subutex

Le Subutex ou buprénorphine est un substitut de la morphine et en général des opiacés. Depuis 1998 il est utilisé en médecine chez les toxicomanes pour les débarrasser progressivement de leur addiction. Mais très vite un détournement en a été fait. Les drogués tout simplement faisaient fondre les comprimés dans de l’eau et se l’injectaient comme ils l’auraient fait avec de la cocaïne ou de l’héroïne. Le Subutex devenait ainsi « la drogue du pauvre ». Un certain nombre de toxicomanes allait de médecin en médecin pour se constituer des stocks qu’ils utilisaient pour eux ou qu’ils revendaient au marché noir. Théoriquement il appartenait à la Sécurité sociale de dépister les abus ; ce qui était rarement fait.

Fin mars 2007 un scandale éclate. En région parisienne, six pharmaciens, trois médecins de Paris et plusieurs complices sont arrêtés. Ils ont établi une véritable filière entre eux. Les médecins faisaient des dizaines d’ordonnances de Subutex et de Skénan -un autre dérivé de la morphine- à des dealers qui revendaient à prix d’or ces produits dans les pays de l’Est. Les condamnations furent de l’ordre de trois à dix ans de prison selon l’implication des fraudeurs dans ce trafic. Le préjudice au détriment de la Sécurité Sociale a été estimé à 500.000 euros.

Toutefois il est bon de savoir que depuis 2003 plus de 300 médecins ont été interdits d’exercice pour s’être laissés entraîner dans ce genre d’activités illégales. Plusieurs dealers partis vers l’étranger avec des quantités de ces produits furent même exécutés (Singapour, Maurice etc.).

Le 28 novembre dernier, un médecin de la Moselle le Dr Jacques Furlan, alors maire de Hombourg-Haut, est passé devant le tribunal de Sarreguemines pour avoir prescrit du Subutex à des personnes qui n’en avaient pas besoin ; lui aussi était en cheville avec un pharmacien. De fin mars 2011 à avril 2013, il avait prescrit près de 25.000 ordonnances de Subutex à quelque 285 patients différents. Le préjudice pour la Sécurité sociale est provisoirement estimé au moins à 165.000 euros.

Comment la fraude a-t-elle été découverte ? Un pharmacien concurrent jaloux avait repéré le manège et avait dénoncé son confrère. Un employé de la Sécurité sociale a alors cherché et trouvé curieux qu’un élu avec d’importantes responsabilités, puisse faire tous les jours environ 80 ordonnances.

L’Ordre des Médecins a décidé de suspendre le médecin en attendant le jugement. De la prison a été requis contre ce praticien à la plume légère.

Dr Jean-Pierre Dickès

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