Gaza 2035 : les images générées avec l'IA, montrent des gratte-ciel futuristes, des champs solaires et des usines de dessalement d'eau dans la péninsule du Sinaï, un nouveau corridor ferroviaire à grande vitesse le long de la route Salah al-Din (la principale autoroute de Gaza qui relie la ville de Gaza à Rafah) et des plates-formes pétrolières au large du littoral de Gaza.
Gaza 2035 : les images générées avec l’IA, montrent des gratte-ciel futuristes, des champs solaires et des usines de dessalement d’eau dans la péninsule du Sinaï, un nouveau corridor ferroviaire à grande vitesse le long de la route Salah al-Din (la principale autoroute de Gaza qui relie la ville de Gaza à Rafah) et des plates-formes pétrolières au large du littoral de Gaza.

Le massacre et la destruction de Gaza continue de plus belle : avec quelques 40000 morts en seulement 8 mois et plus de 70% des infrastructures détruites. Le Jerusalem Post a publié un article sur le plan du Premier ministre israélien pour la reconstruction à partir de rien de Gaza, Gaza 2035 : entre futurisme et exclusion de tout Etat palestinien.

De la crise à la prospérité : la vision de Netanyahu pour Gaza 2035 révélée en ligne, tel est le titre d’un récent article du Jerusalem Post détaillant le plan présenté par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour la reconstruction future de Gaza. « Un programme en trois étapes visant à ramener Gaza à l’autonomie et, à terme, à réintégrer Gaza dans l’économie régionale ». Ce que ne dit pas le sous-titre : ce plan d’envergure exclue également tout idée d’un Etat Palestinien dans la région. Et s’inscrit en droite ligne et dans la vision messianique d’un Grand Israël, et dans l’accaparement des importants champs gaziers au large de Gaza.

Gaza 2035 et la « zone de libre-échange Gaza-Arish-Sderot »

The Architect Newspaper a étudié ce programme futuriste et en a publié une analyse approfondie dont MPI vous propose la traduction :

« Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a récemment publié un PowerPoint qui donne un aperçu de ce que le Likoud a en tête pour l’avenir de Gaza et de la région du Levant dans son ensemble. Le 3 mai, Netanyahu a dévoilé Gaza 2035 : un plan directeur en trois étapes pour construire ce qu’il appelle la « zone de libre-échange Gaza-Arish-Sderot ». Le projet a été rapporté pour la première fois par le Jerusalem Post, puis par Al Jazeera.

« La zone de libre-échange Gaza-Arish-Sderot engloberait les 141 miles carrés qui composent la bande de Gaza, où plus de 34 500 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes au cours des derniers mois et où les experts affirment que la famine est en cours. La zone comprendrait également le port d’El-Arish au sud de Gaza, dans la péninsule égyptienne du Sinaï, ainsi que Sderot, une ville israélienne au nord de Gaza.

«Les responsables de l’ONU ont publié un rapport le 2 mai indiquant que plus de 70 pour cent du parc immobilier de Gaza a été détruit et que sa reconstruction coûterait entre 40 et 50 milliards de dollars. Cela a incité un responsable de l’ONU, Abdallah al-Dardari, à déclarer : « Nous n’avons rien vu de pareil depuis 1945. »
Sous les auspices de Gaza 2035, la nouvelle zone de libre-échange serait administrée par Israël, l’Égypte et ce que le Premier ministre israélien appelle l’Autorité de réhabilitation de Gaza (GRA) – une agence dirigée par les Palestiniens qui superviserait la reconstruction à Gaza et « les finances de la bande de Gaza ».

Gaza-Arish-Sderot 2035- Free Trade Zone
Gaza-Arish-Sderot 2035- Free Trade Zone

Un avenir dystopique pour les Palestiniens

« Le PowerPoint affirme que la GRA ne garantirait pas un État palestinien et ne fait aucune référence à un système à deux États. Au lieu de cela, d’ici 2035, Gaza et la Cisjordanie seraient placées sous « l’administration nominale » de l’Autorité palestinienne (AP) et Israël serait responsable de la sécurité de la zone de libre-échange. Le correspondant d’yNet, Ron Ben Yishai, a qualifié Gaza 2035 de Benjamin Netanyahu de « Vision de Singapour ».

