De la férie : messe du lundi de la quatrième semaine de Carême
La Station est dans l’antique Église appelée des Quatre-Couronnés, c’est-à-dire des saints martyrs Sévère, Sévérien, Carpophore et Victorin, qui souffrirent la mort sous la persécution de Dioclétien. Leurs corps reposent dans ce sanctuaire, qui s’honore aussi de posséder le chef du grand martyr saint Sébastien. Saint Paul nous expliquait, dans l’Épître de la Messe d’hier, l’antagonisme de la Synagogue et de L’Église, et comment le fils d’Agar persécute le fils de Sara qui lui a été préféré par le père de famille. Aujourd’hui, ces deux femmes qui comparaissent devant Salomon nous présentent encore ce double type. Elles se disputent un enfant ; cet enfant est la Gentilité initiée à la connaissance du vrai Dieu. La Synagogue, figurée par la femme qui a laissé mourir son fils, c’est-à-dire le peuple qui lui était confié, réclame injustement celui que son sein n’a point porté ; et comme cette réclamation ne lui est inspirée que par son orgueil, et non par aucune affection maternelle, il lui est indifférent qu’on l’immole, pourvu qu’il soit arraché à sa vraie mère qui est l’Église. Salomon, le Roi pacifique, figure du Christ, adjuge l’enfant à celle qui l’a conçu, qui l’a enfanté, qui l’a nourri ; et la fausse mère est confondue. Aimons donc notre Mère la sainte Église, l’Épouse de notre Sauveur. C’est elle qui par le Baptême nous a faits enfants de Dieu ; elle qui nous a nourris du Pain de vie ; elle qui nous a donné le Saint-Esprit ; elle enfin qui, lorsque nous avons eu le malheur de retomber dans la mort parle péché, nous a rendu la vie par le divin pouvoir qui est en elle. L’amour filial envers l’Église est le signe des élus, et l’obéissance à ses commandements est la marque d’une âme sur laquelle Dieu règne.
Nous avons vu déjà, au Mardi de la première semaine, le Seigneur chasser les vendeurs du Temple ; il accomplit en effet deux fois cet acte de justice et de religion. Le récit que nous lisons aujourd’hui se rapporte à la première expulsion de ces profanes du lieu saint. L’Église insiste sur ce fait dans le Carême, parce qu’il nous présente la sévérité avec laquelle Jésus-Christ agira contre l’âme qui se sera laissé envahir par les passions terrestres. Que sont, en effet, nos âmes, sinon le temple de Dieu ? de Dieu qui les a créées et sanctifiées pour y habiter ? Mais il veut que tout y soit digne de cette sublime destination. En ces jours où nous scrutons nos âmes, combien de profanes vendeurs ne trouvons-nous pas établis dans la demeure du Seigneur ? Hâtons-nous de les expulser ; prions même le Seigneur de les chasser lui-même avec le fouet de sa justice, dans la crainte qu’il ne nous arrive de trop ménager ces hôtes dangereux. Le jour où le pardon descendra sur nous est proche ; veillons à être dignes de le recevoir.
Avons-nous remarqué dans notre Évangile ce qui est dit de ces Juifs qui, plus sincères que les autres, se mirent à croire en lui, à cause des miracles qu’ils lui voyaient faire ? Jésus cependant ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous. Il y a donc des hommes qui arrivent à croire, à reconnaître Jésus-Christ, sans que pour cela leur cœur soit changé ! O dureté du cœur de l’homme ! ô anxiété cruelle pour la conscience des ministres du salut ! Des pécheurs, des mondains assiègent, en ces jours, les tribunaux de la réconciliation ; ils croient, ils confessent leurs péchés : et l’Église n’ose se fier à leur repentir. Elle sait d’avance que, bien peu de temps après le festin pascal, ils seront redevenus ce qu’ils étaient le jour où elle leur imposa les cendres de la pénitence ; elle tremble en songeant au danger que ces âmes, partagées entre Dieu et le monde, encourent en recevant sans préparation, sans conversion véritable, le Saint des Saints ; d’un autre côté, elle se souvient qu’il est écrit de ne pas éteindre la mèche qui fume encore, de ne pas achever de rompre le roseau déjà éclaté [9]. Prions pour ces âmes dont le sort est si inquiétant, et demandons pour les pasteurs de l’Église quelques rayons de cette lumière par laquelle Jésus connaissait tout ce qu’il y avait dans l’homme.
Sanctoral
Bienheureux Jean-Baptiste Righi de Fabriano, Prêtre, Premier Ordre Franciscain († 1539)
Le bienheureux Jean-Baptiste Righi descendait d’une famille noble de Fabriano, en Italie, et, dès son enfance, il manifestait un amour particulier pour la prière, une obéissance inhabituelle envers ses parents et une tendre compassion pour les pauvres. Devenu franciscain, il choisit de vivre dans une grotte afin de contempler les souffrances du Christ sans être dérangé ni vu des autres. En matière de nourriture et de vêtements, il observait la plus grande austérité et la plus grande abnégation, et était surtout solidement ancré dans l’humilité. Les paroles de l’Apôtre étaient toujours présentes à son esprit : « Le Christ a souffert pour nous » (1 Pierre 2,21). Pour nos péchés, pour notre salut éternel, notre cher Seigneur a souffert d’indicibles tortures depuis le jour où il est né dans une étable inhospitalière jusqu’à ce que la dernière goutte de sang coule de la blessure de son côté sacré sur la croix. Il est donc extrêmement ingrat et cruel de passer sous silence ses souffrances.
