À trois jours du deuxième tour…
Dans le cadre du débat actuel sur la participation – ou pas – au vote, nous vous proposons divers points de vue. Ci-après, celui de François MOLLINE qui nous avait habitué à une position inverse de celle qu’il défend aujourd’hui avec des arguments qui valent la peine d’être lus attentivement.
La rédaction de MPI le remercie de l’avoir autorisé à publier son avis.
J’ai écouté attentivement l’échange entre madame Brassié et monsieur Rouot (1) concernant la notion d’abstentionnisme, et je ne suis pas vraiment d’accord avec eux. Tout cela est bien gentil, mais malheureusement fort stérile.
D’abord, ces mots en« isme »sont le plus souvent des systèmes faux qui prétendent faire d’une opinion une vérité absolue. En l’occurrence : dans le doute abstiens-toi ? certes : concedo. Abstiens-toi par principe ? certainement pas : nego ! Cela a d’ailleurs été effectivement bien précisé, le fait de voter est une chose bonne, et par conséquent le terme d’abstentionnisme est inadéquat.
Ensuite, s’il est vrai que choisir un moindre mal est toujours un mal, il est également vrai que ce n’est pas du tout la question. Le suffrage universel est effectivement le degré zéro de la politique et l’élection présidentielle est un système biaisé qui fait démissionner beaucoup de gens de la politique réelle, à commencer par l’ordre à mettre dans leur propre vie familiale et la participation à la vie de la Cité au niveau local ou plus haut. Ça, c’est certain.
Certes, les douze candidats font tous partie du système sans quoi ils ne seraient pas là, il n’y a pas de doute, il ne s’agit pas de se rallier à la Révolution, à ses pompes et à ses œuvres. Encore une fois, ce n’est pas la question.
D’un point de vue très général, et avec un regard catholique (c’est-à-dire universel en grec), il est vrai que toute autorité vient de Dieu (Jésus-Christ l’a affirmé à Pilate et saint Paul l’a reformulé) m ais cela n’a jamais signifié que toute autorité doit être parfaitement chrétienne pour être légitime. L’Église, par la voix des apôtres, a dès l’origine enseigné la soumission à toute autorité à cause de Dieu… et cela à une époque de décadence déjà bien avancée, où les autorités s’adonnaient à toutes sortes de superstitions, se vautraient dans le sang et le stupre. .. et persécutaient violemment les chrétiens.
La magnifique encyclique Quas Primas de Pie XI sur le Christ-Roi rappelait au monde en 1925, c’est vrai, que les autorités doivent se soumettre à Dieu.
De fait : elles ont bien tort de ne pas le faire, et par là même conduisent les peuples à la ruine dans tous les sens du terme. Ceci étant dit, les tyrans antichrétiens sont maintenus par Dieu autant pour châtier les méchants que pour éprouver les justes, et du reste, qui est prêt à se convertir et à revenir de sa voie mauvaise ? Le peuple français dont nous faisons partie n’est-il pas coupable? je n’ai vu ni entendu nulle part dire, au sujet de notre situation politique désastreuse (française autant que mondiale d’ailleurs) : « C’est justice, nous avons péché et nous recevons le salaire de nos crimes!» à l’image du bon larron.
« L’insensé a dit dans son cœur: je suis sans péché! » dit la Sainte Écriture.
Moi, je sais que je suis coupable. Je n’ai aucun « droit» à un gouvernement juste, bon et généreux, ni à un royaume de délices. Vous, si? Mais en tout cas, j’ai ce que j’ai. Une patrie – terre de mes pères – ruinée et les idées perverses de la Franc-Maçonnerie et des autres sectes pompeusement nommées « sociétés de pensée », promettant sur terre le Paradis qu’elles ont rejeté dans le Ciel (auxquelles elles ne comprennent absolument rien), mais évidemment bien incapable de réaliser quoi que ce soit de bon.
Participer à la vie de la Cité, y compris dans l’appareil d’État issu de la Révolution, ne signifie pas du tout la complicité avec la perversité ambiante, mais simplement l’œuvre à accomplir là où l’on est et toujours pour le bien commun. Attendre le Grand Monarque et le Saint Pape, espérer des miracles c’est très bien, attendre le retour des héritiers de la Couronne de France, descendants de Hugues Capet et de saint Louis, dans la lignée des lieutenants du Christ, c’est sans doute excellent, et que l’on n’y voie aucune ironie puisque c’était ma propre position jusqu’ici – et je me mettrais très volontiers à leur service – mais ce n’est pas réaliste du tout, c’est plutôt oublier toute l’histoire de la Chrétienté. Dieu n’a jamais fait comme ça, il a toujours utilisé les causes secondes et les faiblesses humaines plutôt que des « greats resets surnaturels », même avec sainte Jeanne d’Arc qui n’a rien révolutionné mais au contraire a remis le Royaume en ordre de marche vers le bien commun. Elle-même, oui, elle était un miracle, mais elle n’avait pas de baguette magique. Elle n’avait rien, non plus, de révolutionnaire ni de séditieux. Elle a fait ce qu’elle avait à faire.
Certes, il y a grande misère au Royaume de France ; une formule dom l’auteur m’échappe mais qui est restée gravée dans ma mémoire, résume ce que je comprends de la situation actuelle : « Il y eut un ancien Régime; il n’y en a jamais eu de nouveau », car les mots qu’utilisent ceux qui se sont emparés du pouvoir sot trompeurs, et d’ailleurs jamais définis convenablement : République et Démocratie.
