Le Luxembourg a voté il y a un mois sa loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat.
La première conséquence pratique est d’abord financière, le duché finançait en effet l’Eglise catholique à hauteur de 28 millions d’euros par an. Dorénavant, il n’en sera plus ainsi. Dans une phase transitoire une partie du subventionnement publique perdurera, mais intégrera également d’autres religions :
-Catholicisme: 6,75 millions d’euros
-Islam: 450 000 euros
-Protestantisme: 450 000 euros
-Judaïsme: 315 000 euros
-Orthodoxie: 285 000 euros
-Anglicanisme: 125 000 euros
Bien plus grave, et preuve évidente d’une volonté d’une plus grande déchristianisation du Luxembourg, les cours de catéchisme sont supprimés des écoles pour être remplacés par des «cours commun d’éducation aux valeurs» aux dimensions « philosophiques » et inter-religieuses.
Naturellement, comme d’habitude depuis 60 ans, l’Eglise conciliaire s’est faite la complice de cette destruction du christianisme luxembourgeois. Les paroles de Mgr Jean-Claude Hollerich, l’archevêque jésuite du Luxembourg, sur ce sujet, sont sans équivoque :
« Le système actuel des relations entre les cultes et l’État est globalement bon, même si nous sommes d’accord qu’il faut y apporter des corrections, dans le domaine de l’égalité entre les cultes par exemple »
Dans la présentation publique de cette loi diffusée sur le site du diocèse, il n’est fait mention que de sondage, d’opinion, d’évolution sociétale etc…Dans cette nouvelle Eglise issue du concile, la vérité religieuse a disparu pour laisser la place à une sorte d’expression et d’adaptation ecclésiale démocratique.
Qui plus est, la seule réponse publique à cette convention inique est inter-religieuse et publiée sur le site du diocèse, et il n’est fait mention que de « droit de l’homme », d’union européenne, d' »égalité de traitement des cultes » et compagnie…
Une Eglise conciliaire aux mains de la secte maçonnique n’est pas une vue de l’esprit ni une obsession pour une théorie du complot, mais simplement une réalité qu’une fois encore on ne peut que constater.
Il faut se rappeler que tant le Portugal, que l’Espagne ainsi que nombre de pays d’Amérique Latine avaient du eux aussi changer leur constitution pour séparer l’Eglise et l’Etat à la demande du Vatican juste après le concile Vatican II ! Il en fut de même en Suisse dans le Valais.
C’est le constat qu’avait fait Mgr Lefebvre dès 1978 à Ecône le 8 juin dans une conférence à ses séminaristes :
« Et plus les choses s’éclairent, et plus nous nous apercevons que ce programme qui a été élaboré dans les loges maçonniques – tout ce programme, toutes ces erreurs ont été élaborées dans les loges maçonniques – et bien on s’aperçoit tout doucement et avec des précisions de plus en plus grandes qu’il y a tout simplement une loge maçonnique au Vatican. »
Les catholiques sont hélas bien souvent imbus de cette erreur, trompés par les hommes d’Eglise. Le pape Saint Pie X dans son encyclique Vehementer nos du 11 février 1906 avait rappelé ce qu’il fallait penser d’une telle erreur :
« Qu’il faille séparer l’État de l’Église, c’est une thèse absolument fausse, une très pernicieuse erreur.
Basée en effet sur ce principe que l’État ne doit reconnaître aucun culte religieux, elle est tout d’abord très gravement injurieuse pour Dieu ; car le Créateur de l’homme est aussi le Fondateur des sociétés humaines, et il les conserve dans l’existence comme il nous y soutient. Nous lui devons donc non seulement un culte privé, mais un culte public et social pour l’honorer.
En outre, cette thèse est la négation très claire de l’ordre surnaturel. Elle limite en effet l’action de l’État à la seule poursuite de la prospérité publique durant cette vie, qui n’est que la raison prochaine des sociétés publiques ; et elle ne s’occupe en aucune façon, comme lui étant étrangère, de leur raison dernière, qui est la béatitude éternelle proposée à l’homme quand cette vie si courte aura pris fin. Et pourtant l’ordre présent des choses, qui se déroule dans le temps, se trouvant subordonné à la conquête de ce bien suprême et absolu, non seulement le pouvoir civil ne doit pas faire obstacle à cette conquête, mais il doit encore nous y aider.
Cette thèse bouleverse également l’ordre très sagement établi par Dieu dans le monde, ordre qui exige une harmonieuse concorde entre les deux sociétés. Ces deux sociétés, la société religieuse et la société civile, ont en effet les mêmes sujets, quoique chacune d’elle exerce dans sa sphère propre son autorité sur eux. Il en résulte forcément qu’il y aura bien des matières dont la connaissance et le jugement sera du ressort de l’une et l’autre. Or, qu’entre l’Etat et l’Eglise l’accord vienne à disparaître, et de ces matières communes pulluleront facilement les germes de différends, qui deviendront très aigus des deux côtés ; la notion du vrai en sera troublée et les âmes remplies d’une grande anxiété.
Enfin, cette thèse inflige de graves dommages à la société civile elle-même, car elle ne peut pas prospérer ni durer longtemps lorsqu’on n’y fait point sa place à la religion, qui est pour l’homme une règle suprême et souveraine maîtresse pour protéger inviolablement ses droits et ses devoirs ».
Dans les circonstances actuelles où l’on parle de façon persistante d’un éventuel accord entre la FSSPX fondée par Mgr Lefebvre et la Rome moderniste, il est très intéressant de rappeler ce récit de Mgr Lefebvre qui raconte un échange qu’il a eu avec la cardinal Ratzinger au sujet de cette séparation de l’Eglise et de l’Etat :
« J’ai dit au Cardinal : Voyez, même si vous étiez disposé à nous apporter beaucoup de choses, – beaucoup de privilèges, d’une certaine manière -, privilège de dire l’ancienne messe, privilège de garder les livres du Pape Jean XXIII de 1962, si vous accordiez de pouvoir continuer nos séminaires, eh bien nous pourrions quand même difficilement collaborer. Très difficilement. Parce que nous n’avons plus la même orientation : vous, depuis le Concile Vatican II, vous êtes pour la diminution du règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous voulez déchristianiser la société civile, déchristianiser l’Etat (et c’est ce qu’ils ont fait en réalité).
[…] le Cardinal Ratzinger m’a dit : Mais, Monseigneur, enfin, les sociétés ne doivent pas être catholiques, elles ne doivent pas avoir de religion. Parce que ce ne sont pas des créatures du Bon Dieu comme la Famille. Alors, elles ne doivent pas avoir de religion. Non ! Non ! La société est incompétente en matière de religion. Il m’a dit : Incompétente en matière de religion. »
Quelques décennies plus tard, rien n’a changé. L’Eglise conciliaire continue inlassablement son oeuvre de destruction.
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