Sanctoral
Saint Martin Premier, Pape et Martyr
Saint Martin, natif de la Toscane, se rendit célèbre dans le clergé de Rome par son savoir et sa sainteté. À son élection au souverain pontificat, Rome retentit d’allégresse; le clergé, le sénat et le peuple en témoignèrent une satisfaction extraordinaire, et l’empereur approuva cet heureux choix. Martin ne trompa point l’espoir de l’Église; la piété envers Dieu et la charité envers les pauvres furent ses deux règles de conduite. On était sûr de le trouver en prière, ou occupé des malheureux, ou absorbé par les soins multiples de sa charge. Son plus grand soin fut de maintenir dans l’Église l’héritage précieux de la vraie foi. Le grand Pape se vit un moment dans la situation la plus critique, et accablé sous le nombre des ennemis spirituels et temporels du Saint-Siège. Contre l’hérésie du monothélisme, qui relevait la tête, il assemble, dans l’église de Latran, un concile de cinq cents évêques, où les principaux chefs des hérétiques sont condamnés.
Poussé par les sectaires, l’empereur Constantin II, sous prétexte d’une trahison à laquelle Martin aurait pris part, fait saisir le Pape et le met en jugement. On le traite comme un misérable, et on amène devant lui vingt accusateurs pour l’accabler de faits imaginaires. Martin, voyant qu’on va les faire jurer sur le livre des Évangiles: « Au nom de Dieu, s’écrie-t-il, dispensez-les d’un serment sacrilège; qu’ils disent ce qu’ils voudront. Et vous, magistrats, faites votre oeuvre. » Et sans se donner la peine de répondre à toutes les accusations formulées contre lui, il se contente de dire : « Je suis accusé pour avoir défendu la foi ; je vous attends au jour du jugement. » Un soldat vient dépouiller Martin de ses ornements pontificaux; réduit à un dénuement complet, chargé de fers, le Pape est traîné, dans cet état, à travers les rues de la ville de Constantinople, où il avait été amené. Après plusieurs jours de prison, ayant dit adieu aux membres du clergé qui l’avaient suivi, le martyr part pour l’exil. La Chersonèse, où il fut relégué, était désolée par la famine; il eut à y endurer pendant deux ans des souffrances et des privations pires que la mort; mais il supporta tout avec une résignation parfaite.
Il mourut le douze novembre, après s’être signalé par plusieurs miracles. Quelque temps après, son corps fut transporté à Rome, et déposé dans l’église consacrée à Dieu sous le nom de saint Sylvestre et de saint Martin. Il gouverna l’Église six ans, un mois et vingt-six jours. En deux ordinations, faites au mois de décembre, il ordonna onze Prêtres et cinq Diacres et sacra trente-trois Évêques pour divers lieux.
Saint Ruf (ou Rufus), Premier évêque d’Avignon
C’est une ancienne tradition de l’Église d’Avignon que saint Ruf, son premier évêque, était fils de ce Simon le Cyrénéen qui aida Jésus à porter sa Croix. On dit que Simon avait quitté la Libye et la ville de Cyrène, sa patrie, après la perte de sa fortune, et qu’il était venu à Jérusalem avec ses deux fils Alexandre et Rufus. Ayant été témoin des merveilles qu’opérait Jésus, il crût en Lui et fût compté parmi Ses disciples. Après l’Ascension du Sauveur, Ruf s’attacha à saint Paul et vint à Rome avec le Docteur des nations.
C’est de lui, on le croit, que parle saint Paul, dans l’Épître aux Romains, lorsqu’il dit : « Saluez Rufus, élu dans le Seigneur », — bref éloge qui montre suffisamment la sainteté du bienheureux Ruf. Il suivit saint Paul en Espagne où cet Apôtre l’établit chef de l’Église de Tortosa naissante. Sur la demande des habitants de Valence émus des merveilles opérées à Tortosa, il envoya dans cette ville quelques-uns de ses disciples pour y porter la lumière de l’Évangile. Il passa ensuite les Pyrénées avec Paul-Serge, que l’Apôtre des gentils avait ordonné évêque de Narbonne, et vint fonder l’Église d’Avignon. Il propagea l’Évangile d’une manière étonnante dans la contrée et fit bâtir, dit-on, une chapelle sur le rocher, où, selon la tradition, Charlemagne fit élever plus tard la basilique de Notre-Dame des Doms.