« Gaza 2035 est officiellement intitulé Plan pour la transformation de la bande de Gaza et il promet de faire passer Gaza « de la crise à la prospérité ». L’idée de Netanyahu implique de « reconstruire à partir de rien », a-t-il déclaré.
Le plan régional a rencontré une opposition. Le 16 mai, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyan, a condamné ce projet dans une déclaration publique. Lara Elborno, une avocate palestino-américaine spécialisée dans les droits de l’homme, a déclaré sur les réseaux sociaux : « Il faut s’opposer sans équivoque et de toute urgence au projet d’Israël visant à voler notre gaz et à nous soumettre à cet avenir dystopique. Gaza n’est pas « rien ».

Le « plan Marshall » de Netanyahou

« Si le « Plan Marshall » de Netanyahu réussit, a déclaré le Premier ministre israélien, il pourra être « répété au Yémen, en Syrie et au Liban ». Gaza 2035 intervient moins d’un an après que Netanyahu a présenté son plan du « Grand Israël » à l’ONU, qui prévoyait l’absorption de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est dans les frontières officielles de l’État d’Israël.
Dans l’ensemble, Gaza 2035 se déroulerait en trois étapes distinctes. La première étape, intitulée « Aide humanitaire », consiste en un programme de 12 mois visant à « déradicaliser » Gaza et à éradiquer le Hamas. La deuxième étape durerait entre 5 et 10 ans, pendant lesquels l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, Bahreïn, la Jordanie et le Maroc « superviseraient » la reconstruction de Gaza. La dernière étape serait celle où la Palestine signerait les Accords d’Abraham, signalant « l’autonomie palestinienne », mais sans statut d’État.

« Parmi les pays arabes mentionnés, les Émirats arabes unis sont les seuls à avoir commenté ce projet. Le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyan, a déclaré : « Les Émirats arabes unis dénoncent les déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, appelant les [EAU] à participer à l’administration civile de la bande de Gaza, qui est sous occupation israélienne. Le communiqué poursuit en disant que « les Émirats arabes unis soulignent que le Premier ministre israélien n’a pas la capacité juridique de prendre cette mesure, et que l’État refuse de se laisser entraîner dans un quelconque plan visant à fournir une couverture à la présence israélienne dans la bande de Gaza. »

Plus de 3,2 milliards de barils de pétrole se trouvaient sous la zone portuaire de Gaza et en Cisjordanie

« Les rendus du document Gaza 2035, créés avec l’IA, montrent des gratte-ciel futuristes, des champs solaires et des usines de dessalement d’eau dans la péninsule du Sinaï, un nouveau corridor ferroviaire à grande vitesse le long de la route Salah al-Din (la principale autoroute de Gaza qui relie la ville de Gaza à Rafah) et des plates-formes pétrolières au large du littoral de Gaza.

« Les plates-formes pétrolières et les porte-conteneurs ne sont pas superflus : en 2019, les analystes de l’ONU ont estimé que plus de 3,2 milliards de barils de pétrole se trouvaient sous la zone portuaire de Gaza et en Cisjordanie, une valeur estimée à des milliards de dollars. Selon l’ONU, le bassin du Levant de la mer Méditerranée pourrait posséder 1,7 milliard de barils, et la Cisjordanie 1,5 milliard de barils. Ces découvertes ont incité la journaliste écologiste Yessenia Funes, écrivant dans Atmos (et citant Shereen Talaat, fondatrice et directrice du Mouvement MENAFem pour la justice économique, le développement et la justice écologique) à décrire les actions militaires israéliennes de 2023-2024 à Gaza comme motivées par les ressources : « Ce génocide c’est une question de pétrole », a déclaré Funes.

