Nativité de saint Jean-Baptiste, vingt-quatre juin
La Nativité de saint Jean Baptiste, précurseur du Seigneur, fils des saints Zacharie et élisabeth. Il fut rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère.

Sanctoral

Nativité de saint Jean-Baptiste

« Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez les sentiers du Seigneur ; voici votre Dieu ! » Oh ! Qui, dans notre siècle refroidi, comprendra les transports de la terre à cette annonce si longtemps attendue ? Le Dieu promis n’est point manifesté encore ; mais déjà les cieux se sont abaissés pour lui livrer passage. Il n’a plus à venir, celui que nos pères, les illustres saints des temps prophétiques, appelaient sans fin dans leur indomptable espérance. Caché toujours, mais déjà parmi nous, il repose sous la nuée virginale près de laquelle pâlit pour lui la céleste pureté des Chérubins et des Trônes ; les ardeurs réunies des brûlants Séraphins se voient dépassées par l’amour dont l’entoure à elle seule, en son cœur humain, l’humble fille d’Adam qu’il s’est choisie pour mère. La terre maudite, devenue soudain plus fortunée que l’inexorable ciel fermé jadis à ses supplications, n’attend plus que la révélation de l’auguste mystère ; l’heure est venue pour elle de joindre ses cantiques à l’éternelle et divine louange qui, dès maintenant, monte de ses profondeurs, et, n’étant autre que le Verbe lui-même, célèbre Dieu comme il mérite de l’être. Mais sous le voile d’humilité où, après comme avant sa naissance, doit continuer de se dérober aux hommes sa divinité, qui découvrira l’Emmanuel ? Qui surtout, l’ayant reconnu dans ses miséricordieux abaissements, saura le faire accepter d’un monde perdu d’orgueil, et pourra dire, en montrant dans la foule le fils du charpentier : Voilà celui qu’attendaient vos pères ! Car tel est l’ordre établi d’en haut pour la manifestation du Messie : en conformité de ce qui se fait parmi les hommes, le Dieu fait homme ne s’ingérera pas de lui-même dans les actes de la vie publique ; il attendra, pour inaugurer son divin ministère, qu’un membre de cette race devenue la sienne, un homme venu avant lui, et doué à cette fin d’un crédit suffisant, le présente à son peuple. Rôle sublime, qui fera d’une créature le garant de Dieu, le témoin du Verbe ! La grandeur de celui qui doit le remplir était signalée, comme celle du Messie, longtemps avant sa naissance. Dans la solennelle liturgie du temps des figures, le chœur des lévites, rappelant au Très-Haut la douceur de David et la promesse qui lui fut faite d’un glorieux héritier, saluait de loin la mystérieuse lumière préparée par Dieu même à son Christ. Non que, pour éclairer ses pas, le Christ dût avoir besoin d’un secours étranger : splendeur du Père, il n’avait qu’à paraître en nos obscures régions, pour les remplir de la clarté des cieux ; mais tant de fausses lueurs avaient trompé l’humanité, durant la nuit des siècles d’attente, que la vraie lumière, s’élevant soudain, n’eût point été comprise, ou n’eût fait qu’aveugler des yeux rendus impuissants par les ténèbres précédentes à porter son éclat. L’éternelle Sagesse avait donc décrété que comme l’astre du jour est annoncé par l’étoile du matin, et prépare sa venue dans la clarté tempérée de l’aurore ; ainsi le Christ lumière serait précédé ici-bas d’un astre précurseur, et signalé parle rayonnement dont lui-même, non visible encore, revêtirait ce fidèle messager de son avènement. Lorsqu’autrefois le Très-Haut daignait pour ses prophètes illuminer l’avenir, l’éclair qui, par intervalle, sillonnait ainsi le ciel de l’ancienne alliance s’éteignait dans la nuit, sans amener le jour ; l’astre chanté dans le psaume ne connaîtra point la défaite ; signifiant à la nuit que désormais c’en est fini d’elle, il n’éteindra ses feux que dans la triomphante splendeur du Soleil de justice. Aussi intimement que l’aurore s’unit au jour, il confondra avec la lumière incréée sa propre lumière ; n’étant de lui-même, comme toute créature, que néant et ténèbres, il reflétera de si près la clarté du Messie, que plusieurs le prendront pour le Christ.

