Tous frères, après de nombreuses indiscrétions, supputations, hypothèses quant à son contenu, la dernière et 3e encyclique bergoglienne vient d’être dévoilée au public.
Sous-titrée Sur la fraternité et l’amitié sociale, signée la veille de la saint François, samedi 3 octobre 2020, à Assise sur la tombe du Poverello, dont le message spirituel de fraternité en Dieu est travesti en un messianisme mondialiste, elle est, non la solennelle expression de la pensée traditionnelle de l’Eglise catholique dans les domaines économique et social, mais le manifeste politique de l’unique Jorge Maria Bergoglio.
Les thèmes chers au pape latino-américain, le migrant, le pauvre, les marginaux, les individus aux périphéries, la lutte contre le racisme, le « nationalisme xénophobe », « le dogme de foi néolibéral » et le combat pour le « vivre-ensemble », la « culture de la rencontre », le multi-culturalisme et l’œcuménisme sans frein sont au cœur des 270 pages, développés via un axe résolument humanitariste, c’est-à-dire selon les valeurs idéologiques de la pure gauche culturelle, ce progressisme mythique qui se perd dans le mondialisme sans frontières, sans limites, sans nations ni peuples à sauver, sauf les primitifs d’Amazonie.
Pour un pape qui avait avoué, au moment du vote italien sur le « mariage pour tous », ne pas s’immiscer dans les politiques concrètes des pays, même quand il s’agit comme dans ce cas précis d’une question hautement morale, anthropologique et civilisationnelle, sa nouvelle encyclique est un réquisitoire avant tout politique contre « les régimes populistes », « les nationalismes », les « préférences politiques » nationalistes de certains et un plaidoyer tout autant politique pour le « migrant » et son accueil auquel aucune limite ne doit être imposée : les « limites et les frontières des États ne peuvent pas s’opposer » à l’arrivée d’un migrant car il n’est pas un « usurpateur » écrit le pape François. Ainsi, continue-t-il, « personne ne peut être exclu, peu importe où il soit né» puisque « chaque pays est également celui de l’étranger ». Il est donc « important d’appliquer aux migrants arrivés depuis quelque temps et intégrés à la société le concept de citoyenneté » et de « renoncer à l’usage discriminatoire du terme minorités ». En effet, « les migrants, si on les aide à s’intégrer, sont une bénédiction, une richesse, un don qui invitent une société à grandir ».
Bref, le migrant est tout, les peuples ne sont rien !
Suivant la même ligne pluraliste, -ce qui montre bien que le « vivre-ensemble » temporel et le « pluralisme religieux » s’abreuvent à la même source idéologique le relativisme philosophique et théologique-, après avoir loué en introduction l’influence de la rencontre de 2019 à Abu-Dhabi avec le grand imam Ahmad Al-Tayyeb et la signature conjointe du document sur la Fraternité humaine, l’auteur tente, dans le dernier des huit chapitres de l’encyclique, de clarifier le passage le plus controversé car réellement hétérodoxe, de cette déclaration d’Abu-Dhabi, celui sur le « pluralisme et diversité des religions ». Pour s’enfoncer encore plus dans l’hétérodoxie et le relativisme religieux, qui prennent leur source dans le concile Vatican II. En effet en s‘appuyant sur la déclaration Nostra Aetate du dernier concile du Vatican, Jorge Maria Bergoglio peut écrire que : « L’Église valorise l’action de Dieu dans les autres religions et ‘ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui […] reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes’ [1] » et ajouter que pour « nous, chrétiens, nous ne pouvons pas cacher » que c’est « la musique de l’Évangile » qui « vibre dans nos entrailles ». « D’autres s’abreuvent à d’autres sources. Pour nous, cette source de dignité humaine et de fraternité se trouve dans l’Évangile de Jésus-Christ. »Evangile, concile vatican II, post-concile,
Il est à noter que cette encyclique fleuve, ainsi que savent les écrire les papes conciliaires, à la différence des papes d’avant Vatican II, concis et précis, ne se réfère pour les 288 citations, à quelques exceptions près qui peuvent être comptées sur les 10 doigts, qu’à des textes de Vatican II, des papes post-Concile, des homélies, documents, textes et autres encycliques de l’actuel pape argentin. Une temporalité qui en dit long sur la rupture d’avec la Tradition de la pensée bergoglienne et sur sa filiation étroite avec l’esprit conciliaire et les papes récents de Paul VI à Benoît XVI.
Se basant sur des concepts sociologiques contemporains et interprétations diverses discutables telles que la présentation ‘correcte’ de la « pandémie du Covid-19 » et de la « société ouverte », usant de formules type slogans de manifestations telles « ériger des murs » ou « culture de la rencontre », ce texte publié par le Vatican, s’il contient quelques vérités sur les méfaits du capitalisme néo-libéral et souligne les côtés sombres des phénomènes migratoires liés à l’activité « de trafiquants sans scrupules, souvent liés aux cartels de la drogue et des armes », au « déracinement culturel et religieux » et à la perte dans les communautés d’origine des « éléments les plus vigoureux et les plus entreprenants », est essentiellement un fourre-tout d’affirmations bergogliennes, et non magistérielles, en matière sociale, sociétale et économique. Document n’ayant pas de but doctrinal, il vise à forger une « pastorale » politique universelle en matière migratoire, qui immanquablement aura des répercussions doctrinales à long terme, selon le vieux concept marxiste de la praxis qui transforme le monde.
La révolution bergoglienne, impactant le temporel et le spirituel, ne cesse sa marche en avant œcuménique, relativiste, syncrétiste…
Francesca de Villasmundo
[1] Conc. Œcum. Vat. II, Déclaration Nostra aetate sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, n. 2.
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