François aux JMJ deux mille vingt-trois au Portugal contre les conservateurs
On connait hélas l’ambiguïté et surtout la trivialité de son propos. Ceux-ci méritent le détour, ils signent sa « théologie ».

Le changement devient source et sève de la révélation !

Le traditionnel retrait du pape à Castel Gondolfo, l’été, n’est plus que le lointain souvenir d’une Eglise qui servait alors de phare de l’humanité. Quelques semaines durant, le vicaire du Christ se retirait dans l’auguste résidence papale pour y contempler le ciel et la terre et pour y glorifier, dans le silence, l’œuvre de Dieu à travers le travail des hommes. La beauté architecturale des lieux, la beauté des jardins, la soif du divin, remplissaient le cœur des fidèles qui rendaient ainsi hommage au Dieu trois fois saint de leur concéder cet ordre éthique, esthétique, musical et poétique. La beauté élève autant qu’elle éveille. Elle guide autant qu’elle fascine. Le pape était le gardien de cette beauté. Il la servait.

JMJ deux mille vingt-trois Portugzal, l'archevêque de Milan Mario Delpini

Depuis l’arrivée de François au Vatican – dix ans déjà -, c’est-à-dire depuis que ce pape disperse l’Eglise et la dilue dans le cloaque d’une humanité détournée du divin, plus de retrait estival dans la résidence papale, plus de beauté, plus de magnificence. Sous le prétexte fallacieux d’une Eglise pauvre pour les pauvres, le rayonnement de ce qu’il convient de faire rayonner se dissipe dans l’infrarouge et le diaphonique contemporain.

La lumière, l’éclat, la voix, le chant et la musique à la belle résonance divine ont cédé la place à la palabre, à la blague, à l’incongruité, à la vulgarité et à l’outrecuidance de la basse-cour humaine. La pureté doctrinale, malmenée sous les précédents pontificats conciliaires, est désormais souillée par les élucubrations hérétiques d’un clergé englué dans l’écosystème humain et l’anthropomorphisme. Tout est laid dans ce monde-là ; « ça puire ! », s’exclameraient ensemble Jacquouille et Montmirail !

L’été de François se résume en trois épisodes aussi « puirifiant » l’un que l’autre.

Le premier épisode, est le rendez-vous des JMJ à Lisbonne, au Portugal, il y a quelques jours. Il n’était pas question bien sûr d’y enseigner les nations ni de les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; il n’était pas question de convertir le monde ni de l’élever au-dessus de ses faiblesses pour l’en guérir. Cette image de l’archevêque de Milan, Mario Delpini, parle d’elle-même [Photo ci-dessus]. Elle suffit à commenter l’évènement.

JMJ deux mille vingt-trois, prise de parole du pape auprès de jésuites du Portugal

Le deuxième épisode est la prise de parole du pape auprès de jésuites du Portugal au cours du même évènement.

C’était le 5 août dernier, devant un parterre de 90 jésuites. La photo l’illustre. On connait la liberté de ton de l’argentin, sa désinvolture. On connait hélas l’ambiguïté et surtout la trivialité de son propos. Ceux-ci méritent le détour, ils signent sa « théologie » :

« Quand j’étais novice, on nous parlait de la chasteté, de la sainte chasteté. On nous demandait de ne pas regarder des photos un peu osées…, enfin, c’était une autre époque. Des temps où les problèmes n’étaient pas si aigus, et où ils étaient cachés. Aujourd’hui, Dieu merci, la porte est grande ouverte et il n’y a aucune raison que les problèmes restent cachés. Si vous cachez vos problèmes, c’est parce que vous avez choisi de le faire, mais ce n’est pas la faute de la société, ni de votre communauté religieuse. C’est l’un des mérites actuels de la Société : elle ne cache pas ses problèmes, elle en parle, aussi bien avec le supérieur qu’entre vous. 

(…)

Je n’ai pas peur de la société sexualisée, non ; j’ai peur de la manière dont nous nous y rapportons. J’ai peur des critères mondains. Je préfère utiliser le terme « mondain » plutôt que « sexualisé », parce que ce terme englobe tout. Par exemple, l’envie de se mettre en valeur. L’envie de se distinguer ou, comme nous le disons en Argentine, de « grimper ». Ceux qui grimpent finissent par se faire du mal. 

Ma grand-mère, qui était une vieille [dame] sage, nous a dit un jour : « Dans la vie, il faut progresser », acheter un terrain, des briques, une maison… Des mots clairs, issus de l’expérience d’une émigrée, dont le père était aussi un immigré. « Mais il ne faut pas confondre progresser, ajoutait ma grand-mère, et grimper. En effet, celui qui grimpe, grimpe, grimpe, et grimpe encore, au lieu d’avoir une maison, de monter une affaire, de travailler ou d’obtenir un poste, quand il est au sommet, ne montre que son derrière ». C’est cela la sagesse.

