De la Sainte Vierge au samedi : messe Salve sancta parens
Sanctoral
Sainte Véronique Giuliani, Vierge, Clarisse
Sainte Véronique Giuliani eut une enfance tout extraordinaire: le mercredi, le vendredi et le samedi, jours consacrés à honorer la Passion de Jésus-Christ et la Sainte Vierge, elle n’acceptait le lait de sa mère ou toute autre nourriture que deux fois et en petite quantité, prélude des grands jeûnes de sa vie. Six mois après sa naissance, elle s’échappa des bras de sa mère et alla d’un pas ferme, toute seule, vénérer un tableau attaché à la muraille et représentant le mystère du jour. À partir de ce moment, elle marcha sans le secours de personne. Un an après, accompagnant sa mère dans un magasin, elle dit d’une voix claire au marchand, qui trompait sur le poids: « Soyez juste, car Dieu vous voit. » À trois ans, elle avait des communications familières avec Jésus et Marie. Quelques fois l’image de Marie portant Jésus devenait vivante, et, se détachant du cadre, descendait dans ses bras. Un matin qu’elle cueillait des fleurs pour orner l’image de Jésus et de Marie, Jésus lui dit: « Je suis la Fleur des champs. » Charitable pour les indigents dès son bas âge, un jour elle donna une paire de souliers à un pauvre, et, quelques temps après, elle les vit aux pieds de la Sainte Vierge, tout éclatants de pierreries. Elle fit, à douze ans, voeu de se consacrer à Dieu. Bientôt, recherchée par de brillants partis, elle répondit simplement: « C’est inutile, je serai religieuse. » Elle entra à dix-sept ans chez les Clarisses. Elle ne connut point les essais de cette nouvelle vie, et se trouva dès le premier jour religieuse parfaite. Sa grâce spéciale fut de porter en elle la ressemblance de Jésus crucifié, dont elle méditait sans cesse la Passion. Elle eut son couronnement d’épines, qui laissa des traces douloureuses et inguérissables sur sa tête; elle sentit, un jour de Vendredi saint, la douleur du crucifiement, et le Sauveur, lui apparaissant, laissa sur ses pieds, ses mains et sa poitrine, des stigmates tout saignants. Les grâces extraordinaires que reçut Véronique furent achetées au prix de grandes épreuves.
Aux Pays-Bas : Les dix-neuf Martyrs de Gorcum
Lors de la révolte des Protestants des Pays-Bas contre le gouvernement de la catholique Espagne, un certain nombre de révoltés, appelés «Gueux de mer», habitaient sur des vaisseaux aux bouches de l’Escaut. C’étaient en général des gens de sac et de corde, qui, sous prétexte de religion, exerçaient sur mer la piraterie, et sur terre les pires violences contre les prêtres et les religieux. En avril 1572, les Gueux se présentèrent à l’improviste devant la ville de Gorcum et promirent aux habitants de respecter la liberté religieuse de tous, prêtres et laïques; se fiant à cette promesse, les citoyens leur ouvrirent les portes de la ville. Moins confiant, le Gouverneur se retira dans le château avec tous ceux qui n’avaient pas confiance en la parole de ces écumeurs de mer. Malgré la bravoure du Gouverneur, le château, dépourvu de troupes et de munitions, ne pouvait tenir longtemps. De leur côté les Gueux, redoutant l’arrivée de secours, réitèrent les promesses d’amnistie pleine et entière. Alors les assiégés se confessent mutuellement, reçoivent le saint Viatique, et on laisse entrer les Gueux. A peine la bande de huguenots est-elle dans la place qu’elle se jette sur les assiégés pour les fouiller et les dépouiller. Ils les font ensuite comparaître pour leur arracher l’aveu de l’endroit où ils ont caché leurs trésors. S’attaquant d’abord à Nicolas Janssen, curé de Gorcum, ils lui enroulent autour du cou la corde d’un franciscain, la font passer sur la porte de la prison, et la tirant, soulèvent et lâchent tour à tour le malheureux prêtre, jusqu’à ce qu’ils le voient près d’expirer. C’est alors le tour du Père Gardien, Nicolas Pieck. Après plusieurs secousses effroyables, la corde casse, le patient tombe inanimé. Est-il mort ? Pour s’en assurer, un bourreau promène sur son visage la flamme d’un cierge; il la fait entrer dans les narines, dans la bouche, lui brûle la langue et le palais. Dans la prison du château, des scènes de ce genre se renouvellent huit jours durant. Le samedi 5 juillet, la phalange des confesseurs fut dirigée sur Brielle, où elle devait trouver son Calvaire. Là, dans une grotesque procession, on les obligea à faire le tour de la