Comblé d’années et de mérites, saint Rufus s’endormit dans le Seigneur vers l’an 90. Le Martyrologe romain le mentionne le 12 novembre, les Églises d’Avignon et de Tortosa célèbrent sa fête le 14 du même mois. Son corps a reposé pendant de longs siècles dans l’oratoire qu’il avait fondé. Lorsque la congrégation des chanoines dite de Saint-Ruf se transporta à Valence en Dauphiné, les reliques du Saint furent placées dans la cathédrale d’Avignon et renfermées dans une châsse d’argent. Des mains sacrilèges les ont profanées et dispersées pendant la Révolution.
Bienheureux Jean de la Paix, Soldat, Tertiaire Franciscain
Jean Cini était le fils de parents distingués et naquit à Pise en 1353. Il était soldat de profession et rejoignit autrefois d’autres citoyens de sa ville natale dans une guerre contre la république florentine. La compagnie à laquelle il était rattaché tomba dans une embuscade tendue par l’ennemi. Presque tous ses compagnons furent tués, et ce ne fut que grâce à une dispense spéciale de la Providence qu’il s’en sortit indemne. Rempli de gratitude pour cette faveur, il jura de passer le reste de sa vie au service de Dieu. Mais les liens du mariage l’empêchant d’entrer dans un couvent, il entre dans le Tiers-Ordre de Saint-François.
À partir de cette époque, il mena une vie pénitentielle stricte, porta une lourde chaîne de fer comme ceinture près de son corps et pratiqua de nombreuses autres formes de mortification. La plus grande partie de son temps était consacrée aux œuvres de piété et de charité. Le bienheureux Jean de la Paix fonda à Pise une société pieuse dont les membres contribuaient régulièrement à un fonds commun qui était secrètement distribué aux pauvres gens qui avaient honte de mendier. Il réussit à implanter un esprit de charité si solide dans cette confrérie, que tant que l’organisation existait, c’est-à-dire jusqu’aux troubles de la Révolution française à la fin du XVIIIe siècle, cette noble œuvre se poursuivit.
Dieu lui-même a voulu que le bienheureux Jean de la Paix prenne soin des pauvres timides, recherchant les pauvres timides et leur apportant secrètement l’aumône, ce qu’il n’aurait pas pu faire s’il avait été dans un couvent. Jean mourut d’une mort bénie le 12 novembre 1433 et fut enterré au cimetière de Pise. Ses concitoyens érigent un magnifique mémorial sur sa tombe, et les fidèles s’y rendent en grand nombre pour invoquer son intercession auprès de Dieu. En 1856, sa dépouille fut transférée à l’église du couvent des frères mineurs de Pise et le pape Pie IX confirma sa vénération. La fête du bienheureux Jean Cini ou bienheureux Jean de la Paix, comme on l’appelle plus souvent, est célébrée le 12 novembre par les franciscains.
Martyrologe
Saint Martin Ier, pape et martyr, dont l’anniversaire est mentionné le 16 des calendes d’octobre (16 septembre).
A Vitebsk, en Pologne, la passion de saint Josaphat, de l’Ordre de saint Basile, évêque de Polotsk et martyr, cruellement massacré par les schismatiques en haine de l’unité et de la vérité catholiques. Il a été inscrit au catalogue des saints martyrs par le pape Pie IX, et sa fête se célèbre le 18 des calendes de décembre (14 novembre).
A Alcala, en Espagne, l’anniversaire de saint Didace confesseur, de l’Ordre des Frères Mineurs, célèbre par son humilité. Il a été inséré au catalogue des saint par le souverain pontife Sixte-Quint; sa fête se célèbre le jour suivant.
En Asie, la passion des saints évêques Aurèle et Publius.
A Esschen, en Belgique, saint Liévin, évêque et martyr. Après avoir converti beaucoup d’infidèles à la foi du Christ, il fut mis à mort par les païens. Son corps fut par la suite transféré à Gand.
Près de Casimir, en Pologne, les saints ermites martyrs Benoît, Jean, Matthieu, Isaac et Christian. Tandis qu’ils célébraient le service divin, ils furent cruellement tourmentés et mis à mort par des brigands.
Près du bourg de Sergines, au territoire de Sens, saint Paterne, moine et martyr. Des voleurs, qu’il rencontra dans la forêt et qu’il exhorta à changer de vie, le mirent à mort.
A Avignon, saint Ruf, premier évêque de cette ville.
A Cologne, la mise au tombeau de saint Cunibert évêque.
A Taragona, en Espagne Tarraconaise, le bienheureux prêtre Emilien, qui brilla par un nombre prodigieux de miracles. Saint Braulion, évêque de Saragosse, a écrit sa vie admirable.
A Constantinople, saint Nil abbé. Sous Théodose le Jeune, il renonça à la charge de préfet de la ville, se fit moine, et devint célèbre par sa doctrine et sa sainteté.
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