La mystérieuse conformité du Christ et de son Précurseur, l’incomparable proximité qui les unit, se retrouvent marquées en maints endroits des saints Livres. Si le Christ est le Verbe, la parole éternelle du Père, lui sera la Voix portant cette parole où elle doit parvenir ; Isaïe l’entend par avance qui remplit d’accents jusque-là inconnus le désert, et le prince des prophètes exprime sa joie dans l’enthousiasme d’une âme qui déjà se voit en présence de son Seigneur et Dieu. Le Christ est l’ange de l’alliance ; mais dans le texte même où l’Esprit-Saint lui donne un titre si rempli pour nous d’espérance, paraît aussi portant ce nom d’ange l’inséparable messager, l’ambassadeur fidèle à qui la terre devra de connaître l’Époux : « Voici que j’envoie mon ange qui préparera le chemin devant ma face, et aussitôt viendra dans son temple le dominateur que vous cherchez, l’ange de l’alliance que vous réclamez ; voici qu’il vient, dit le Seigneur des armées ». Et mettant fin au ministère prophétique dont il est le dernier représentant, Malachie termine ses propres oracles par les paroles que nous avons entendu Gabriel adresser à Zacharie, pour lui notifier la naissance prochaine du Précurseur. La présence de Gabriel en cette occasion, montrait elle-même combien l’enfant promis alors serait l’intime du Fils de Dieu ; car le même prince des célestes milices allait aussi, bientôt, venir annoncer l’Emmanuel. Nombreux pourtant se pressent les messagers fidèles au pied du trône de la Trinité sainte, et le choix de ces augustes envoyés varie, d’ordinaire, selon la grandeur des instructions que le Très-Haut transmet par eux au monde. Mais il convenait que l’archange chargé de conclure les noces sacrées du Verbe avec l’humanité, préludât à cette grande mission en préparant la venue de celui que les décrets éternels avaient désigné comme l’Ami de l’Époux. Six mois après, député vers Marie, il appuyait son divin message en révélant à la Vierge très pure le prodige qui, dès maintenant, donnait un fils à la stérile Élisabeth : premier pas du Tout-Puissant vers une merveille plus grande. Jean n’est pas né encore ; mais, sans plus tarder, son rôle est ouvert : il atteste la vérité des promesses de l’ange. Ineffable garantie que celle de cet enfant, caché toujours au sein de sa mère, et déjà témoin pour Dieu dans la négociation sublime qui tient en suspens la terre et les deux ! Éclairée d’en haut, Marie reçoit le témoignage et n’hésite plus : « Voici la servante du Seigneur, dit-elle à l’archange ; qu’il me soit fait selon votre parole ».

Gabriel s’est retiré, emportant avec lui le secret divin qu’il n’est point charge de communiquer au reste du monde. La Vierge très prudente ne parlera pas davantage ; Joseph lui-même, son virginal époux, n’aura pas d’elle communication du mystère. Ne craignons point cependant : l’accablante stérilité dont le monde a gémi, ne sera pas suivie d’une ignorance plus triste encore, maintenant que la terre a donné son fruit. Il est quelqu’un pour qui l’Emmanuel n’aura ni secret, ni retard ; et lui saura bien révéler la merveille. A peine l’Époux a-t-il pris possession du sanctuaire sans tache où doivent s’écouler les neuf premiers mois de son habitation parmi les hommes, à peine le Verbe s’est fait chair : et Notre-Dame, instruite au dedans du désir de son Fils, se rend en toute hâte vers les monts de Judée. Voix de mon bien-aimé ! Le voici qui vient, bondissant sur les montagnes, franchissant les collines. A l’ami de l’Époux sa première visite, à Jean le début de ses grâces. Une fête distincte nous permettra d’honorer spécialement la journée précieuse où l’Enfant-Dieu, sanctifiant son Précurseur, se révèle à Jean par la voix de Marie ; où Notre-Dame, manifestée par Jean qui tressaille en sa mère, proclame enfin les grandes choses que le Tout-Puissant a opérées en elle selon la miséricordieuse promesse qu’il fit autrefois à nos pères, à Abraham et à sa postérité pour jamais. Mais le temps est venu où, des enfants et des mères, la nouvelle doit s’étendre au pays d’alentour, en attendant qu’elle parvienne au monde entier. Jean va naître, et, ne pouvant parler encore, il déliera la langue de son père. Il fera cesser le mutisme dont le vieux prêtre, image de l’ancienne loi, avait été frappé par l’ange ; et Zacharie, rempli lui-même de l’Esprit-Saint, va publier dans un cantique nouveau la visite bénie du Seigneur Dieu d’Israël.

