Pourquoi Benoît XVI puis Jorge Bergoglio se sont-ils rendus en Turquie alors qu’il n’y a pratiquement plus aucun catholique dans ce grand pays ?
Benoît XVI et son successeur ont prétendu qu’il s’agissait d’aller plaider la cause des chrétiens d’Orient persécutés. Il est tout-de-même surprenant pour un pape de se rendre dans un pays où il n’a que très peu de fidèles à exhorter. Ainsi, François, après sa prière à la mosquée est allé prier avec les chrétiens, célébrant la messe dans la petite cathédrale latine du Saint-Esprit devant les responsables des différents rites. Puis il est allé prier dans une église orthodoxe et donc de fait schismatique. Dans la journée il a ainsi prier dans trois cultes religieux différents.
« Dehors, dans la rue, aucune banderole, aucune photo n’indiquait la venue du pape François. Une visite qui pour la grande majorité des Stambouliotes restera un non-événement. » Selon l’envoyé de RFI
Et si ces deux étranges voyages des deux papes successifs n’avaient en réalité rien de réellement religieux mais tout de politico-diplomatique ?
Les deux papes sont allés prier dans une mosquée au Moyen-Orient même, alors que c’est le plus mauvais signe qui pouvait être envoyé aux chrétiens du Moyen-Orient qui souffrent des persécutions de l’Etat Islamique. Jamais un musulman radical et égorgeur ne pourra se laisser toucher par ce geste de dhimmi, (de soumission). Un tel geste ne peut entrainer de la part des islamistes que le plus grand mépris et pour les chrétiens, la plus grande humiliation. Pour les catholiques qui connaissent encore les principes traditionnels de l’Eglise, ces gestes ne peuvent être compris que comme des scandales et des contre-témoignages.
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En Europe un tel geste ne peut être interprété par les jeunes que comme une humiliation qui les pousseront dans les bras de l’Etat Islamique ou tout au moins vers la mosquée du coin. Après cela allez convertir un orthodoxe ou un musulman!
A qui profite le crime ?
Jésus aurait préféré dire: « on juge l’arbre à ses fruits. » Alors essayons d’expliquer ces deux incompréhensibles voyages de deux papes successifs; quels sont les fruits de ces deux voyages ? A qui, cette corbeille de fruits pourrait-elle être offerte puisque de toute évidence cela ne peut pas profiter aux chrétiens ? C’est à ces fruits qu’on pourra juger de la qualité de l’arbre.
Jorge Bergoglio déclare dans son avion de retour de Turquie: «Je suis allé en Turquie en pèlerin et non en touriste. La raison majeure était de vivre la fête de Saint André avec le Patriarche Bartolomée. Je suis donc venu pour un motif religieux. Quand je suis allé dans la mosquée, il n’était pas question pour moi de dire, et maintenant ‘je suis un touriste’. Toute cette visite était religieuse. »
Essayons de décrypter ! Officiellement François est donc parti de Rome pour célébrer la fête d’un des deux apôtres avec le patriarche de Constantinople. Ce patriarche qu’il a déjà rencontré à l’occasion de sa visite à Jérusalem.
Et si le geste renouvelé en direction de l’Islam et celui en direction du patriarche de Constantinople, étaient liés?
On nous annonce à grand fracas que le patriarcat de Constantinople serait LE patriarcat œcuménique orthodoxe… Benoît XVI et à son tour Jorge Bergoglio voudrait-il introniser le patriarche de Constantinople, « pape » des orthodoxes face au patriarcat de Moscou tout en ménageant la susceptibilité musulmane dans le pays ? Quitte à sacrifier les intérêts religieux et doctrinaux du catholicisme ? Parce que ces deux papes qui se font ostensiblement filmer et photographier en train de prier dans la Mosquée Bleue d’Istanbul au plus grand bonheur des musulmans, savent pertinemment qu’un tel geste va scandaliser de nombreux catholiques aussi ils s’empressent aussitôt après avoir flatté les musulmans, de minimiser l’impact de ce contre-témoignage en Occident, chez les catholiques… N’est-ce pas très étrange ? Quel message religieux en tirer ? Et s’il n’y en avait pas! Et si tout cela n’était que purement politique, au mépris de la Religion ?