potence, puis de recommencer à reculons, en chantant le « Salve Regina.» Cependant, sur leur passage, des femmes trempent leur balai dans l’eau sale et les aspergent en parodiant « l’Asperges me.» Un des confesseurs de la foi, ancien pèlerin de Terre Sainte, ne peut s’empêcher de dire : « J’ai vécu chez les Turcs et les Maures ; jamais je n’ai rien vu de pareil.» Détail touchant, le peuple réclama ensuite l’« Oremus.» Un saint vieillard s’exécuta en y substituant l’oraison de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, que tout le monde écouta en silence : « Seigneur Jésus-Christ, que la Bienheureuse Vierge Marie, votre Mère, dont la très sainte âme fut percée d’un glaive de douleur au moment de votre Passion, daigne bien intercéder pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort.» Ramenés en prison, ils sont pressés d’apostasier, mais la plupart demeurent inébranlables dans leur croyance. Furieux de leur échec, et désireux d’en finir avec leurs prisonniers, les Gueux les conduisent la nuit même dans un ancien monastère abandonné; il jettent des cordes sur deux poutres, et dressent une échelle. Bientôt dix-neuf corps se balancent dans le vide. Le lendemain matin, 9 juillet, la populace était admise à insulter les corps de ces martyrs ; elle le fit aussi copieusement que lâchement. Au nombre des victimes de cette hécatombe, on comptait : onze Frères Mineurs de l’Observance ; un Dominicain ; deux Prémontrés ; un chanoine régulier de Saint-Augustin, et quatre prêtres du clergé séculier. Pie IX a inscrit ces dix-neuf confesseurs de la foi au nombre des martyrs, le 29 juin 1866.
En Angleterre : Saints Jean Fisher et Thomas More, Martyrs
Parmi les héros chrétiens qui combattirent résolument l’hérésie et qui sacrifièrent leur vie plutôt que d’adhérer au schisme d’Angleterre, une place d’honneur revient au cardinal Jean Fisher et au chancelier Thomas More. Jean Fisher, né à Beverley, vers 1469, chancelier de l’académie de Cambridge, puis évêque de Rochester pendant trente-trois ans, réfuta dans de nombreux livres les erreurs protestantes. Thomas More, né à Londres en 1478, laïc, marié et père de famille, savant juriste et très lettré, fut choisi comme grand chancelier par Henri VIII. Tous deux furent emprisonnés à la Tour de Londres sur l’ordre du roi parce qu’ils s’opposaient à son union illégitime avec Anne Boleyn et qu’ils lui refusaient le titre usurpé de chef suprême de l’Église d’Angleterre. Rome, pour sauver la vie de Jean Fisher, déjà prisonnier, le nomma cardinal, mais Henri VIII hâta son exécution. Le 22 juin 1535, ayant déposé son cilice maintenant inutile, il monta à l’échafaud en chantant le Te Deum. Thomas More, de son côté, après avoir affirmé qu’il ne connaîtrait jamais que le véritable successeur de Pierre monta sur l’échafaud le 6 août 1535, continuant une nouvelle lignée de martyrs. Pie XI canonisa solennellement ces deux saints le 19 mars 1935.
En Colombie : Notre Dame de Chiquinquira
En 1560, Antonio de Santane, originaire d’Espagne, obtient en Colombie une encomienda pour construire une maison dotée de différentes dépendances adaptées à l’administration des colons, des indigènes et des esclaves ; il construit aussi une chapelle pour les services religieux. Plus tard, le frère Andrés Jadraque arrive d’Espagne et pense nécessaire de placer dans la chapelle une toile ou une peinture de Notre Dame du Rosaire, vocable propagé par les dominicains, ordre auquel appartient le religieux. Un peintre espagnol, Alonso de Narváez, habitant dans la ville de Tunja (Boyacá) est chargé de peindre la Vierge du Rosaire avec saint Antoine de Padoue et saint André, le premier étant le patron de l’encomendero qui a commandé l’image, et le second, du frère qui avait demandé de le faire. L’image est peinte sur coton. L’année 1562, la peinture est placée dans la chapelle et y reste plus d’une décennie. La chapelle, qui possède un toit de chaume, se détériore en raison de l’humidité, au point que l’image est pratiquement effacée. La toile est en si mauvais état qu’elle est portée à Chiquinquirá (Colombie) où elle est laissée dans une pièce très rarement utilisée comme chapelle. Une chronique élaborée l’année après les événements indique qu’en 1586, Maria Ramos, une femme du lieu, décide de réparer l’ancien oratoire sans réussir à faire réapparaître l’image du tableau. Tous les jours, elle