A LA MESSE. La Messe est composée de divers passages de l’Ancien et du Nouveau Testament. L’Église, disent les auteurs liturgistes, veut ainsi nous rappeler que Jean forme le trait d’union des deux alliances et participe de chacune. Il est l’agrafe précieuse qui fixe le double manteau de la loi et de la grâce sur la poitrine du Pontife éternel. L’Introït est d’Isaïe ; nous retrouverons plus au long, dans l’Épître, le texte d’où il est tiré. Le Psaume qui se chantait autrefois avec lui est le XCI°, dont le premier verset reste seul maintenant en usage, quoique la raison primitive du choix de ce psaume se trouve dans le suivant et le treizième : Il est bon d’annoncer au matin votre miséricorde, et de manifester votre vérité dans la nuit !… Le juste fleurira comme le palmier ; il se multipliera comme le cèdre du Liban. La Collecte rassemble les vœux du peuple fidèle, en ce jour devenu si grand par la naissance du Précurseur. Elle implore l’abondance des joies spirituelles, qui sont la grâce propre de cette fête, ainsi que l’avait annoncé Gabriel ; et, rappelant le rôle du fils de Zacharie qui consiste à redresser les sentiers du salut, elle demande que pas un des chrétiens ne s’écarte des voies de l’éternelle vie.

ÉPÎTRE. Isaïe, dans ces quelques lignes, a directement en vue d’annoncer le Sauveur ; l’application qu’en fait l’Église à saint Jean-Baptiste, nous montre une fois de plus l’étroite union du Christ et de son Précurseur dans l’œuvre de la Rédemption. Capitale de la gentilité, devenue la mère de l’univers chrétien, Rome s’est plue à faire entendre, dans ce grand jour, aux fils que l’Époux lui a donnés, la prophétie consolante qui s’adressait à eux, avant même qu’elle ne fût fondée sur les sept collines. Huit siècles avant la naissance de Jean et du Messie, une voix s’élevait de Sion, et, franchissant les limites de Jacob, retentissait sur tous les rivages où la nuit du péché retenait l’homme asservi à l’enfer : Écoutez, îles ; et vous, peuples éloignés, soyez attentifs ! C’était la voix de Celui qui devait venir et de l’ange chargé de marcher devant lui, la voix de Jean et du Messie, exaltant la commune prédestination qui faisait d’eux, comme serviteur et Maître, l’objet des mêmes décrets éternels. Et la voix, après avoir célébré le privilège qui les désignerait, quoique si diversement, dès le sein maternel, aux complaisances du Tout-Puissant, formulait l’oracle divin qui devait être promulgué en d’autres termes, sur leurs berceaux, par le ministère de Zacharie et des anges. Je me glorifierai en vous, qui êtes vraiment pour moi Israël ; c’est peu de Jacob, qui ne vous écoutera point et dont vous ne me ramènerez qu’un petit nombre : voici que je vous ai donné pour lumière aux nations, vous êtes le salut que j’enverrai jusqu’aux extrémités de la terre ; pour le peu d’accueil que vous aura fait mon peuple, les rois se lèveront et, à votre parole, ils adoreront le Seigneur qui vous a choisi comme négociateur de son alliance. Enfants de l’Épouse, entrons dans ses pensées ; comprenons quelle reconnaissance doit être la nôtre, à nous gentils, envers celui à qui toute chair devra d’avoir connu le Sauveur. Du désert, où sa voix stigmatisait l’orgueil des descendants des patriarches, il nous voyait succéder à l’altière synagogue ; sans rien diminuer des divines exigences, son austère prédication avait, pour les futurs privilégiés de l’Époux, des ménagements de langage qu’il ne connaissait point avec les Juifs. « Race de vipères, disait-il à ceux-ci, qui donc vous montre à fuir le châtiment qui s’avance ? Faites de dignes fruits de pénitence, et n’allez pas dire : Nous avons pour père Abraham ; car je vous dis, moi, que Dieu peut faire sortir de ces pierres des fils d’Abraham. Pour vous, déjà la cognée est à la racine, et l’arbre stérile sera jeté au feu ». Mais au publicain méprisé, au soldat détesté, à tous les cœurs arides de la gentilité, trop comparables en effet aux rochers du désert, Jean-Baptiste annonçait la grâce qui désaltérerait et féconderait dans la justice leurs âmes desséchées : « Publicains, ne dépassez pas les exigences du fisc ; soldats, contentez-vous de votre solde. Moïse a donné la loi ; mais meilleure est la grâce, œuvre de celui que j’annonce : c’est lui qui ôte les péchés du monde, et nous donne à tous de sa plénitude ». Quels horizons nouveaux pour ces délaissés, que le dédain d’Israël avait si longtemps tenus à l’écart ! Mais pour la synagogue, pareille atteinte au privilège prétendu de Juda était un crime. Elle avait supporté les invectives sanglantes du fils de Zacharie ; elle s’était montrée prête à l’acclamer comme le Christ ; mais l’inviter à marcher de pair, elle qui se proclamait pure, avec l’impure gentilité, c’en était trop : Jean, dès ce moment, fut jugé comme le sera son Maître. Jésus, plus tard, insistera sur cette différence de l’accueil fait à son Précurseur par ceux qui l’écoutaient ; il en fera la base de sa sentence de réprobation contre les Juifs : « En vérité, je vous le dis, les publicains et les femmes perdues vous précéderont dans le royaume de Dieu ; car Jean est venu à vous dans la voie de la justice et vous ne l’avez point écouté, tandis que les publicains et les femmes perdues ont reçu sa parole, sans que cette vue vous ait amenés à pénitence ». A la suite d’Isaïe prophétisant la venue de Jean et du Sauveur, Jérémie, figure de l’un et de l’autre, apparaît au Graduel ; lui aussi fut sanctifié dès le sein de sa mère, et préparé dès lors au ministère qu’il devait remplir. Le Verset demeure en suspens sur l’annonce d’un discours du Seigneur ; selon le rit autrefois usité, il se complétait par la reprise du Graduel. Le Verset alléluiatique est emprunté à l’Évangile, et tiré du Benedictus.