« Au-delà des rendus générés par l’IA, les diagrammes sont également importants. Aujourd’hui, Gaza se trouve au carrefour d’une route commerciale historique au Moyen-Orient entre le Caire et Bagdad, ainsi que l’Europe et le Yémen. Gaza 2035 capitaliserait sur cette géographie en ajoutant un nouveau service ferroviaire est-ouest entre Alexandrie, en Égypte, et la ville de Gaza, en Palestine. Cela ajouterait également un service ferroviaire nord-sud entre Gaza et NEOM – la ville saoudienne spéculative de 500 milliards de dollars située à environ 210 kilomètres au sud de Rafah. Toute cette connectivité ouvrirait la possibilité aux entreprises technologiques, aux usines et aux « villes de fabrication de véhicules électriques » de migrer vers la zone de libre-échange Gaza-Arish-Sderot, indique le document.

Connecter Gaza à NEOM ?

« Les chemins de fer israéliens comptent actuellement 66 gares ; son service se termine au sud à Dimona. Dans le cadre de Gaza 2035, la nouvelle ligne Gaza-NEOM étendrait le service sur environ 100 milles de Dimona à Aqaba, en Jordanie, puis se connecterait à NEOM. La ligne Gaza-NEOM aurait un arrêt à Beer Shiva, en Israël, puis se diviserait à un carrefour près de Sderot, envoyant des trains soit à Rafah, soit à Tel Aviv – Haïfa.

« La proposition d’un nouveau chemin de fer Gaza-NEOM s’inscrit dans la Vision 2030 de l’Arabie saoudite qui cherche à normaliser les relations avec Israël en partie par la construction de la ville spéculative, dont la longueur a depuis été réduite de 170 kilomètres à 2,5 kilomètres.

« Dans le nord de Gaza, il y aurait également une nouvelle « ville de fabrication de véhicules électriques ». Dans le sud, il y aurait de nouvelles voies ferrées entre Gaza et le port maritime d’El-Arish dans la péninsule du Sinaï et l’aéroport d’El-Gora, un petit carrefour régional à douze milles au sud de Rafah. Cela serait lié au corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC), une initiative de la Route de la Soie visant à relier l’Asie et l’Europe.

Neom, la ville dystopique projetée par l'Arabie Saoudite
Neom, la ville dystopique projetée par l’Arabie Saoudite

Le front de mer de Gaza pourrait être très précieux

« Gaza 2035 est le premier plan directeur officiel pour Gaza publié par le Premier ministre israélien depuis octobre 2023. Il rejoint désormais d’autres idées non sanctionnées pour l’avenir de Gaza par les dirigeants israéliens et américains.

« Le 13 octobre, quelques jours seulement après que le Hamas a tué au moins 1 139 Israéliens et pris 240 otages, l’Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste, un groupe de réflexion israélien, a publié une stratégie disant : « il existe actuellement une opportunité unique et rare d’évacuer l’ensemble de la bande de Gaza. » Le plan, piloté par Gila Gamliel, militante du parti Likoud et ministre des Renseignements israéliens, appelait à expulser par la force 2,2 millions de Gazaouis vers la péninsule du Sinaï.

« En décembre, Harey Zahav, un groupe immobilier israélien, a publié des annonces pour des maisons en bord de mer à Gaza. (Plus tard, Harey Zahav a déclaré que ses publicités étaient considérées comme une « blague ».) Jared Kushner a déclaré que « le front de mer de Gaza pourrait être très précieux » et qu’il était intéressé par le développement de « propriétés riveraines » pendant qu’Israël « nettoie » la bande de Gaza. Et le gestionnaire de fonds spéculatifs, Bill Ackman, a dévoilé en avril son propre plan pour Gaza, qui n’est pas très éloigné de ce qu’envisage actuellement Netanyahu.

« Reste à savoir si Gaza 2035 sera mis en œuvre ou non. Le 15 mai, le chef de la Défense israélienne Yoav Gallant s’est prononcé contre Gaza 2035 et a déclaré qu’il s’opposait à tout régime militaire à long terme d’Israël sur Gaza. Les critiques des Émirats arabes unis ont été publiées le lendemain, le 16 mai.

« Le 21 mai, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré qu’il demandait des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant, ainsi que contre le chef du Hamas Yahya Sinwar et deux autres dirigeants du Hamas. »

Gaza 2023, le futur dystopique de Gaza, présenté par Benjamin Netanyahu est un mixte de messianisme juif et de finances internationales.

Francesca de Villasmundo

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