Des champs gaziers au large de Gaza ont été découvert dans les années 1990 dans les eaux territoriales de l’enclave. Les Palestiniens ne peuvent cependant pas exploiter ces champs gaziers en raison de l’opposition d’Israël. Pendant que l’Etat hébreu bombarde d’une main la bande de Gaza, de l’autre il octroie 12 licences d’exploitation de ce gaz fossile au large de la côte méditerranéenne de l’enclave palestinienne.
Au large de Gaza, des gisements de plus de 35 milliards de m3 de gaz naturel ont été découverts en 1999. Ils sont l’objet de bien des convoitises
« Terre promise ? Quelle terre promise ? Pourquoi a-t-il fallu que Moïse nous guide vers le seul endroit du Moyen-Orient qui soit justement dépourvu de pétrole ! » ironisait la femme d’Etat israélienne Golda Meir qui participa à la création de l’Etat d’Israël.
De pétrole, le large des côtes de Gaza, de cette Terre promise pour les Juifs, il en a été trouvé des milliards de tonnes dès 1999. Avec Gaza Marine, à environ 35 kilomètres de la côte, ce sont plus de 35 milliards de m3 de gaz naturel et et une capacité annuelle de production de 1,5 milliard de m3 sur une période de 12 ans. Développé tout d’abord par British Gas en 2000, puis par Royal Dutch Shell qui en a revendu les droits d’exploitation à l’Autorité palestinienne en 2015 par l’intermédiaire du fonds souverain Palestine Investment Fund. Pour l’Autorité palestinienne, ce gisement gazier pourrait représenter « un revenu annuel compris entre 700 et 800 millions de dollars », écrit le site Middle East Eye, qui rapporte l’information.
La possession de ces gisements, Gaza Marine 1 et Gaza Marine 2, continue de faire l’objet d’une âpre bataille juridique entre Israéliens et Palestiniens. En mai dernier, Courrier International écrivait que « Israël et l’Autorité palestinienne (AP) mènent des “discussions secrètes” autour de l’exploitation du champ gazier baptisé Gaza Marine, situé à 30 kilomètres de la côte de l’enclave palestinienne de la bande de Gaza, a révélé, jeudi 4 mai, le site Internet de la chaîne de télévision israélienne Channel 13 ». Or continue CI « les gisements ont longtemps été considérés comme un tremplin majeur vers l’indépendance énergétique palestinienne, mais ils sont restés inexploités principalement en raison des objections et des obstacles israéliens ».
La possession de ces gisements, Gaza Marine 1 et Gaza Marine 2, continue de faire l’objet d’une âpre bataille juridique entre Israéliens et Palestiniens
En effet, pour la Palestine, ces réserves de gaz pourraient permettre à Gaza et à la Cisjordanie d’atteindre une indépendance énergétique vis-à-vis d’Israël qui pour l’instant contrôle l’approvisionnement énergétique des territoires palestiniens en interdisant l’exploitation par l’Autorité Palestinienne des gisements Marine 1 et Marine 2.
Avec la guerre en Ukraine, l’Union Européenne a cherché d’autres sources d’énergie en dehors de la Russie et s’est donc tournée vers la Méditerranée orientale, et donc Israël qui signe en octobre 2022, un accord avec l’Égypte et l’Autorité palestinienne pour l’exploitation de Gaza Marine, accord qui suscita surprise et critiques internes, notamment de la part du Hamas. Cependant, l’accord final, expliquait en juin 2023, l’économiste Hamed Jad, devrait inclure une entente avec le Hamas – le dirigeant de facto de Gaza – afin d’éviter de nouvelles difficultés dans l’exploitation du gisement.
En juin 2023, la décision d’exploiter ces champs gaziers au large de gaza s’était concrétisée : « Dans le cadre des accords existants entre Israël, l’Egypte et l’Autorité palestinienne (AP), le gouvernement [israélien] va accélérer le projet de développement du champ gazier de Gaza Marine, au large de la Bande de Gaza », avait déclaré le bureau de Netanyahu, dans un communiqué. Ce à quoi le Hamas avait répondu qu’il ne permettrait pas à l’occupant israélien d’utiliser la question du champ gazier de Gaza comme instrument pour conclure des accords politiques et de sécurité avec d’autres parties.
L’Autorité palestinienne, le Hamas et Israël se disputent la maîtrise de ces gisements gaziers
Mais parallèlement lit-on dans l’excellente revue Conflits « les revenus du gaz constituent une opportunité inestimable pour le Hamas de renforcer son pouvoir dans la bande de Gaza ». Ainsi, continue Conflit « des sources palestiniennes indiquent que ‘’la direction politique du Hamas, qui s’efforce de se présenter comme un mouvement modéré, propose l’option d’une trêve à long terme avec Israël ‘’ » incité « à accélérer ses démarches afin de construire des accords lui permettant de bénéficier des revenus du gisement gazier ». Sans cela, le Hamas considèrera que « Israël s’apprête ‘’à voler le gaz de Gaza et pourrait réagir par une confrontation militaire‘’.
Il se heurte cependant au refus d’Israël pour qui, lit-on dans le Times of Israel, « le Hamas ne doit pas disposer des bénéfices économiques de l’accord tant que la question des 4 prisonniers israéliens détenus à Gaza depuis 2014 » n’est pas résolue. Ce à quoi le Hamas rétorque qu’Israël détient plus de 4.000 détenus palestiniens dont 1.800 mineurs.
Fin juin 2023, dans le quotidien turc Yeni Şafak (tendance islamiste conservateur), on pouvait lire :
« le Hamas se prépare à mener la bataille du gaz, et l’a commencé par un mouvement diplomatique régional, pour transmettre les premiers messages de son rejet de tout vol israélien de gaz palestinien, tout en n’excluant pas une confrontation militaire avec Israël ».
Et dernièrement, apprend-on que le 29 octobre dernier, en plein pendant les bombardements meurtriers de la bande de Gaza, le déplacement de millions de personnes vers le sud de l’enclave, la dépopulation, le ministre israélien de l’énergie, Israel Katz, a clôturé l’octroi de 12 licences d’exploitation de gaz fossile au large de la côte méditerranéenne du pays. « L’Europe et les États-Unis négocient avec le gouvernement de Netanyahou pour s’assurer le contrôle du gaz de Gaza » écrit le quotidien Investig’Action. « Des sociétés comme l’italien Eni, le britannique BP ou l’azéri Socar développent leur activité gazière » le long des côtes de Gaza.
Dans le barbare conflit qui oppose l’Etat hébreu et le Hamas, plus largement le peuple palestinien, la maîtrise de l’énergie au large de la bande de Gaza entre donc bel et bien en jeu. Guerre religieuse, guerre territoriale, il est aussi une guerre économique.
Francesca de Villasmundo
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