ÉVANGILE. Après les lieux sanctifiés par le passage en ce monde du Verbe fait chair, il n’en est point, dans la Palestine, qui doive intéresser plus l’âme chrétienne que celui où se sont accomplis les événements racontés dans notre Évangile. La ville qu’illustra la naissance du Précurseur se trouve à deux lieues de Jérusalem vers le couchant, comme Bethléhem, où naquit le Sauveur, est à deux lieues au midi de la Ville sainte. Sorti par la porte de Jaffa, le pèlerin qui se dirige vers Saint-Jean-de-la-Montagne rencontre d’abord le monastère grec de Sainte-Croix, élevé sur l’emplacement où furent coupés les arbres dont fut faite la croix du Seigneur. Puis, continuant sa marche à travers le massif des montagnes de Juda, il atteint un sommet d’où se découvre à ses yeux la Méditerranée. La maison d’Obed-Edom qui abrita trois mois l’arche sainte, s’élevait en cet endroit, d’où un sentier rapide conduit au lieu où Marie, la véritable arche d’alliance, passa elle-même trois, mois de bénédictions chez sa cousine Élisabeth. Deux sanctuaires, éloignés d’environ mille pas l’un de l’autre, consacrent les grands souvenirs qui viennent de nous être rappelés par saint Luc : dans l’un fut conçu et naquit Jean-Baptiste ; dans l’autre eut lieu la circoncision du Précurseur, huit jours après sa naissance. Le premier remplace la maison de ville de Zacharie ; il remonte, dans sa forme actuelle, à une époque antérieure aux croisades. C’est une belle église à trois nefs et à coupole, mesurant trente-sept pas en longueur. L’autel majeur est dédié à saint Zacharie, celui de droite à sainte Élisabeth. Sur la gauche, sept degrés de marbre conduisent à une chapelle souterraine creusée dans le roc, et qui n’est autre que l’appartement le plus reculé de la maison primitive : c’est le sanctuaire de la Nativité de saint Jean. Quatre lampes tempèrent l’obscurité de cette crypte vénérable, tandis que six autres, suspendues sous la table même de l’autel, éclairent cette inscription gravée sur le marbre du pavé : HIC PRAECURSOR DOMINI NATUS EST. Unissons-nous en ce jour aux pieux enfants de saint François, gardiens de tant d’ineffables souvenirs ; plus heureux ici qu’à la grotte bénie de Bethléhem, ils n’ont point à disputer au schisme les honneurs qu’au nom de l’Épouse légitime, ils rendent à l’Ami de l’Époux sur le lieu même de sa naissance. Les traditions locales placent à quelque distance de ce premier sanctuaire, ainsi que nous l’avons dit, le souvenir de la circoncision du Précurseur. Outre sa maison de ville en effet, Zacharie en possédait une autre plus isolée. Élisabeth s’y était retirée durant les premiers mois de sa grossesse, pour goûter dans le silence le don de Dieu. C’était là que Notre-Dame venant de Nazareth l’avait rencontrée, là que s’était produit le sublime tressaillement des enfants et des mères, là que le Magnificat avait prouvé au ciel que la terre désormais l’emportait sur lui dans la louange et l’amour. Il convenait que le chant de Zacharie, le Cantique du matin, retentît lui-même, pour la première fois, au lieu d’où celui du soir était monté comme un encens de si suave odeur. Les récits des anciens pèlerins signalent en cet endroit deux sanctuaires superposés, avec un escalier conduisant de l’un à l’autre : en bas avait eu lieu la rencontre de Marie et d’Élisabeth ; ce fut au-dessus, à l’étage supérieur de la maison de campagne de Zacharie, que se passa la plus grande partie du récit qui vient de nous être proposé par la sainte Église.