Il est convenu de considérer que le patriarcat œcuménique de Constantinople est la première juridiction autocéphale de l’Église orthodoxe. Cette situation remonte à l’époque où Constantinople, l’actuelle Istanbul, était la capitale de l’Empire romain d’Occident. Cette prééminence du patriarcat de Constantinople sur les autres églises est aujourd’hui considérée par les orthodoxes comme uniquement honorifique. En réalité L’orthodoxie mondiale est représentée par une mosaïque d’églises dont celle de Constantinople ne représente qu’une minorité:
A Istanboul, François [est allé voir] Bartholomée Ier, patriarche œcuménique (…). Or, les gestes symboliques et fraternels de François et Bartholomée posent problème, car il y a un tiers absent : le patriarche de Moscou et de toutes les Russies. Le voyage turc ne fait-il pas partie des grandes manœuvres contre la Russie, l’OTAN s’occupant des divisions armées, et François des divisions spirituelles ?
Certes, le Patriarcat de Moscou représente 150 millions de fidèles mais la dissolution de l’URSS a provoqué de multiples différends religieux. L’indépendance des nouvelles républiques n’aurait rien dû changer, en théorie, au statut religieux de leurs ressortissants ; mais la politique interférant avec la religion, l’Eglise orthodoxe de Lettonie, par exemple, s’est proclamée indépendante de Moscou, et le patriarche Bartholomée a reconnu son autocéphalie. (Source)
Les accords de Balamand et l’Ukraine
Il serait assez logique que l’Ukraine dont les fidèles orthodoxes sont toujours sous l’autorité du patriarcat de Moscou, soit dans le viseur de Bartholomée qui pourrait renouveler l’opération qu’il a effectué avec la Lettonie; si le pays était ainsi détaché du patriarcat de Moscou, cela ne manquerait pas de satisfaire Barak Obama.
Quant à la partie catholique, il faut remonter à la Déclaration de Balamand, le 23 juin 1993, pour comprendre le changement radical de la politique de Rome avec les orthodoxes. Cette déclaration signée en catimini au Monastère Notre-Dame de Balamand au Liban à l’occasion de la VIe Rencontre entre l’Église catholique romaine et la communion orthodoxe, précise que « L’uniatisme, [est une] méthode d’union du passé, [en rupture avec] la recherche actuelle de la pleine communion », « l’uniatisme ne saurait être un modèle de l’unité ».
Les uniates sont les catholiques de rite oriental d’Ukraine qui se sont convertis au catholicisme et ont souffert héroïquement la persécution sous l’empire soviétique, plutôt que de renoncer à leur foi.
La question de l’existence des Églises catholiques orientales uniates est un des points de blocage dans les discussions entre l’Église catholique et la communion orthodoxe que Rome aimerait bien éliminer puisqu’il n’est plus question de convertir les orthodoxes désormais. La bénédiction-inclination de « l’évêque de Rome » par et devant le patriarche de Constantinople, serait donc dans le parfait prolongement des abandons d’une partie de la doctrine catholique dans un but d’union avec les orthodoxes.
On le voit, la question de l’Ukraine pourrait bien être au centre de cette histoire avec des intérêts convergents pour les trois parties.
La christianophobie en Europe et au Moyen-Orient dénoncée par la patriarcat de Moscou
Alors que se prépare à Istanboul, pour 2016, un concile pan-orthodoxe, on peut soupçonner que les embrassades francisco-bartholoméennes tendent à affaiblir la position de Moscou.
Au sujet de ce synode orthodoxe qui va rassembler les représentants de 13 églises, le patriarche Hilarion de Volokolamsk qui dirigera la délégation du patriarcat de Moscou a pris ses devants en publiant une allocution dans laquelle il se positionne, comme le pouvoir russe, en défenseur du christianisme dans le monde. Une position que les catholiques attendent du pape plutôt que des prières à la mosquée ou un amalgame des chrétiens avec les islamistes terroristes.
