François Macé est professeur émérite à l’Institut national des langues et civilisations orientales, au sein du département des études japonaises. Mieko Macé est chercheuse au Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale et a écrit de nombreuses publications sur la pensée médicale au Japon et en Chine. Ensemble, ils avaient rédigé une étude consacrée au Japon d’Edo (période 1603-1868) que les éditions Perrin viennent de rééditer en format de poche dans leur collection Tempus.
Pour la majorité des Japonais, l’histoire qu’ils ont apprise durant leur scolarité se divise en périodes qui portent le plus souvent des noms de lieux correspondant à la ville où s’exerçait le pouvoir réel du moment. L’époque d’Edo fut une longue période de paix sous un gouvernement de guerriers ! Elle fait contraste avec les périodes précédentes dominées par des guerres incessantes mais aussi avec l’époque moderne de Meiji (1868-1912) qui suit et est marquée par les guerres sino-japonaise (1894-1895) et russo-japonaise (1904-1905). Pourtant, cela ne signifie pas que cette paix fut totale. C’est durant le Japon d’Edo qu’une importante campagne guerrière fut menée contre des paysans chrétiens encadrés de samurais, à Shimabara, dans le nord de Kyûshû, en 1637 et 1638. Du milieu du XVIe siècle au milieu du XVIIe siècle, on assista au plus grand développement du christianisme au Japon, avec la conversion de régions entières à la suite de leur seigneur. Le christianisme commençait à représenter un poids réel dans la société japonaise et fut dès lors victime d’une féroce répression. La restauration d’un pouvoir fort s’accompagna au début du XVIIe siècle d’édits d’interdiction du christianisme suivis d’une politique d’éradication. Ceux qui n’apostasiaient pas étaient exécutés. Et la dernière révolte chrétienne de Shimabara, en 1638, fut écrasée avec le concours… des Hollandais.
Mais ce livre s’attèle surtout à nous faire découvrir l’organisation de la société, le mode de vie et les coutumes au Japon d’Edo, Edo étant la capitale des shôguns, avec l’installation du bakufu (le gouvernement des guerriers) et devenue à ce titre la première ville du pays. Dominée par les guerriers, la société d’Edo s’est représentée de façon très hiérarchisée. Non seulement les catégories sociales étaient en théorie étanches, mais dans chacune d’elles de nombreuses subdivisions cloisonnaient le corps social. Quant au shôgun, véritable détenteur du pouvoir, il se trouvait, hiérarchiquement parlant, dépendant d’un empereur qui, en réalité, ne pouvait rien faire sans son aval.
Un ouvrage qui permet de découvrir bien des aspects méconnus de l’histoire et de la culture nippone dans une période charnière avant son occidentalisation qui va rapidement suivre le Traité de Kanagawa entre le Japon et les Etats-Unis en 1854.
Le Japon d’Edo, François et Mieko Macé, éditions Perrin, collection Tempus, 448 pages, 9 euros
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