expérience libyenne et aussi, dans un contexte différent, dans le cas des sanctions contre l’Irak, que nous sommes face à un phénomène nouveau, les résolutions du Conseil de sécurité étant simplement considérées par certains pays comme « une gâchette ».
Et c’est ce que nous avons vu dans le contexte de la Libye. Les membres du Conseil avaient reçu des garanties selon lesquelles la résolution 1973 ne déboucherait pas sur un changement de régime. Non pas que nous fussions préoccupés par le changement de régime. En fait, la Russie ne se posait même pas ce genre de question. Mais selon les garanties reçues, il s’agissait uniquement de la protection des civils : « Nous pouvons avoir besoin de nous occuper de certaines installations anti-aériennes, mais ce ne sera en aucun cas une opération militaire de grande envergure ». Après toutes ces garanties, on nous a dit : « en fait, nous ne pourrons pas appliquer cette résolution sans un changement de régime et il nous faut donner la chasse à Kadhafi ». (Source Russia beyond the headlines)
Aujourd’hui David Cameron n’est plus Premier ministre du Royaume-uni, le référendum en faveur du Brexit a eu raison de lui. Mais Nicolas Sarkozy a, lui, le toupet de se représenter pour le mandat suprême devant les électeurs français, alors qu’il est, (avec François Hollande pour la Syrie) l’un des principaux responsables de la déferlante migratoire musulmane qui s’abat depuis 2014 sur la France. Nicolas Sarkozy n’a pas seulement mis le feu au Moyen-Orient, il a, en plus, mis le pied à l’étrier, en France, à un changement de civilisation par son action au ministère de l’Intérieur et des cultes en créant le Conseil Français du Culte Musulman en 2003. Ainsi Nicolas Sarkozy a donné à l’islam la protection d’une religion d’État sans aucune contrepartie.
Le nouveau pouvoir britannique issu du référendum sur la sortie du Royaume-uni de l’Union européenne, semble bien disposé à rappeler à leurs responsabilités les hommes politiques fauteurs de guerres et de chaos. On comprend la mine grave des dirigeants de l’Union européenne (A. Merkel, F. Hollande) rassemblés au sommet de Bratislava, hier, dans le but avoué de « sauver » cette construction artificielle, honnie des peuples.., mais surtout de sauver leurs fesses…
Ce rapport accablant du Parlement britannique, devrait logiquement trainer les deux hommes devant la justice internationale en raison du nombre de morts, du chaos, et de l’immigration de masse dans lesquels ils ont plongé le Moyen-Orient et leurs propres pays. Souhaitons que ce rapport ne soit pas un moyen de pression sans lendemain, établi seulement pour négocier de façon avantageuse la sortie du pays de l’UE. Ceci alors que se poursuivent au Moyen-Orient les mêmes manœuvres criminelles de la coalition américaine.
Photo: Nicolas Sarkozy et David Cameron à l’aéroport de Benghasi le 15 septembre 2011, avec derrière eux, Bernard-Henry Levy, éminence grise de cette catastrophe humanitaire qui a répandu le terrorisme islamique partout en Afrique également.
emiliedefresne@medias-presse.info
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