prie et demande à la Vierge du Rosaire de se manifester. Le 26 décembre 1586, lorsque Maria Ramos sort de la chapelle, une femme indigène nommée Isabelle passe devant le bâtiment avec son petit garçon ; ce dernier remarque une grande lueur à l’intérieur de la chapelle : la peinture brillait et l’image avait été restaurée avec ses couleurs et son éclat d’origine, les trous et les rayures du tissu ayant disparu. Dès lors, on commence à invoquer l’image sous le nom de Notre-Dame du Rosaire de Chiquinquirá. En 1587, Luis Zapata de Cárdenas, archevêque de Bogotá ordonne l’édification d’une église qui commence en 1588 ; le 17 août de la même année, l’archevêque bénit la 1re pierre en présence du gouverneur Antonio González. L’image est placée sur l’autel en 1608 et le sanctuaire est confié à l’ordre des dominicains qui construisent un couvent gardant l’image jusqu’à aujourd’hui. Après un fort tremblement de terre, en 1785, les frères décident de construire une nouvelle basilique dans une autre partie de la ville et de transférer l’image de la Vierge. Cela provoque des protestations de la part des résidents de Chiquinquirá ; malgré tout, la nouvelle église est construite et l’image déplacée vers 1823. La dévotion populaire pour cette image se rencontre dans de nombreux événements, allant de la romería aux grands pèlerinages, à la musique populaire, aux événements historiques, à commencer par Simon Bolivar lui-même, qui non seulement reçoit les trésors et les bijoux de la peinture pour la campagne libératrice de la Nouvelle-Grenade mais se rend à plusieurs reprises à Chiquinquirá pour prier pour le succès de son entreprise3. Enfin, le gouvernement de la République de Colombie décide en 1919 de consacrer le pays à la Vierge de Chiquinquirá en tant que reine et patronne du pays. Le 9 juillet 1919, le président Marco Fidel Suárez couronne la Vierge de Chiquinquirá comme reine de la Colombie.
Martyrologe
A Rome, au lieu-dit la « Goutte-qui-coule-toujours », l’anniversaire de saint Zénon et de dix mille deux cent trois autres martyrs.
A Gortyne, en Crète, saint Cyrille évêque; Durant la persécution de Dèce, sous le préfet Lucius, il fut jeté dans les flammes, mais ses liens étant brûlés, il en sortit sain et sauf: stupéfait de ce miracle le juge le laissa aller; mais voyant qu’il prêchait le Christ avec une nouvelle ardeur, il le fit saisir de nouveau et décapiter.
A la Brielle, en Hollande, la passion des dix-neuf martyrs dits de Gorcum. Parmi eux se trouvaient neuf prêtres et deux frères lais appartenant à l’Ordre des Frères Mineurs, quatre prêtres séculiers, deux Prémontrés, un Chanoine régulier de saint Augustin, un Dominicain. Tous, pour avoir défendu l’autorité de l’église romaine et la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, furent outragés et tourmentés en diverses manières par les hérétiques calvinistes, enfin attachés à la potence et étranglés, supplice qui acheva leur combat. Ils ont été inscrits au nombre des saints martyrs, par le souverain pontife Pie IX.
A Thora, sur le lac Velino, la passion de sainte Anatolie et de saint Audax, sous l’empereur Dèce. Anatolie, vierge consacrée au Christ, ayant guéri de leurs maladies et attiré à la foi du Christ beaucoup de personnes dans toute la province du Picenum, fut, par arrêt du juge Faustinien, soumise à diverses sortes de tourments; délivrée d’un serpent lancé contre elle, elle convertit Audax à la foi; enfin elle fut percée d’un coup d’épée tandis qu’elle priait les bras étendus. Quant à Audax, il fut jeté en prison, et reçut aussitôt la couronne, en vertu d’une condamnation capitale.
A Alexandrie, les saints martyrs Patermuthe, Coprès et Alexandre, mis à mort sous Julien l’Apostat.
A Martole, en Ombrie, saint Brice évêque. Il souffrit beaucoup pour confesser le Seigneur, sous le juge Marcien, et, après avoir opéré de nombreuses conversions au Christ, il reposa en paix en vrai confesseur.
A Cittá-di-Castello, en Ombrie, sainte Véronique Juliani, vierge, née à Mercatello, dans le diocèse d’Urbania, moniale du Second Ordre de saint François, abbesse du monastère de Cittá-di-Castello. Célèbre par son ardeur pour les souffrances, par ses autres vertus, et par les faveurs célestes qu’elle reçut, elle a été inscrite au nombre des saintes Vierges par le pape Grégoire XVI.
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !
Commentaires