Faisant écho à l’article paru le 31 mai dernier dans le New York Times et signé du journaliste Christopher Caldwell, Larry Elliot, plume célèbre du Guardian dont il est le rédacteur économique, s’inscrit lui-aussi en faux face à l’optimisme affichée par un Occident atlantiste qui croit encore que la Russie va perdre la guerre contre l’Ukraine. « La Russie est en train de gagner la guerre économique – et Poutine n’est pas près de retirer ses troupes » écrit-il le 2 juin dernier avant d’affirmer :

« Les effets pervers des sanctions se traduisent par une augmentation des coûts du carburant et des denrées alimentaires pour le reste du monde – et les craintes d’une catastrophe humanitaire grandissent. Tôt ou tard, un accord doit être conclu. »

Réaliste il souligne :

« Cela fait maintenant trois mois que l’Occident a lancé sa guerre économique contre la Russie, et cela ne se déroule pas comme prévu. (…) Des sanctions ont été imposées à Vladimir Poutine (…). La première série de mesures économiques a été introduite immédiatement après l’invasion, alors qu’il était supposé que l’Ukraine capitulerait en quelques jours. Cela ne s’est pas produit, si bien que les sanctions – bien qu’encore incomplètes – se sont progressivement intensifiées » mais constate-t-il « il n’y a cependant aucun signe immédiat de retrait de la Russie de l’Ukraine et ce n’est guère surprenant, car les sanctions ont eu l’effet pervers de faire grimper le coût des exportations russes de pétrole et de gaz, d’augmenter massivement sa balance commerciale et de financer son effort de guerre. » Pire, les dernières sanctions de l’UE ont le même effet en offrant « au Kremlin une autre manne financière. La Russie n’éprouve aucune difficulté à trouver des marchés alternatifs pour son énergie, avec des exportations de pétrole et de gaz vers la Chine en avril en hausse de plus de 50 % sur un an. »

Habitué des sphères du pouvoir, il se permet de dévoiler que « lorsque les acteurs mondiaux se sont réunis à Davos la semaine dernière, le message public était la condamnation de l’agression russe et un engagement renouvelé à soutenir fermement l’Ukraine. Mais en privé, on s’inquiétait des coûts économiques d’une guerre prolongée. » D’autres d’une famine mondiale.

« S’il fallait une preuve que les sanctions ne fonctionnent pas, continue le journaliste britannique, alors la décision du président Joe Biden de fournir à l’Ukraine des systèmes de roquettes avancés le fournira. L’espoir est que la technologie militaire moderne des États-Unis réalisera ce que les interdictions énergétiques et la saisie des actifs russes n’ont pas réussi à faire jusqu’à présent : forcer Poutine à retirer ses troupes » mais là-aussi « la défaite complète de Poutine sur le champ de bataille est une façon dont la guerre pourrait se terminer, bien que dans l’état actuel des choses, cela ne semble pas si probable. »

Et de conclure : le potentiel de graves dommages collatéraux de la guerre économique est évident, baisse du niveau de vie dans les pays développés, fa famine, émeutes de la faim et crise de la dette dans le monde. Aussi que Kiev le veuille ou pas, que les Etats-Unis le veuillent ou pas, « tôt ou tard, un accord sera conclu ».

Francesca de Villasmundo

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