Crise énergétique et recherche de paix : Salvini prône le dialogue avec Vladimir Poutine.

En France, nous avons Ségolène Royal qui étonne avec son discours nuancé sur la guerre en Ukraine qui détonne dans le concert médiatique antirusse.

En Italie, c’est Matteo Salvini qui tient un langage similaire, tout en restant prudent.

Salvini crée ainsi un paradoxe : il craint de rester isolé, son allié Frères d’Italie ne lui suivant pas sur cette ligne, et ne fait rien pour l’éviter. Il rompt avec Bruxelles, envoie des signaux à Moscou. En quelques jours il collectionne trois positions opposée à la doxa dominante anti-russe actuelle : assez avec les sanctions, assez avec l’idée d’une interdiction de visa touristique pour les Russes, assez avec le défi énergétique de l’Europe au Tsar. Parce que sanctions, interdictions et défi énergétique pénalisent avant tout, surtout et presqu’exclusivement les seuls Européens, donc aussi les Italiens. Son discours se double d’une critique au vitriol des décisions prises par l’Union Européenne en soutien à l’Ukraine mais destructrices des économies et du tissu économique des pays européens.

Depuis des jours, en pleine campagne électorale, Salvini critique le système de sanctions que les institutions européennes ont imposé à la Russie. Sa voix est la seule de la coalition de centre-droit qui va dans ce sens. Le chef de la Ligue a montré du scepticisme sur l’efficacité des mesures :

« Au lieu de sanctions, censées nuire aux Russes, il vaudrait mieux protéger les Italiens et les Européens avec un bouclier, un parachute ». De Bolzano où il continue sa campagne électorale, il a souligné que « la seule urgence en ce moment s’appelle la facture d’électricité et de gaz. C’est grave qu’une partie de la politique ne comprenne pas cela. C’est un problème continental et national ».

« Nous avons besoin d’argent de Bruxelles qui a demandé des sanctions manifestement ens e trompant sur les comptes, a poursuivi la tête de la Ligue. Ce serait incroyable si l’Europe ne bougeait pas le petit doigt, étant donné que nous risquons de laisser des millions d’Italiens dans le noir et le froid. Si l’Europe ne bouge pas, le gouvernement national doit le faire. L’Europe qui impose des sanctions est la même qui a le devoir d’aider les Italiens à payer leurs factures, ce ne peut pas être Bolzano qui paie les sanctions contre la Russie. »  

Il se veut rassurant auprès de ses alliés plus atlantistes : « Si nous gagnons les élections, nous irons au gouvernement avec un ministre des Affaires étrangères qui pourrait être ici, nous avancerons » par rapport aux sanctions contre la Russie, « mais les entrepreneurs et les travailleurs italiens ne peuvent pas être perdants, nous avons besoin d’une Europe bouclier ». Et donc « nous continuerons sur la voie de la punition du régime qui a attaqué, mais en protégeant nos entrepreneurs et nos travailleurs » . Car « gagner les élections en héritant d’un pays à genoux ne serait pas une grande satisfaction ». 

L’insistance de Salvini sur la question oblige ses alliés à réitérer leur soutien à la stratégie de sanctions de l’Union européenne.

La position de la Ligue semblerait une tentative de récupération du consensus dans le tissu entrepreneurial du Nord, terre d’élection pour le parti au trèfle, mais où, selon les derniers sondages, le parti de Giorgia Meloni aurait arraché le leardership à Salvini. Les entreprises du Nord-Est sont celles qui ont le plus souffert des sanctions, ayant construit au fil des ans un système commercial dense avec la Russie. Et c’est la Ligue du Nord elle-même qui a rendu publique la demande reçue des entrepreneurs : « Ils me demandent de revoir les sanctions contre la Russie, car c’est le seul cas au monde où les sanctions, destinées à arrêter la guerre et à frapper un régime, n’endommage pas les sanctionnés mais ceux qui sanctionnent ».

La bataille de la Ligue devient une épine qui menace non pas tant les opposants de la gauche, (les avis divergent au sein de la coalition de gauche sur le type de soutien à apporter à l’Ukraine), mais l’assentiment que Giorgia Meloni, présidente de Frères d’Italie, essaie de faire grandir autour de soi.

« Un assentiment fait de réassurances envers les institutions internationales, les acteurs financiers, ceux qui étaient autrefois les puissances fortes à combattre et qui sont désormais les interlocuteurs nécessaires pour permettre réellement à la première femme de l’histoire italienne de devenir Premier ministre. Mais qui exigent un maximum de clarté de Meloni sur la position de l’Italie sur la scène internationale » analyse justement un journal italien. En clair, Meloni peut escompter être Premier ministre si elle maintient le positionnement atlantiste, ce péché originel de la droite italienne, héritière du Mouvement Social Italien, d’Alleanza nazionale de Gianfranco Fini à son successeur Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni. Un positionnement qui, s’il permet d’accéder au pouvoir, a signé à terme par le passé la désintégration du parti national Alleanza nazionale. Une désintégration qui pourrait à terme frapper Fratelli d’Italia, cet atlantisme extrémiste étant contraire aux intérêts nationaux italiens.

Francesca de Villasmundo

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