La« République», c’est la chose publique, ce n’est en rien quelque chose qu’on oppose à la monarchie notamment, puisque ce mot, qui existait bien avant 1789, s’applique à n’importe quel régime politique structuré dans lequel on distingue clairement le domaine public de la sphère privée. Et la démocratie, c’est un mode d’exercice du pouvoir parmi d’autres, ce à quoi un régime ne peut aucunement être résumé. En réalité, dans un régime politique équilibré, on trouve toutes sortes de modes d’exercice du pouvoir, en fonction des circonstances de lieu, de temps et de toute variable d’ajustement si l’on peut dire.
Ce qui signifie que quelqu’un qui parle des «valeurs de la République» ou de « nos démocraties occidentales» en croyant sincèrement dire quelque chose, est finalement beaucoup moins utile qu’un ventilateur (qui, lui, n’a pas l’haleine fétide) et coûte probablement beaucoup plus cher.
Il faudrait prendre le temps de reprendre la définition de la cité, ce qui demanderait peut-être de longs développements fastidieux ; contentons-nous de reprendre celle-ci qui me semble la plus concise et la plus précise de celles que j’ai pu trouver: la Cité, c’est l’agir commun dans la vertu. Ça n’est pas du tout une essence, donc ce n ‘est ni une chose, ni une machine, ni un système, et c’est ce qui la rend toujours possible malgré tous les efforts de ceux qui la combattent: ils ne peuvent la détruire elle-même.
C’est pourquoi les ennemis de tout bien combattent sur deux fronts : d’un côté il faut pervertir les hommes (qu’ils n’agissent pas; que chacun ne pense et n’agisse que pour sa petite personne ; et surtout que la vertu soit au mieux haïe, au pire méprisée) et de l’autre il faut fabriquer un système, une machine révolutionnaire qui donne l’illusion d’une société libre, prospère, joyeuse – d’où ces suffrages universels (théocratie inversée, vite démentie par du 49.3 par exemple), ces manifestations revendicatives (agitation stérile), ces organisations syndicales (à mille lieues des corporations de métiers), ces partis« politiques » (qui sont plutôt des « sociétés de pensée » et des plans de carrière pour quelques-uns, aux frais de la nation et des adhérents) et autres billevesées – mais surtout, que la société soit comprise comme un truc extérieur, une chose indépendante de sa propre action.
Grave erreur. Nous ne faisons pas société: nous sommes animaux sociaux par nature et non par contrat ou par artifice. Et- pour reprendre les mots de saint Pie X -la civilisation chrétienne n’est pas à bâtir sur les nuages ni à réinventer, elle a été, elle est: il faut simplement l’instaurer et la restaurer sans cesse.
Donc, en ce qui concerne les élections, même si – encore une fois- elles sont le degré zéro de la politique, je crois qu’il faut y participer, plutôt pour s’opposer au pire que pour choisir le meilleur, c’est évident, mais l’abstention autant que le vote blanc sont des atouts pour le pire (qui est plutôt Rothschild & Co. que Macron lui-même d’ailleurs). D’un point de vue très immédiat, il faut faire ce que l’on peut pour mettre hors d’état de nuire le dictateur en place et sa clique de furieux qui mettent nos enfants et nos écoles en danger (et feront tout pour les détruire) de la même façon qu’ils ruinent le pays dans tous les domaines, et ce depuis de nombreuses années pour certains, au profit des pires ennemis de l’humanité (et de Dieu, ultimement).
La force des méchants, c’est la faiblesse des bons. Il s’agit simplement de faire au moins ce qui est réellement en notre pouvoir, aussi peu que ce soit, pour le bien commun, et avec les moyens que la Providence a mis dans nos mains: si c’est un bulletin de vote, il faut l’utiliser. Et je dirais la même chose si ç’avait été Mélenchon (F:.M:.) face au banquier, mais Dieu merci nous n’en sommes pas là.
Si Macron son vainqueur de ce théâtre, nous aurons, entre autres choses :
- à nouveau la covidolâtrie avec tout le panel des maltraitances d’État déjà réalisées ;
- la poursuite de l’appauvrissement général au profit de la finance apatride ;
- la destruction des services publics remplacés de plus en plus par des algorithmes et d es ordinateurs ;
- la destruction de l’édifice social patiemment reconstruit sur les décombres du Royaume ;
- l’entretien (à nos frais !) d es guerres que l’État profond anglo-américain mène partout dans le monde ; l’accentuation des vagues migratoires venues de partout où le soi-disant occident civilisé a mis le bazar dans les dernières décennies, notamment l’Ukraine en ce moment ;
- l’enchaînement toujours plus serré à la soi-disant« Union Européenne » qui n’est rien d’autre qu’ une escroquerie qui affaiblit (voire ruine) les pays d’Europe au profit du reste du monde ;
- la soumission totale à des technocrates de Bruxelles qui n’ont reçu mandat de personne (personne qui soit légitime !) pour nous imposer tout et n’importe quoi.
.. . etc. !Il faut dégager Macron en votant pour Marine Le Pen, parce que c’ est le seul moyen naturel qui soit à notre portée aujourd’hui.
Voilà tout.
François Molliné
(1) Dans la tête d’un abstentionniste ? – Perles de Culture n°334 – TVL
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