D’autre part, la contemplation des souffrances du Christ nous apporte une consolation dans la douleur et dans les souffrances de la vie ; car, bien que Christ fût innocent, il souffrit plus que nous. Cela nous donne de la force dans les moments où la calomnie et le mépris nous ont touchés, car Christ a souffert une plus grande part de cette affliction que nous. Cela donne l’espoir de la rémission des péchés. Les fidèles se rassemblaient en foule pour assister à ses sermons. Il reçut le don spécial d’éveiller une grande confiance dans la miséricorde de Dieu, à tel point que de nombreux pécheurs se repentirent de leur méchanceté et que certains des plus endurcis d’entre eux se convertirent. Même de son vivant, il a guéri de nombreux malades en leur faisant simplement le signe de la croix.
Après une vie de pénitence rigoureuse, le bienheureux Jean-Baptiste Righi partit vers son repos éternel à l’âge de soixante-dix ans. Il mourut le 11 mars 1539. Le pape Pie X confirma la vénération qui lui était portée depuis sa mort.
En Espagne : saint Euloge, Prêtre et Martyr († 859)
Euloge, né à Cordoue, appartenait à l’une des plus illustres familles de cette ville; mais sa principale noblesse était celle de la science et de la vertu. Les Maures avaient envahi sa patrie et persécutaient le nom chrétien. Euloge, sans jamais faiblir, lutta avec persévérance contre leur influence perverse et contre les chrétiens traîtres et perfides qui cherchaient à entraîner leurs frères dans une honteuse apostasie. Que d’âmes durent à son zèle ardent, à ses éloquents écrits, à ses exhortations enflammées, de demeurer fidèles à Jésus-Christ! C’est surtout grâce à lui que l’on vit une nouvelle et magnifique floraison de victimes immolées pour la foi, fleurs parfumées qui embaumèrent le jardin de l’Église et furent plus tard pour l’Espagne la source de grandes bénédictions. Euloge lui-même recueillit les noms et les actes de ces généreux martyrs. Mais il allait bientôt, lui aussi, se joindre à eux et conquérir la couronne glorieuse qu’il avait méritée à tant d’autres. Le premier soin du savant prêtre, quand il comparut devant son juge, fut de lui exposer avec vigueur les impostures et les erreurs de Mahomet, et de l’engager à se faire lui-même disciple de Jésus-Christ, unique Sauveur du monde. Furieux d’une si sainte audace, le juge ordonne de le frapper à coups de fouets jusqu’à ce qu’il expire: « Vous auriez bien plus tôt fait, lui dit Euloge, de me condamner à mourir par le glaive, car sachez bien que je suis prêt à mourir plusieurs fois pour Jésus-Christ! »
Conduit devant le conseil du prince musulman, le vaillant prêtre se mit encore à prêcher hardiment l’Évangile avec tant de véhémence que, pour échapper à ses arguments victorieux, on se hâta de le condamner à avoir la tête tranchée. Comme on le conduisait au supplice, l’un des soldats lui donna un soufflet; Euloge, se souvenant des enseignements de son divin Maître, tendit l’autre joue sans se plaindre, et le misérable osa le frapper de nouveau. Quand le Saint fut arrivé au lieu du supplice, il pria à genoux, étendit les mains vers le Ciel, fit le signe de la Croix et unit ses souffrances et son martyre aux souffrances et à la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la Croix; puis il tendit sa tête au bourreau et consomma son sacrifice. Les fidèles rachetèrent du bourreau la tête de saint Euloge, et donnèrent à son corps une sépulture honorable.
Martyrologe
A Sardes, saint Euthyme évêque. Il fut, pour le culte des saintes images, relégué en exil par l’empereur iconoclaste Michel; enfin sous l’empereur Théophile, inhumainement flagellé avec des nerfs de bœuf, il acheva son martyre.
A Cordoue, en Espagne, saint Euloge, prêtre et martyre. Durant la persécution des Sarrasins, pour avoir glorieusement et courageusement confessé le Christ, il fut frappé de verges, souffleté, puis décapité, méritant ainsi d’être joint aux martyrs de la même ville, dont il avait envié le sort, en célébrant dans ses écrits leurs combats pour la foi.
A Carthage, les saints martyrs Héraclius et Zosime.
A Alexandrie, la passion des saints Candide, Pipérion et de vingt autres martyrs.
A Laodicée, en Syrie, les saints martyrs Trophime et Thale, qui, durant la persécution de Dioclétien, après de nombreux et cruels tourments, obtinrent des couronnes de gloire.
A Antioche, la commémoraison de nombreux saints martyrs, dont les uns furent, par ordre de l’empereur Maximien, placés sur des grils ardents, de façon à ne pas subir la mort, mais à être rôtis par un long tourment; les autres furent assujettis à de très cruels supplices : tous parvinrent ainsi à la palme du martyre.
De plus, les saints martyrs Gorgon et Firme.
A Jérusalem, saint Sophrone évêque.
A Milan, saint Benoît évêque.
Sur les confins du pays d’Amiens, saint Firmin abbé.
A Carthage, saint Constantin confesseur.
A Babuco, en Latium, saint Pierre confesseur, illustre par l’éclat de ses miracles.
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