Père Daniel Brottier, par Alphonse Gilbert, éditions Salvator

Alphonse Gilbert (1921-2020), prêtre de la congrégation du Saint-Esprit, fut guéri d’une grave blessure par l’intercession du Père Daniel Brottier. Il a été le postulateur de sa cause en béatification et lui a consacré plusieurs ouvrages. Les éditions Salvator rééditent celui-ci, paru pour la première fois en 1990 aux éditions Les Orphelins Apprentis d’Auteuil.

Le Père Daniel Brottier (1876-1936) est un personnage extraordinaire. Père missionnaire audacieux au Sénégal, puis accompagnant quotidiennement les soldats dans les tranchées et au combat pendant les cinquante-deux mois de la Grande Guerre, créateur de l’Union nationale des combattants, récolteur de fonds imaginatif pour faire construire la cathédrale de Dakar puis persévérant chef de projet pour la construction du sanctuaire de sainte Thérèse de Lisieux, il a laissé des souvenirs impérissables partout où il est passé.

Vocation de missionnaire

Dès l’âge de 5 ans, Daniel Brottier voulait être prêtre. Jeune adolescent, il précisa qu’il voulait être missionnaire. Il entra au grand séminaire à 16 ans, revêtant la soutane avec allégresse. Ordonné prêtre en 1899, il est d’abord envoyé dans un collège où il se révèle un éducateur-né. Mais sa vocation de missionnaire ne l’a pas quitté. C’est donc à Saint-Louis du Sénégal que part ce père spiritain. Il y restera de 1903 à 1911 et y fait des merveilles. Excellent orateur, ses sermons marquent les esprits. Mais les campagnes anticléricales venues par vagues de la métropole et orchestrées par les francs-maçons locaux vont lui permettre de se démarquer comme « l’homme providentiel » pour opposer un barrage à cette propagande de laïcisation et entreprendre l’éducation chrétienne de la jeunesse. Le Père Brottier comprend aussi sur place l’importance de disposer d’une presse catholique. Enfin, Mgr Jalabert et lui rêvent de faire construire une cathédrale à Daker. Cependant, la mauvaise santé du Père Brottier le contraint à rentrer en métropole. Mais même à Paris, il reste au service des Missions. Mgr Jalabert le charge de trouver les fonds indispensables pour financer la construction de la cathédrale de Dakar. Ils ont l’idée de de dédicacer cette cathédrale à tous les Français tombés pour la conquête de l’empire colonial africain et à tous les missionnaires d’Afrique. Le Père Brottier lance en 1912 le bulletin Souvenir africain qui rappelle le souvenir des premiers missionnaires du père Libermann dont huit sur dix périrent des fièvres, à peine arrivés en Afrique en 1843.

Aumônier de la Grande Guerre en première ligne

Août 1914, c’est la guerre. Un corps d’aumôniers volontaires se met en place sous le patronage d’Albert de Mun. Deux cent cinquante aumôniers volontaires – dont le père Brottier – se présentent aussitôt. Le pape Pie X leur donne sa bénédiction. Le père Brottier est affecté le 26 août 1914 à la 26e division d’infanterie. Il y restera, sans un jour d’évacuation, jusqu’au 20 mai 1919, participant à toutes les opérations de campagne. La nuit, il se traîne dans la boue pour aller chercher les blessés. Il distribue aux soldats des médaillons du Sacré-Cœur en étoffe qu’ils aiment porter sur ou sous leur capote. Officiers et soldats l’admirent. Lorsqu’il convoque tout un bataillon à la confession, tous les officiers donnent l’exemple en se confessant, et le lendemain en communiant. Pendant les combats, il est toujours au premier rang avec les troupes engagées, soignant les blessés sous un feu meurtrier.

L’ardeur du soldat et le dévouement du prêtre

« Aumônier Daniel Brottier : âme magnifique où s’allient harmonieusement l’ardeur du soldat et le dévouement du prêtre. Pendant les attaques des 1er et 2 juin 1918, à Troesnes, parcourait la ligne pour relever, panser et secourir les blessés, allant les chercher en avant de nos postes, sous le feu intense des mitrailleuses, et encourageant les combattants. Est resté à Troesnes malgré deux relèves de bataillon, subissant, le 3, une nouvelle attaque, et, dans les jours suivants, un bombardement très dur. Exerce sur les combattants, qu’il soutient moralement, aux heures difficiles, par ses encouragements et son exemple, l’influence la plus heureuse », est-il écrit à son sujet dans une citation à l’Ordre de l’armée.

Lors du défilé de la Victoire à Metz, le Maréchal Pétain le salue de l’épée en signe d’éloge et d’admiration lorsqu’il l’aperçoit.

Sous la protection de sainte Thérèse de Lisieux

Le père Brottier a passé l’intégralité de la guerre en première ligne sans pourtant jamais être blessé. Il apprendra plus tard par Mgr Jalabert qu’il doit ce « miracle » à sainte Thérèse de Lisieux sous la protection de laquelle l’évêque du Sénégal avait secrètement confié son curé. A partir de ce moment-là, le père Brottier se consacra à se placer avec zèle dans les pas de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus via les Apprentis d’Auteuil dont il deviendra le directeur, faisant construire le sanctuaire de sainte Thérèse de Lisieux.

Ex Libris

Père Daniel Brottier, Alphonse Gilbert, éditions Salvator, 177 pages, 21,90 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur 

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