L’homme 2.0 est un homme de confort. Il est d’ailleurs lui-même confortable. Nous y reviendrons.
En fait, depuis que l’homme s’est auto-proclamé « centre de toutes choses », il s’est confortablement installé dans un humanisme à travers lequel il est à la fois juge et coupable. Le péché originel ayant révélé le désir insoutenable de l’homme de se voir nu, il convient que l’homme éclairé et raisonnable remplace le jugement divin par celui de sa propre conscience. Une conscience bien éclairée par la loi, devenu la ligne rouge qui bouge, mais qui fixe indéniablement son rayon sur ceux qui contestent sa légitimité, c’est à dire que :
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L’ « esprit des lois » né de la démocratie moderne, oblige à l’homme 2.0 à y voir le remplacement de la loi divine. Ce qui est voté par la majorité fait office de loi morale indiscutable, étant la volonté générale, celle des hommes, celle de l’homme.
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L’homme 2.0 croit qu’il est bon par nature, et par conséquent que son désir est bon, quel qu’en soit l’objet. Ce désir peut s’étendre jusqu’aux frontières de l’homme de façon intégrale.
Tout désir de Dieu appartient au fanatisme. L’homme 2.0 doit recevoir comme vraie la sourate de Voltaire : « Prions avec le peuple, résignons-nous avec les sages » (article « prière » du Dictionnaire philosophique, au cas où l’homme 2.0 verrait ce terme apparaître sur l’un de ses écrans tactiles).
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L’enfant 2.0 doit apprendre à connaître son désir. Et ses parents, si possible en couple, sont deux hommes ou deux femmes. Ils (je n’ai pas encore connaissance d’un pronom neutre) ont à lui servir d’exemple sur les moyens d’épanouir son désir. Tout couple hétéro 2.0 n’éduque pas son enfant, il le confie à l’école jusqu’au bac, puis le laisse libre, majeur et consentant. Tout couple homo n’éduque pas son enfant, il lui sert de modèle d’amour et de tendresse.
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L’enfant 2.0 ne doit pas se comparer aux autres. Il est les autres. Il est les filles et les garçons qu’il croise dans la cour ou sur le « réseau ». Il est fille ou garçon. Si son désir est plus fort que sa propre conscience, même avant l’âge de raison.
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L’homme 2.0, parce qu’il est un homme de confort, parce qu’il est au centre, doit obéir à son propre désir, qui est le centre de lui-même. Si son désir de lui-même ne lui est toujours pas permis par la loi, il peut et doit faire de son désir force de loi. Et donc obliger l’autre. L’homme 2.0 est un consommateur de l’autre. Il veut posséder la « page » de l’autre, c’est à dire la vie de ses « amis » offerte en libation.
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L’homme 2.0 voulant convertir son désir en acte libre (il a bien retenu le « j’agis donc je suis » de Sartre et le « je jouis donc je suis » de Sade), ce dernier doit être un consommateur intégral de l’autre, selon son « pouvoir d’achat ». Ce qu’achète l’autre, ce que possède l’autre, ce qu’est l’autre. L’homme 2.0 veut autant la Justine de banlieue faisant la une du premier porno venu, que la maternité de ses voisins (filles ou garçons). Le désir de l’enfant supplée à toute loi individuelle ou collective, et doit être assouvi en toute circonstance.
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La femme 2.0 désirant être mère, ne doit pas être contrainte par la nature ou par la loi. La volonté générale étant supérieure à la conscience individuelle, il est par conséquent logique que la loi abatte les obstacles à la maternité artificielle ou administrative. Si la femme 2.0 veut être parent 1 ou 2, elle le peut grâce au don d’autrui, ou selon son pouvoir d’achat. L’homme 2.0 reste quant à lui mère par nature. Cette maternité lui venant de la Terre Mère, elle fait de l’homme 2.0, à chaque naissance, un être consommable. Car tout ce qui vient de la terre est bon par nature. « Ils virent que le fruit était bon à manger » (Genèse).
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L’homme 2.0 n’a besoin de la compagnie de ses semblables qu’au sein du « réseau », que ce dernier soit social ou contraint par la loi. Internet lui permet de tout faire de chez lui, dans le confort 2.0 : faire ses courses, prendre des cours, discuter, s’amuser, s’informer, travailler, rencontrer, aimer. Toute activité extérieure doit être conduite par le désir, et garder celui-ci pour fin.
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L’homme 2.0 ne vote que pour les candidats autorisés par la loi morale. La loi civile devenue aux ordres de la volonté générale, celle-ci doit se plier au désir de celle-là.
La République est à tous, mais elle fixe selon son désir les limites à l’action politique. Si par déclaration solennelle ou par consensus médiatique (ce qui revient au même), elle déclare un homme ou un parti hors du champ républicain, ce dernier doit être contraint au silence, voire à être poursuivi s’il le faut. Tout candidat s’opposant à la volonté générale décrétée par voie médiatique, ou déclaration solennelle, doit être qualifié d’ « extrémiste », de « haine », ou de « bête immonde ». Ainsi l’homme 2.0 doit-il fuir un tel candidat, s’il veut préserver TV câblée et équipements 2.0.
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L’homme 2.0 doit accepter et promouvoir l’idée qu’il n’y a qu’un monde, et qu’il est à chacun. Dans la consommation de l’autre, il devient consommateur de lui-même. Dans la consommation de ce monde, il rappelle son autorité sur lui, et dans la consommation de l’autre, il se persuade d’exister.
Ainsi parlait Ray Kurzweil1 : « Je suis convaincu que nous finirons par nous affranchir de cette planète pour essaimer à une vitesse exponentielle et de l’univers, dont nous aurons transformé une large partie en puissance informatique intelligente. Je ne vois pas ce qui pourrait se rapprocher davantage d’une représentation de Dieu. »
1:Kurzweil fait partie de l’Army Science Advisory Board, chargé de conseiller l’armée américaine dans les domaines scientifiques et techniques. Il a témoigné devant le Congrès sur le thème des nanotechnologies. Il voit un potentiel considérable dans cette science pour résoudre des problèmes mondiaux comme le changement climatique.
Il prévoit que des nanorobots seront utilisés pour maintenir le corps humain en bonne santé et prolonger la durée de vie humaine.
Kurzweil a souligné l’extrême danger des nanotechnologies mais fait valoir que, dans la pratique, les progrès ne peuvent pas être arrêtés, et toute tentative de le faire ne fera que retarder les progrès des technologies de défense plus que les malveillantes, augmentant ainsi le danger. (source Wikipédia)
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