Saint-Nazaire. Mistral : la France hésite toujours
25/11/2014 – 14H00 St-Nazaire (Breizh-info.com) – Le feuilleton continue. Ce matin, sur la matinale de France Inter, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé que « les conditions n’étaient pas réunies » pour que le premier BPC, le Vladivostok, soit livré aux Russes. Il a confirmé au passage qu’un accord provisoire a été trouvé pour que le navire parte dans la nuit du 27 au 28 novembre vers le port militaire de Cronstadt près Saint-Pétersbourg, et que François Hollande n’a pas pris sa décision.
Plus tard dans la journée François Hollande a tout de même décidé de « repousser jusqu’à nouvel ordre l’étude de la question du transfert du premier BPC Mistral en Russie« , selon les termes du communiqué de l’Elysée cité par les médias russes; le nouveau recul de François Hollande est officiellement justifié sans surprise par « la situation dans l’est de l’Ukraine« .
Ce n’est pas la première fois que les responsables français – le président, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et celui de la Défense se contredisent, parfois à quelques heures d’écart, ce qui ne manque pas d’ailleurs d’énerver les Russes. Cela dit, avec la double épée de Damoclès de la compensation (jusqu’à 10 milliards d’euros) et du risque d’annulation du super-contrat avec l’Inde les marges de manœuvre de la France sont de plus en plus réduites.
Et cela d’autant plus que deux nouvelles pistes proposées par des lobbyistes pro-ukrainiens (notamment Bernard-Henri Lévy) au gouvernement français pour donner une autre destination au Mistral semblent s’être effondrées dans les derniers jours. Rappelons qu’il était d’abord question de les vendre au Canada – ce qui n’a pas marché puisque les navires sont aux standards russes, puis à l’OTAN qui n’en avait pas les moyens.
L’une de ces pistes de la dernière chance était de fourguer les BPC à l’UE, pour qu’ils deviennent l’embryon de forces navales communes dont la naissance est retardée d’année en année depuis une décennie. Mais l’UE n’a pas les moyens non plus alors qu’elle cherche désespérément 300 milliards d’euros d’investissements pour son plan de relance. La seconde piste était de faire racheter le Mistral en commun par les oligarques ukrainiens. Il n’est pas étonnant que ceux-ci, très occupés à privatiser par des moyens plus ou moins illégaux les grandes entreprises de leur pays, aient refusé.
On se demande d’ailleurs ce que l’Ukraine pourrait faire des Mistrals alors que la décision vient d’être prise  de transformer sa flotte en flottille et de la transférer du grand port maritime d’Odessa das le port fluvial de Nikolaiev – près des chantiers navals du même nom qui ont jadis construit des porte-avions à l’époque de l’URSS mais qui sont aujourd’hui quasiment à l’arrêt. Rappelons que la flotte ukrainienne est composé de 7 navires dont 6 des années 70 et 80 et un de 1993 (Hetman Sagajdachny) et d’un sous-marin. Leur capacité à mener des opérations militaires est très limitée du fait de leur obsolescence et du manque d’entretien. Les infrastructures d’accueil et de réparation des navires en Ukraine sont elles aussi complètement obsolètes (quand elles n’ont pas été démontées) et nécessitent une refonte totale pour pouvoir accueillir des navires modernes tels que les BPC Mistral.
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !