Le 28 août 2020 au petit matin, le docteur Jean-Pierre Dickès rendait son âme à Dieu. Les Cahiers saint Raphaël perdaient leur rédacteur en chef. Ce n’est pas moins de 82 cahiers qu’il a publiés depuis qu’il en a pris la responsabilité en 2000. Ardent défenseur de la vie, pourfendeur du transhumanisme et des dérives folles de la société moderne, militant catholique défendant la foi de son baptême, quel homme a-t-il fait autant de choses de sa vie ?
Il fallait rendre témoignage, montrer en exemple aux jeunes générations cette vie trépidante d’apostolat. Ce Cahier Saint Raphaël, qui ne sera pas le dernier car il est des oeuvres qui ne doivent pas disparaître, est un recueil de témoignages écrits par ceux qui l’ont aimé, ceux qui ont combattu à ses côtés. Puissent ses oeuvres lui mériter la récompense éternelle. Qu’il repose dans la paix.
Voici l’un des témoignages portés dans ce numéro.
François-Xavier Peron est l’un des fondateurs de medias-presse.info et membre du comité d’administration de Civitas. Il a rencontré le Docteur Jean-Pierre Dickès pour la première fois lors d’une conférence de bioéthique organisée au prieuré de Plauzat. Une amitié, malgré leur différence d’âge, va germer de cette rencontre. Sa description plaisante, nous laisse deviner la bonhomie du Docteur qui avait sans cesse le mot pour rire.
« Hé Fixatif, j’ai un scoop du tonnerre, ça va te scier le tronc ! ».
« Fixatif », jeu de mot car je me prénomme François-Xavier, et « ça va te scier le tronc » pour me dire que j’allais ne pas en revenir ! Et si son humeur n’était pas des meilleures, il pouvait terminer par un « que l’oignon te pelle » !!! C’est que le patois boulonnais a ses secrets !
Voici comment parfois je recevais un courriel accompagnant un texte du docteur Dickès pour parution sur medias-presse.info ; car Jean-Pierre fut un des pionniers de MPI (medias-presse.info), l’un de ses auteurs les plus assidus et ce jusqu’à quelques jours avant sa mort, et un soutien continuel.
Le docteur Dickès avait un esprit curieux, curieux de tout. De la médecine dont il suivait autant les progrès que les dérives, de l’actualité dont il dénichait jour après jour les fameux « scoops » dans les sites du monde entier. Car Jean-Pierre avait la maîtrise des langues, mais pas de n’importe quelle manière. D’une façon très française, fièrement française, dans le genre Bourvil et de Funès dans les bains turcs, mais avec le vocabulaire en plus ! « But alors you are french ? »
C’est donc tout naturellement qu’il accepta dès la création de MPI de collaborer à ce nouveau média. Et au cours de ces 7 années, ce ne sont pas loin de 720 articles dont il nous gratifia. Et ce en plus de ses autres activités nombreuses. Il suivit l’évolution de MPI avec passion, se réjouissant de son succès, éructant contre le système informatique qui bloquait par erreur ses propres commentaires !
Comme dans toute chose et comme en amitié, il fut fidèle. Et pourtant depuis 2013, les épreuves n’ont pas épargné MPI. Il y eut des choix éditoriaux complexes à faire, des prises de position publiques difficiles que nous nous devions d’assumer. Mais à l’image de sa fidélité doctrinale, Jean-Pierre ne céda pas malgré des pressions fortes et maintint un soutien sans faille et publique à MPI.
Mais attention, que personne n’aille pour autant penser que la mer boulonnaise est plate ! S’il arrivait par malheur qu’un texte fût oublié dans les flots, une semonce imagée ne se faisait pas attendre : « Tu dois être poreux de la coupole. Si cela ne t’intéresse pas, il faut me le dire. » Et une fois l’oubli réparé et le texte publié, les remerciements chaleureux parvenaient : « mieux vaut Plutarque que Pluto quand c’est meilleur ! » Et au texte suivant qu’il nous faisait parvenir il précisait bien : « Ne pas mettre dans le sacazoubli comme le précédent. ». On était prévenu, mais avec ma coupole poreuse, rien n’était moins certain !
Voilà les échanges de travail que nous avions avec notre cher Jean-Pierre : l’amitié et les convictions partagées, le combat commun, accompagné et égayé chaque jour de son vocabulaire fleuri et imagé !
Notre ami nous a quittés. Bien entendu son humour, sa chaleur et sa bonhommie nous manquent. Mais son souvenir nous soutient, son amitié, sa rage parfois, sa persévérance sont un exemple et un modèle, lui qui jusqu’au bout, jusqu’à ses presque 80 ans, tint ferme, debout et combattif, avec toute la générosité de son âme.
C’est cette âme, celle qui écrivit la blessure, blessure d’une vocation rendue impossible par la révolution conciliaire, qui passa sa vie à soigner les autres, accompagné et fortifié quotidiennement par son épouse discrète mais solide comme un roc. C’est ce bel exemple que me laisse celui qui me fit le don de son amitié alors que j’avais 40 ans de moins que lui, avec en plus la certitude absolue qu’il continue chaque jour à nous aider. Et fasse le ciel que dans ces temps troublés d’autres chrétiens de cette trempe se lèvent, combattent et fortifient leurs frères.
« C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. »
François-Xavier PERON
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