Urbain V, en 1368, avait ordonné de chanter le Credo au jour de la Nativité de saint Jean-Baptiste et durant l’Octave, pour éviter que le Précurseur ne parût inférieur aux Apôtres. La coutume ancienne de supprimer le Symbole en cette fête a néanmoins prévalu : non comme une marque d’infériorité, à l’égard de celui qui s’élève au-dessus de tous ceux qui annoncèrent jamais le royaume de Dieu ; mais pour rappeler qu’il acheva sa course avant la promulgation de l’Évangile. L’Offertoire est tiré du psaume d’Introït ; c’est le verset qui formait autrefois l’Introït même de la deuxième Messe du Saint, à l’aurore. La Secrète relève le double caractère de Prophète et d’Apôtre, qui fait la grandeur de saint Jean ; le Sacrifice qui s’apprête en son honneur va encore augmenter sa gloire, en mettant de nouveau sous nos yeux l’Agneau de Dieu qu’il annonça et qu’il montra au monde. L’Époux est en possession de l’Épouse, et c’est Jean-Baptiste qui lui a préparé les voies, ainsi que le rappelle l’Antienne de la Communion. Le moment des Mystères est celui où, chaque jour, il répète : L’Époux est celui à qui est l’Épouse ; l’ami de l’Époux, qui se tient près de lui et l’entend, tressaille de joie à la voix de l’Époux : cette joie donc, qui est la mienne, est complète. Si la joie déborde en l’Ami de l’Époux, comment l’Épouse, en ce moment béni des Mystères, ne serait-elle pas elle-même toute allégresse et reconnaissance ? Qu’elle exalte donc, en la Postcommunion, celui qui lui fit connaître son Sauveur et Seigneur !

Bienheureux Illuminatus de Rieti, Confesseur, Premier Ordre Franciscain, vingt-quatre juin
Saint François avait tellement confiance en Illuminatus qu’il lui révéla la manière miraculeuse dont il avait reçu les stigmates sacrés, afin qu’Illuminatus puisse en témoigner après la mort de Saint François.

Bienheureux Illuminatus de Rieti, Confesseur, Premier Ordre Franciscain

Illuminatus était le fils de parents riches et distingués, mais il est né aveugle. Un jour, alors que saint François prêchait à Rieti, le père de l’Illuminat l’invita à loger chez lui. Lorsque saint François entra dans la maison, les parents lui amenèrent le garçon aveugle et prièrent instamment saint François de le bénir. Rempli de compassion, saint François fit le signe de croix sur les yeux de l’enfant, et aussitôt l’enfant put voir. Saint François avait également annoncé à l’avance aux parents que plus tard le garçon rejoindrait son ordre, et c’est ce qui s’est produit.

