« La gravité de ces accusations a profondément choqué le Conseil exécutif, qui a limogé le rabbin Yaacobov sans préavis en date du 31 mai », a déclaré Ilan Kiesling, porte-parole de l’organisation, dans une déclaration à la Jewish Telegraphic Agency. Le tribunal religieux – le beit din – jugera le rabbin Reuven Yaacobov, comme le prévoit la loi juive.
Le rabbin Yaacobov était considéré comme un chef spirituel très apprécié au sein de la grande communauté juive russophone de Berlin.
Jusqu’il y a peu, la biographie – retirée – du rabbin Reuven Yaacobov sur le site Internet de la Communauté Juive de Berlin, précisait qu’il est né en Ouzbékistan, a été ordonné par la Yeshiva Sepharadi du Midrash à Jérusalem, est âgé de 46 ans et père de trois enfants, a également étudié à la Yeshiva de Moscou et à la Yeshiva Shavei Gola à Jérusalem, avant d’être recruté par la Communauté Juive de Berlin il y a de cela 17 ans.
En plus de la direction de Tiferet Israël, la synagogue séfarade de Berlin, le rabbin Yaacobov exerçait comme sofer (scribe rituel), shochet (abatteur rituel) et mohel (chargée de pratiquer la circoncision sur les nourrissons de sexe masculin).
Depuis plus de quinze ans
Or, les premières accusations au sujet d’abus sexuels par le rabbin Yaacobov ont circulé depuis plus de quinze ans. Mais il a pu continuer de sévir en toute impunité.
En 2010, déjà, une école juive orthodoxe pour filles avait fait savoir aux parents que les élèves ne doivent plus voir ce rabbin.
Par deux fois au moins, des femmes se sont adressées aux forces de l’ordre, sans que leurs plaintes ne soient enregistrées. Le procureur général de Berlin avait tout simplement refusé d’enquêter.
Le rabbin s’arrangeait pour gagner progressivement la confiance de jeunes femmes, et finissait par les convaincre d’accepter des attouchements intimes et de se soumettre à des actes sexuels en prétendant qu’un tribunal juif secret leur avait prescrit ce traitement ou – autre scénario – en affirmant que lui seul, s’affirmant descendant du roi David, pouvait sauver leur âme.
C’est après une conférence sur le « sexe casher » donné à Berlin par rabbin Reuven Yaacobov devant des juifs russophones en mars dernier, que les autorités de la communauté juive ont pris la mesure du problème.
Mais le rabbin semble continuer ses activités malgré son renvoi de la synagogue Tiferet Israël. Il pratique encore des circoncisions et publie régulièrement des vidéos sur les réseaux sociaux.
Pierre-Alain Depauw
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