Ce jeudi à l’église Saint Ferdinand des Ternes à Paris, Madame Roueida Khoury, franco-syrienne et présidente de l’association « Chrétiens de Syrie pour la Paix » a présenté un témoignage personnel très émouvant sur la réalité du conflit qui ravage la Syrie depuis plus de trois ans.
« C’est tout le peuple syrien qui souffre depuis plus de 3 ans »
Après une rapide présentation de son association, Roueida Khoury resitue pour son auditoire le contexte rappelant que c’est tout le peuple syrien qui souffre depuis plus de 3 ans. « Avant, les Syriens vivaient en paix et en harmonie depuis longtemps. Les chrétiens pouvaient vivre en paix » explique-t-elle avant d’enchaîner: « les syriens sont des gens de conscience, fiers et cultivés et ce qui arrive aujourd’hui n’est pas de leur fait. Cette guerre est instrumentalisée. Aujourd’hui des combattants d’environ 83 nationalités se battent en Syrie. On pourrait presque parler de guerre mondiale. »
En écoutant ce témoignage illustré de nombreuses photos et vidéos dramatiques, on est très vite convaincu que Liberté et Démocratie n’ont rien à voir dans cette guerre, en tout cas du coté des djihadistes rebelles, coqueluches des gouvernements occidentaux.
En effet, il apparaît très vite clairement au cours de la conférence que la liberté et la paix qu’apportent, avec le soutien occidental, ces rebelles djihadistes peuvent se résumer en quelques mots: terreur, destruction d’hôpitaux, d’écoles, de monuments historiques, de lieux saints…
« Les chrétiens à Beyrouth et les alaouites au cercueil »
Les slogans et mots d’ordre des rebelles ne valent guère mieux et reflètent bien leur réalité et non le mythe que les médias essayent de broder autour d’eux. « Les chrétiens à Beyrouth et les alaouites au cercueil » ou « On pendra les alaouites avec les boyaux des chrétiens« , tels sont les slogans de ces « insurgés » reconnus officiellement par les gouvernements et médias occidentaux comme représentants officiels du peuple syrien.
« Des Syriens chrétiens sont décapités ou crucifiés par les rebelles sur un simple contrôle d’identité »
Les illustrations, très poignantes, quasi-insoutenables, des atrocités de ce conflit se succédèrent tout au long de ce témoignage :
A Alep, 5 millions d’habitants , la ville est privée d’eau par les rebelles depuis plusieurs mois et pendant les quelques jours où sous la pression d’organisations humanitaires, les rebelles rétablirent l’eau, ils y déversèrent du mazout et firent exploser deux des réseaux de distribution sur les quatre existants . Conséquence: des milliers de gens empoisonnés. En dépit de la présence de snipers et malgré le danger de mort, des techniciens et ingénieurs tentent de réparer les canalisations et des spécialistes analysent l’eau quotidiennement afin d’assurer à la population et aux hôpitaux de l’eau potable.
A Damas, 60 à 80 bombes rebelles s’abattent quotidiennement sur les quartiers résidentiels tuants et blessants chaque jour des centaines d’hommes, femmes et enfants.
A Homs, la plus vieille église du monde a été saccagée par les rebelles et ses archives brûlées. En revanche, un autre fait, heureux celui-ci, mérite d’être signalé: quand l’armée syrienne a libéré cette ville, une messe a immédiatement été célébrée dans les ruines de cette église.
“Aslim taslam : deviens musulman, tu as la vie sauve”
A Maaloula, ville symbole pour les chrétiens d’orient, où cohabitent chrétiens et musulmans et où on parle encore l’araméen, la langue du Christ, la rébellion est entrée en criant “ nous sommes venus libérer Maaloula des croisés”. Les rebelles exigeaient que les habitants se convertissent à l’islam au cri de “Aslim taslam”, c’est à dire « Deviens musulman tu as la vie sauve”, et pour montrer leur détermination ils décapitèrent plusieurs personnes dont une femme…
A sa libération fin février par l’armée syrienne, on a retrouvé les monastères dévastés, icônes et reliques détruites, les croix arrachés…
Dans les zones sous leur contrôle, les rebelles interdisent aux chrétiens d’exercer leur religion, ils les forcent même à payer un impôt pour avoir le droit de vivre en paix.
Dans certaines villes de jeunes chrétiens sont crucifiés pour leur Foi. Dans d’autres villes rebelles on a même retrouvés des femmes et des enfants assassinés dans des puits. Parfois des chrétiens sont décapités ou crucifiés par les rebelles sur simple contrôle d’identité…
Roueida Khoury dont la famille est encore en Syrie revit intensément le témoignage dramatique qu’elle livre. Ainsi, un des employés d’un de ses proches a été égorgé par les djihadistes pour avoir bu du whisky et pour survivre ses proches ont dû abandonner tous leurs biens aux rebelles.
Mais qui parle de tous ces drames bien réels dans les médias occidentaux?
« Les journalistes parlent à la place du peuple syrien. »
« Le rôle des pays occidentaux devrait être celui de « médiateur » et non celui de « partisan » dans ce conflit » explique Roueida Khoury.
« Les journalistes parlent à la place du peuple syrien« , déclare-t-elle en regrettant que son association et la communauté syrienne en France ne soient pas plus largement consultées par les médias sur toutes ces questions qui touchent de près son pays.
Lors des élections, les premières de l’histoire syrienne, la mobilisation a été historique, cela a surpris tout le monde. Mais personne dans les médias occidentaux n’a répercuté la voix pourtant claire et nette du peuple syrien.
« Un appel solennel aux consciences pour la Paix »
L’objectif de sa conférence étant de lancer « un appel solennel aux consciences pour la Paix« , pour conclure son témoignage, Roueida Khoury a donc repris l’appel solennel du patriarche grec-melkite Grégoire III: « Nous ne voulons pas des armes, donnez-nous la Paix! »
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