Le patriarche de Volokomolansk a souligné l’importance de cette réunion préparatoire et son accord avec les points mis à l’ordre du jour par le métropolite d’Antioche, Jean Yazigi, pour dénoncer le génocide des Chrétiens du Proche Orient, avec la complicité de certains pays occidentaux. Et Face au discours pan-maçonique de Strasbourg du pape François, un extrait de cette allocution du patriarche de Volokolamsk est particulièrement remarquable, parce qu’il concerne la christianophobie en Europe:
» Je profite de cette occasion pour appeler nos frères catholiques à mettre en place un front commun de défense de la foi chrétienne dans les pays où elle est opprimée et persécutée. Nous voyons aujourd’hui les tenants du sécularisme et de l’athéisme en Europe s’appliquer à évincer la foi chrétienne : les symboles chrétiens deviennent l’objet d’interdits, la vision traditionnelle chrétienne du mariage comme une union entre un homme et une femme est attaquée, la valeur de la vie humaine est mise en doute ceci depuis son début et jusqu’à sa fin naturelle. L’existence même des Eglises chrétiennes est menacée dans certaines parties du monde. Dans les pays dits du « printemps arabe » des millions de chrétiens encourent de cruelles persécutions. Ils doivent quitter des terres qu’ils ont habitées depuis de nombreux siècles. Il y avait encore il y a peu près de un million et demi de chrétiens en Irak, il n’en reste aujourd’hui que près de 150.000. Les autres ont été soit exterminés, soit chassés. En Egypte, en Libye, en Afghanistan, au Pakistan, au Nigeria, en Inde, en Indonésie ainsi que dans d’autres pays du Proche Orient les persécutions des chrétiens se font de plus en plus cruelles.
La catastrophe humanitaire que vit actuellement la Syrie nous est profondément douloureuse. Les islamistes radicaux, soutenus par certains pays occidentaux, veulent s’y emparer du pouvoir politique. Là où ils ont déjà réussi à le faire les chrétiens sont persécutés et exterminés. Les communautés chrétiennes de Syrie et du Proche Orient implorent notre aide. Les médias occidentaux ne prêtent aucune attention à cette clameur. «
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En choisissant ostensiblement de mettre en exergue le patriarche de Contanstinople, face à celui de Moscou qui, lui, représente plus de 150 millions de fidèles, Rome ravive les haines recuites des orthodoxes contre les catholiques. La bénédiction ridiculement humble de François par Bartholomée 1er est sans doute destinée à montrer aux orthodoxes que l’évêque de Rome (c’est ainsi qu’il s’est présenté) est moins que l’égal de celui de Constantinople. Mais gageons que ces démonstrations tapageuses seront plus généralement perçues comme des tentatives de mettre une partie de l’orthodoxie sous la coupe de Rome, comme cela a déjà eu lieu dans l’Histoire depuis le grand schisme de 1054 :
en 1437, le concile de Ferrare (continuateur du concile de Bâle) avait pour objet de réunifier les deux Eglises sur la base des positions catholiques (c’est-à-dire du filioque, cause du schisme). Rome, alors, profitait de la situation désespérée de Byzance, menacée par la progression ottomane, comme elle semble profiter aujourd’hui de la tragédie des chrétiens d’Orient comme des sanctions contre la Russie, pour prendre le contrôle de l’Eglise de Constantinople. Les dirigeants byzantins, politiques et religieux, oubliaient, eux, que cette situation désespérée remontait à la prise et l’effroyable mise à sac de Constantinople par les soudards de la 4ème Croisade, en 1204 (comme celle des chrétiens d’Orient est due aux initiatives guerrières de l’Occident). Mais, au retour des négociateurs unitaires, en 1439, le peuple de Byzance, en se mobilisant contre l’accord d’union, fit savoir que lui n’avait pas oublié et qu’il préférait les musulmans ottomans aux catholiques romains (de fait, l’accord ne put être promulgué qu’en décembre 1452, à la veille de la prise de Constantinople par les Turcs, qui le rendit caduc). (Source)
Raviver les querelles entre catholiques et orthodoxes autour du patriarcat turc ne serait-ce pas diviser pour régner ? Mais de quel règne s’agit-il ? Du règne de l’Eglise ou bien du règne de l’OTAN ? Cette stratégie n’est-elle pas cohérentes avec la stratégie états-unienne de diviser pour mieux régner ? Qui a le plus intérêt actuellement à isoler la Russie en l’isolant du reste de la communauté orthodoxe ?
Emilie Defresne
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