Située en Occitanie, l’abbaye de Bonneval fut fondée en 1147. Dès le départ, la communauté abrite une communauté de moines cisterciens, chassée ensuite à la révolution. Aujourd’hui, une vingtaine de sœurs trappistines y sont installées depuis 1875. Entre leurs 7 offices quotidiens, elles font notamment tourner une chocolaterie artisanale, et ce depuis 1878 ! Dingue, non ? Allez, dans ce court article, Divine Box vous raconte tout sur l’histoire de l’abbaye de Bonneval et sa chocolaterie !
Il était une fois l’abbaye de Bonneval
L’histoire de Bonneval débute en l’an de grâce 1143. L’évêque de Cahors, Guillaume de Calmont d’Olt, possède un château familial qui domine Espalion (une bourgade au nord de l’Aveyron). Il fait alors venir sur ses terres sept moines cisterciens de Mazan en Vivarais avec leur prieur Adhémar, le « must » du monachisme à l’époque !
Rapidement, les vocations affluent et la communauté s’enrichit. Les moines finissent par déménager dans un lieu plus paisible, au fond d’une « bona val », (« bonne vallée » en Occitan). Et hop en avant pour la construction de l’abbaye de Bonneval !
Au XIIe et XIIIe siècles, le monastère connaît son apogée, tant en nombre de moines qu’en biens et possessions.
Malheureusement, l’abbaye de Bonneval subit les conflits de son temps. Elle doit notamment affronter : la Guerre de Cent Ans et les conflits avec l’anglois au XIVe siècle, puis les guerres de Religion au XVIe siècle, ou encore les soulèvements lors du rattachement du comté de Rodez au Royaume de France au début du XVIIe… Entre les incendies, la destruction des murs et les pillages par ces bandes armées, cette période affaiblit en tout point la communauté. Les conflits font même fuir les frères et postulants, et affectent l’application des règles monastiques.
Le chaos à l’abbaye de Bonneval
La Révolution vient encore assombrir le tableau… Affaiblis et ruinés, les moines ne peuvent plus aider les pauvres. Or l’État tolérait l’abbaye en raison de cette activité. Les moines sont contraints d’arrêter leur distribution quotidienne de pain à la porte du monastère, ce qui provoque des émeutes. Tout bascule le jeudi Saint 1791, quand l’abbaye de Bonneval est forcée d’appeler la garde nationale pour calmer « une foule de mendiants » (selon les archives d’Espalion). Lors de cet évènement, les frères ainsi qu’une cinquantaine de paysans se réfugient alors dans un des donjons de l’abbaye pour résister à la foule en furie ! La garde nationale viendra elle-même remettre de l’ordre, et expulser les 13 moines restants en 1791. Seul le frère Jean-Jacques Seconds refuse de signer la Constitution Civile (ce qui lui aurait évité d’être inquiété), et se trouve ainsi déporté.
Par la suite, l’abbaye de Bonneval est découpée en lots puis vendue. Elle se transforme peu à peu en carrière de pierres. C’est la fin de plus de six siècles d’Histoire ! Triste sort…
Le retour de l’abbaye de Bonneval et l’arrivée de sa chocolaterie
La première tentative date de 1850 lorsque le curé du coin propose à des moines trappistes de s’y installer. Ces derniers refusent en raison de l’endroit jugé trop sauvage et impropre à l’agriculture. C’est finalement en 1875 que l’évêque de Rodez parvient à faire venir sur place de courageuses sœurs trappistines de Maubec, en Provence. Ni une ni deux, une rénovation titanesque démarre dès septembre 1875. Et c’est (re)parti !
Du courage, à l’ouvrage ! Et il en faut du courage, car ce qui attend les sœurs à leur arrivée n’est pas joli-joli. En effet, l’abbaye de Bonneval est en ruine, l’église est à ciel ouvert, et le cloître n’existe plus. Rien que ça ! La ferme sert d’ailleurs de monastère provisoire ! Les sœurs sont serrées, certes, mais au moins, elles n’ont pas froid. Heureusement, les moniales peuvent compter sur l’aide de Dom Emmanuel, un moine de l’abbaye d’Aiguebelle, qui vient leur filer un sacré coup de main. Les travaux commencent le 19 juillet 1877 après la bénédiction de la première pierre. Le plan primitif est conservé ainsi que les murs qui sont encore debout… Ils font deux mètres d’épaisseur !
C’est grâce à l’énergique Dom Emmanuel que les sœurs se lancent dans l’artisanat monastique. Sous son impulsion, elles installent une petite chocolaterie à Bonneval pour assurer leur autonomie financière. En effet, les sols pentus du coin empêchent une bonne culture des terres, donc pas possible de miser sur l’agriculture, spécialité de l’ordre trappiste. La chocolaterie de l’abbaye de Bonneval décolle rapidement, alimentée par un moteur hydraulique puisant sa force dans le courant de la rivière.
Par la suite, les sœurs gagnent de nombreux concours régionaux, comme en 1884 où la médaille de vermeil leur est décernée par le jury du concours régional de Rodez. En 1895, leur chocolat reçoit la médaille de Bronze, plus forte récompense donnée à des produits similaires, lors d’une exposition à Bordeaux. En 1927, les moniales de Bonneval se forment grâce à un maître chocolatier qui leur livre ses secrets pour faire fondre tout le monde !
L’abbaye de Bonneval aujourd’hui
Aujourd’hui, vingt-et-une sœurs vivent à l’abbaye de Bonneval. Elles sont trappistines (cisterciennes de la stricte observance), et suivent donc la règle de saint Benoît « ora et labora » (prie et travaille). Le premier des sept offices quotidiens est à 4h30 (eh oui, du matin !), et entre-temps, les sœurs bossent dur ! Conchage du cacao, mélange pour obtenir chaque recette, mise en moule, emballage du chocolat etc… Sans oublier bien sûr le bon fonctionnement de l’hôtellerie et de l’abbaye : ménage, vaisselle, cuisine, etc… Elles n’ont vraiment pas le temps de s’ennuyer !
Et maintenant, pour découvrir leurs chocolats ?
Pour goûter les délicieux chocolats de l’abbaye de Bonneval, le mieux serait de vous rendre directement sur place, et en profiter pour rendre une petite visite aux sœurs : Abbaye de Bonneval, Route de l’Abbaye de Bonneval, 12500 Le Cayrol !
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