Une partie de la Curie défie le pape François, ces derniers estimant que le pape jésuite aidé de son ami le cardinal allemand Walter Kasper défie la doctrine de l’Eglise sur le sujet de l’impossibilité de communier pour les divorcés-remariés.

La fronde prend une nouvelle ampleur par la publication déjà annoncée de l’ouvrage « Demeurer dans la vérité du Christ » signée de cinq cardinaux et non des moindres : Walter Brandmüller, président émérite du Comité pontifical pour les sciences historiques, Raymond Burke, actuel préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, Velasio De Paolis, président émérite de la Préfecture des affaires économiques du Saint-Siège, et Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, aux positions parfois bien peu orthodoxes !

Le journal La Croix – donc à prendre avec des pincettes ! – rapporte que le pape serait irrité par ces prises de position contraires à la sienne. La chose ne serait pas étonnante tant le pape François s’est personnellement engagé sur la question du coté de son ami Kasper, il a cependant dû déjà subir un terrible revers au consistoire de février 2014, ayant vu 80% des cardinaux s’opposer à ce changement de doctrine.

Le père Carlo Buzzi, missionnaire au Bangladesh, écrivait à Sandro Magister le triste constat suivant :

Ces divorcés remariés – qui, en fin de compte, ont quelque peu négligé le sens chrétien de la souffrance, du sacrifice, de la patience, de la pénitence, et qui ont oublié que Jésus a été crucifié et que la croix, lorsqu’elle se présente, est pour tout chrétien un moyen de se rapprocher du Rédempteur – se montrent quelque peu présomptueux quand ils font appel à la miséricorde de Dieu, alors qu’ils n’ont guère tenu compte de lui précédemment.

Au point de vue subjectif, je pense que, pour eux, il est beaucoup plus existentiel qu’ils se limitent au désir de la communion plutôt que de recevoir la communion elle-même.

Le fait d’accepter de bon gré cette abstinence fera beaucoup de bien à leur âme et à la sainteté de cette communauté chrétienne qu’est l’Église.

Si, au contraire, l’on avance dans la voie tracée par le cardinal Walter Kasper, les dégâts vont être importants :

  1. Cela rendra l’Église superficielle et accommodante ;

  2. Il faudra nier l’infaillibilité de la chaire de Pierre, parce que ce sera comme si tous les papes précédents s’étaient trompés ;

  3. Il faudra considérer comme des imbéciles tous ceux qui ont donné leur vie, dans le martyre, pour défendre ce sacrement.

On ne peut que se réjouir de cette levée de bouclier, mais nul ne peut prédire aujourd’hui quelle sera « l’arbitrage » du pape François sur ce sujet : le fait est qu’il est invraisemblable qu’au plus haut niveau de l’Eglise, avec le soutien du pape lui-même, la doctrine morale et sacramentelle la plus élémentaire soit remise en cause.

Une telle brèche ne vient pas de nulle part, et c’est encore le cardinal Kasper qui a au moins cette cohérence de l’expliciter :

« Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation semblable à celle du dernier concile, a-t-il affirmé. Déjà à ce moment-là, il y avait, par exemple à propos de la question de l’œcuménisme ou de celle de la liberté de religion, des encycliques et des décisions du Saint-Office qui paraissaient exclure d’autres voies. Le concile, sans violer la tradition dogmatique contraignante, a ouvert des portes. On peut se demander s’il n’y a pas également, pour la question dont nous parlons, la possibilité d’un nouveau développement ».

« Le deuxième mariage, bien sûr, n’est pas un mariage au sens chrétien du terme. Et je serais opposé à ce qu’on le célébrer à l’église. Mais il y a (dans cette union) certains éléments du mariage. Je comparerais cette union à la manière dont l’Eglise catholique considère les autres Eglises. L’Eglise catholique est la véritable Eglise du Christ, mais il y a d’autres Eglises qui possèdent des éléments de la véritable Eglise, et nous reconnaissons ces éléments. De la même manière, nous pouvons dire que le vrai mariage est le mariage sacramentel ; le second n’est pas un mariage au même titre, mais il possède des éléments de celui-ci : les partenaires prennent soins l’un de l’autre, ils sont liés exclusivement l’un à un autre, il existe l’intention de demeurer dans ce lien, ils prennent soins des enfants, mènent une vie de prière, et ainsi de suite. Ce n’est pas la meilleure situation, c’est la moins mauvaise. »

Face à de telles inepties doctrinales il convient de rappeler fermement la doctrine inchangée de l’Eglise, doctrine qui n’appartient pas au pape mais que ce dernier a le devoir impérieux de transmettre dans toute sa pureté. L’abbé Franz Schmidberger a très bien résumé la doctrine de l’Eglise sur ce point :

Le mariage chrétien a pour modèle l’alliance de Dieu avec son peuple, plus encore, la lien de l’Époux mystique Jésus-Christ et de son épouse l’Église. Une fois consommé, il est absolument indissoluble, et il est élevé par le Seigneur lui-même à la dignité d’un sacrement véritable.

Son premier but consiste dans la transmission de la vie et dans l’éducation chrétienne des enfants confiés par Dieu aux époux, jusqu’à l’état de parfaits chrétiens. Son deuxième but consiste en l’aide mutuelle que se donnent les époux et en leur sanctification à tous deux. De plus, il est un remède contre la concupiscence de la chair.

Pour la défense de la dignité, de la sainteté et de l’indissolubilité du mariage compris comme l’union entre un homme et une femme, ajoutons encore ces paroles du Christ : « Que l’homme ne sépare pas, ce que Dieu a uni » (Mt 19,6) et « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère ; et quiconque épouse celle qui a été répudiée par son mari, commet un adultère » (Luc 16,18). Si donc, du vivant de son conjoint, le chrétien marié entre dans une nouvelle liaison, il commet un adultère et ce péché grave l’exclut de la réception des sacrements. « Ne vous y trompez pas : (…) les adultères ne posséderont pas le royaume de Dieu » (1 Cor 6,9). Ceci est une doctrine révélée par Dieu, tenue constamment par l’Église et que le concile de Trente dans sa 24e session, le 11 novembre 1563, a bien mise en évidence. Le canon n° 7 enseigne au sujet du sacrement de mariage : « Si quelqu’un dit que l’Église se trompe quand elle a enseigné et enseigne, conformément à l’enseignement de l’Évangile et de l’Apôtre [voir Mt 5,32 ; 19,9 ; Mc 10,11-12 ; Lc 16,18 ; 1 Co 7,11], que le lien du mariage ne peut pas être rompu par l’adultère de l’un des époux, et que ni l’un ni l’autre, même l’innocent qui n’a pas donné motif à l’adultère, ne peut, du vivant de l’autre conjoint, contracter un autre mariage ; qu’est adultère celui qui épouse une autre femme après avoir renvoyé l’adultère et celle qui épouse un autre homme après avoir renvoyé l’adultère : qu’il soit anathème. » (Denzinger, Symboles et définitions de la foi catholique, Cerf, 38ème édition, 1997, page 477.)

Xavier Celtillos

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