Lorsque le garçon fut devenu un jeune homme et eut acquis une éducation splendide, il reconnut que tout le glamour que le monde lui offrait dans sa position éminente n’était en réalité qu’un clinquant passager et éblouissant. Il désirait des trésors meilleurs et plus durables, et c’est pourquoi il supplia sincèrement saint François d’être admis dans son ordre de franciscain. Saint François lui donna, avec l’habit, le nom d’Illuminatus, c’est-à-dire l’Illuminé, non seulement parce qu’il avait miraculeusement reçu la vue de ses yeux corporels, mais plus encore parce que la grâce de Dieu avait éclairé son esprit pour reconnaître la vanité du monde et se consacre au service de Dieu.

Illuminatus de Rieti a en effet fait preuve d’une compréhension fine des choses supérieures et, avec elle, d’un zèle vif pour avancer vers la perfection. Il devint l’un des disciples les plus aimés de saint François, qui le choisit pour compagnon de son voyage en Syrie. Lorsqu’ils arrivèrent à Damiette, ils tombèrent sur le camp des croisés, qui se préparaient alors à combattre les incroyants.

Saint François dit à son compagnon : « Dieu m’a révélé que s’ils lancent cette offensive, un grand malheur s’abattra sur les chrétiens. Si je leur dis cela, ils se moqueront de moi, mais si je garde le silence, ma conscience me reprochera. Qu’est-ce que tu en penses? » L’Illuminat de Rieti répondit : « Frère, ne vous inquiétez pas du jugement des hommes ; agissez selon votre conscience et craignez Dieu plus que les hommes. C’est ainsi que saint François annonça aux chrétiens la révélation qui lui avait été accordée et les mit en garde contre cette attaque. On se moqua de lui, mais la bataille se termina par la défaite de l’armée chrétienne.

Saint François avait tellement confiance en Illuminatus qu’il lui révéla la manière miraculeuse dont il avait reçu les stigmates sacrés, afin qu’Illuminatus puisse en témoigner après la mort de Saint François. Il vécut quarante ans après la mort de son père spirituel et fut l’un des témoins les plus fiables de sa vie admirable. En 1266, il mourut le cinq mai, considéré par tous comme un saint, et fut inhumé dans l’église Saint-François d’Assise.

Martyrologe

La Nativité de saint Jean Baptiste, précurseur du Seigneur, fils des saints Zacharie et élisabeth. Il fut rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère.

A Rome, la commémoraison de nombreux saints martyrs, que l’empereur Néron, pour détourner de sa personne l’odieux d’avoir incendié la Ville, accusa faussement de ce forfait. Il les fit cruellement périr par divers genres de mort : les uns, revêtus de peaux de bêtes furent exposés aux morsures des chiens; les autres crucifiés; d’autres allumés en guise de torches, afin qu’à la chute du jour ils servissent à éclairer durant la nuit. Tous étaient disciples des Apôtres: ce furent là les prémices des martyrs, que l’église romaine, champ fertile en ce genre de fruits, offrit au Seigneur avant la mort des Apôtres.

A Rome encore, saint Fauste et vingt trois autres martyrs.

A Malines, en Brabant, la passion de saint Rombaut, évêque de Dublin et martyr, fils d’un roi d’écosse.

A Satala, en Arménie, sept frères martyrs : Orence, Héros, Pharnace, Firmin, Firme, Cyriaque et Longin, soldats, auxquels l’empereur Maximien fit retirer le baudrier parce qu’ils étaient chrétiens. Ils furent ensuite séparés les uns des autres, emmenés en divers lieux, où ils s’endormirent dans le Seigneur, accablés de douleur et de misères.

Au village de Créteil, dans le territoire de Paris, la passion des saints martyrs Agoard et Aglibert, avec beaucoup d’autres chrétiens de l’un et l’autre sexe.

A Autun, la mise au tombeau de saint Simplice, évêque et confesseur.

A Lobbes, en Belgique, saint Thiou évêque.

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