"Il faut mettre fin aux sanctions économiques contre la Syrie"

Le père Bahjat Karakach, franciscain de la communauté catholique de rite latin d’Alep, parle de la situation difficile de la ville syrienne accablée par des années de guerre, par le tremblement de terre et maintenant aussi par les répercussions du conflit à Gaza.

On ne peut toujours pas dire que la guerre en Syrie est terminée. À cela s’ajoute le tremblement de terre dévastateur de l’année dernière et aujourd’hui, le spectre du conflit à Gaza qui étend son ombre sur un peuple déjà épuisé : en Syrie, la crise semble ne pas avoir de fin. Voici comment le Père Bahjat Karakach, né et élevé à Alep, et qui a étudié plusieurs années en Italie , l’explique :

«Ces derniers mois, la violence à franchis à plusieurs reprises les frontières du pays et nous nous sentons tous de plus en plus en insécurité. Les gens sont découragés, ils ne voient pas d’avenir. »

Le frère franciscain ne cache pas son inquiétude:

« Plus d’un an après le tremblement de terre, certains enfants ne peuvent toujours pas dormir seuls. »

Appauvrissement important de la population

La communauté internationale oublie de plus en plus la Syrie et même le Programme Alimentaire mondial de l’ONU a réduit les programmes d’aide Alimentaire par manque de fonds, mais les besoins de la population, au contraire, ne font qu’augmenter :

«Après le tremblement de terre, il y a une pénurie de maisons et le prix des loyers à doublé. Louer un appartement coûte plus cher que la valeur d’un salaire mensuel moyen et, malheureusement, beaucoup ne peuvent pas garder un toit au-dessus de leur tête. »

De manière générale, la situation économique est préoccupante. L’inflation entraîne également un doublement des prix des denrées alimentaires.

Et comment les gens survivent-ils ? :

«Grâce aux envois de fonds des proches qui sont à l’étranger. À l’heure actuelle, toutes les familles doivent compter aujourd’hui un membre émigré. Nous sommes en première ligne sur plusieurs fronts en matière d’aide matérielle, depuis la fourniture de repas jusqu’à la reconstruction des maisons endommagées. »

Le père franciscain de 48 ans est une référence pour les six cents familles de la paroisse de Saint François, mais aussi pour de nombreuses familles musulmanes :

«Plusieurs de nos initiatives dépassent les murs de l’Église et touchent tous les Syriens, sans distinction. Nous avons quelques projets dans des quartiers à majorité musulmane qui étaient occupés par les miliciens et où règnent aujourd’hui la misère et la dégradation. En plus de l’aide matérielle, nous apportons un soutien psychologique aux enfants orphelins, aux personnes abandonnées ou âgées, et nous organisons également des activités artistiques et sportives. Et puis, nous avons travaillé sur l’alphabétisation. Des petits signes de changement qui apportent un souffle d’espoir dans un contexte d’épuisement et d’inquiétude. »

Pour le Père Bahjat Karakach, l’Église est aujourd’hui « une lumière au milieu des ténèbres » :

«Nous, chrétiens, sommes peu nombreux, et à côté du travail pastoral ordinaire et du service social pour aider les Syriens à vivre dignement, nous menons un engagement en faveur de l’éducation et de la réconciliation qui constitue un investissement important pour l’avenir de la société. Travailler ensemble, depuis la base, est un moyen de briser le mur de méfiance et de reconstruire les relations. »

Concernant les jeunes, il indique :

« Les jeunes sont incroyablement vivants et pleins d’énergie. Lorsqu’ils sont confrontés à de nouveaux projets, ils sont toujours prêts à s’enthousiasmer et à s’engager personnellement, même si leur vie est très compliquée. Tout le monde, même ceux qui poursuivent leurs études, doivent chercher un travail, même informel, pour aider la famille : ils donnent des cours, font des petits travaux occasionnels. »

Les frères franciscains promeuvent aussi des microentreprises dans le but d’aider de jeunes syriens à développer une activité économique :

« Ils présentent leur projet et nous sélectionnons les plus prometteurs, nous proposons aux créateurs des formations sur la façon de réaliser un projet commercial dont nous accompagnons ensuite le lancement. »

Cependant, le père Karakach insiste fortement sur la nécessité pour le monde de s’inquiéter du nouvel avenir de la Syrie :

« Nous ne voulons pas demander de l’aide éternellement et nous avons les outils pour reconstruire nos pays, mais il est nécessaire d’éliminer les sanctions économiques, qui non seulement augmentent la pauvreté des gens mais créent également un terrain fertile pour la corruption et l’anarchie ».

Et bien sûr, le cessez-le-feu à Gaza et la désescalade régionale :

« Les Syriens sont épuisés par la guerre, ils voudraient tourner la page. »

Léo Kersauzie

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