Un colloque national-conservateur avec des intervenants – plus d’une quarantaine – de toute l’Europe était annoncé en région bruxelloise les mardi 16 et mercredi 17 avril. C’était sans compter sur la mentalité tyrannique de plusieurs bourgmestres (équivalent de maires) bruxellois. Ce sont d’abord les bourgmestres de Bruxelles-Villes et d’Etterbeek qui, il y a quelques jours déjà, ont interdit le colloque sur le territoire de leurs communes respectives. Les organisateurs avaient alors trouvé une salle accueillante, le Claridge, dont le propriétaire, un Tunisien, a montré jusqu’au bout de cette histoire qu’il est un partisan de la liberté d’expression.
Le colloque avait débuté mardi matin sans le moindre problème lorsque le bourgmestre de de Saint-Josse-ten-Noode, Emir Kir, a signé un arrêté interdisant le colloque et a envoyé vers midi la police pour en barrer l’accès aux nouveaux arrivants et tenter d’interrompre les exposés qui continuaient à l’intérieur de la salle. Eric Zemmour s’est notamment vu refuser l’accès à la salle.
Le Premier ministre belge Alexander De Croo a rapidement réagi en critiquant sévèrement la décision du bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode qui contrevenait ainsi de façon manifeste à la liberté d’expression.
Remous diplomatiques
« Ce qui s’est passé au Claridge aujourd’hui est inacceptable », a écrit, en anglais, le chef du gouvernement fédéral belge sur son compte X (ex-Twitter). « L’autonomie communale est une pierre angulaire de notre démocratie mais ne peut jamais l’emporter sur la constitution belge qui garantit la liberté d’expression et de réunion pacifique depuis 1830. Interdire les réunions politiques est inconstitutionnel. Point final »
Dans la soirée, le cabinet du Premier ministre ajoutait que, selon M. De Croo, il était « bizarre » que la conférence ait déjà commencé depuis deux heures avant qu’une quelconque action ne soit entreprise. De plus, il n’y a eu aucun problème de sécurité d’une ampleur suffisante pour interrompre cette conférence. « Cela doit être une condition, sinon tout opposant à un événement peut simplement le faire arrêter », précise le cabinet.
L’affaire a rapidement pris une dimension politique européenne. En effet, parmi les orateurs annoncés, il y avait le Premier ministre hongrois Viktor Orban, l’ex-eurodéputé britannique Nigel Farage, de nombreux députés européens de divers pays, des professeurs d’universités de toute l’Europe et le Cardinal Müller.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a réagi sur son compte X (ex-Twitter) en signalant que la dernière fois qu’on l’avait empêché de parler, c’était la police agissant sur ordre du pouvoir communiste en 1988.
Le Premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak a réagi très vite en qualifiant d’ « extrêmement inquiétante » la décision des autorités de Bruxelles d’ordonner l’arrêt de cette réunion, où devaient participer plusieurs personnalités britanniques dont Nigel Farage et l’ancienne ministre conservatrice de l’Intérieur Suella Braverman, a indiqué sa porte-parole.
Dans la salle qui ne pouvait plus recevoir d’invités, les interventions ont néanmoins continué avec les participants déjà présents à l’intérieur depuis le matin.
Victoire devant le Conseil d’Etat
Pendant ces remous diplomatiques, c’est un recours en extrême urgence devant le Conseil d’Etat qui a pu débloquer la situation.
Hier soir, le dîner prévu au Claridge a donc pu se passer tranquillement, après l’intervention du Cardinal Müller.
Et ce matin, le Premier ministre hongrois Viktor Orban est arrivé sous les applaudissements du public.
Une victoire que savourent les organisateurs et les participants. Jamais ce colloque national-conservateur n’aurait bénéficié d’une telle couverture médiatique sans cette interdiction rocambolesque finalement cassée par le Conseil d’Etat.
Pierre-Alain Depauw
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