La sagesse de Bergoglio tient de sa grand-mère. Elle ne tient pas de Dieu !

Le troisième épisode relève du même colloque avec les mêmes interlocuteurs le même jour. Au cours de ce même entretien, en effet, il dénonce « l’indiétrisme », cette affreuse disposition de certains, « les rigides », à s’exclure du changement inhérent à la nature humaine et à la conscience de l’homme moderne :

« Quand on recule, on forme quelque chose de fermé, de déconnecté des racines de l’Eglise, et on perd la sève de la révélation. Si l’on ne change pas vers le haut, on recule, et l’on adopte alors d’autres critères de changement que ceux que la foi elle-même nous donne pour grandir et changer. Les effets sur la moralité sont dévastateurs. Les problèmes auxquels les moralistes doivent faire face sont très graves et pour les résoudre, ils doivent prendre le risque du changement.

Le changement devient source et sève de la révélation !

La logique bergoglienne consiste donc à suivre l’Esprit, à s’ouvrir aux surprises de l’Esprit et à permettre à l’Eglise de s’ouvrir à tout le monde, oui ! tout le monde. « Certes ! » soupire le crédule, mais le piège est tendu :

La porte est ouverte à tous, dit-il, chacun a sa place dans l’Eglise. Comment chacun vivra-t-il. Nous aidons les gens à vivre de façon à ce qu’ils puissent occuper cette place avec maturité, et cela s’applique à toutes sortes de personnes. À Rome, je connais un prêtre qui travaille avec des garçons homosexuels. Il est clair qu’aujourd’hui le sujet de l’homosexualité est très fort, et la sensibilité à ce sujet change en fonction des circonstances historiques. Mais ce que je n’aime pas du tout, en général, c’est que nous regardions le soi-disant « péché de la chair » avec une loupe, comme nous l’avons fait pendant si longtemps en ce qui concerne le sixième commandement. Si vous exploitiez des travailleurs, si vous mentiez ou trichiez, cela n’avait pas d’importance, et c’étaient les péchés en dessous de la ceinture qui étaient pertinents. (…) Je voudrais ajouter quelque chose qui concerne les personnes transsexuelles. Une religieuse de Charles de Foucauld, Sœur Geneviève, âgée de quatre-vingts ans, aumônier au Cirque de Rome avec deux autres sœurs, assiste aux audiences générales du mercredi. Elles vivent dans une maison ambulante à côté du Cirque. Un jour, je suis allée leur rendre visite. Elles ont la petite chapelle, la cuisine, la chambre, tout est bien organisé. Cette religieuse travaille aussi beaucoup avec les filles transgenres. Un jour, elle m’a dit : « Puis-je les emmener à l’audience ? » « Bien sûr », lui ai-je répondu, « pourquoi pas ? » Et des groupes de femmes transgenres viennent toujours. La première fois qu’elles sont venues, elles pleuraient. Je leur ai demandé pourquoi. L’une d’entre elles m’a dit : « Je ne pensais pas que le pape pouvait me recevoir ! Puis, la première surprise passée, elles ont pris l’habitude de venir. Certaines m’écrivent et je leur réponds par e-mail. Tout le monde est invité ! Je me suis rendu compte que ces personnes se sentent rejetées, et c’est très dur ». 

La « théologie » bergoglienne consiste donc dans cette étrange invitation à voyager au sein d’une Eglise qui change avec son temps sans que l’invité ne doive changer en lui-même ce qu’il y a d’impropre à la suivre ! Tout le contraire de ce qu’enseigne Notre Seigneur qui exhorte à la conversion intérieure de l’invité pour participer à son Eglise, inaltérable, et à la vie, inaltérable elle aussi, du Verbe de Dieu. Renverser à ce point l’ordre divin est hérétique, ni plus ni moins ! Cette hérésie fut reprise lors de l’angélus du dimanche 20 août, place St Pierre : « Oui, Jésus reste ferme mais pas rigide, dit le pape. Il ne reste pas rigide sur ses positions, mais se laisse porter et émouvoir. Il sait changer ses plans ».

Voilà que Dieu, en son Verbe éternel, peut changer selon François !

Cette « théologie » du changement, qu’en d’autres temps le haut clergé aurait qualifiée d’anathème, sera consacrée au mois d’octobre prochain avec le synode sur la synodalité. Au mépris de la plus élémentaire connaissance de Dieu et de l’affirmation sans appel de St Jacques dans son épitre (1.17-21) : « Frères bien-aimés, tout beau présent, tout don parfait vient d’en haut et descend du Père des lumières, qui ne connait ni vicissitudes ni ombre de changement ».

Gilles Colroy

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